Quelles sont les attitudes à adopter pour que l'expatriation à México demeure dans le parcours de vie des enfants et des ados une expérience enrichissante et épanouissante plutôt que traumatisante* ? Le psychologue Xavier Haudiquet évoque l'expatriation des enfants comme un processus dont aucune des étapes de doit être laissée au hasard. Quelques points à ne pas négliger
La phase projet
Le succès d'une expatriation réussie réside notamment dans sa conception-préparation, longtemps à l'avance. L'expatriation ne doit pas être présentée aux enfants comme une fatalité mais comme une option qui fait l'objet d'une discussion claire et ouverte en famille. On peut organiser des réunions familiales le dimanche soir. Les enfants doivent être impliqués dès la germination du projet, puis dans la prise de décision et dans les préparatifs enfin, y compris la petite de cinq ans. Il faudra peut-être discuter pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines pour que la décision fasse enfin consensus. Il est nécessaire de savoir écouter et de savoir lever les peurs des enfants, de respecter leur position et leurs émotions. Personne ne devrait être lésé et il suffit parfois de laisser le temps au temps.
Il est important de transmettre aux enfants un intérêt pour l'expatriation et dans le cas présent pour le Mexique afin qu'ils puissent en tirer avantage. Cela peut passer par l'apprentissage de l'espagnol longtemps avant le départ via des cours particuliers, une langue avec laquelle ils n'ont souvent aucune difficulté à se familiariser. Il faudra aussi tâcher d'introduire la petite famille au Mexique, un pays qui est loin de compter en France parmi les mieux connus.
Etablir des valeurs
Dans la plupart des cas, l'expatriation passe comme une lettre à la poste, les enfants se refont rapidement un cercle d'amis. Ils reconstruisent promptement des repères et une routine. Mais pour d'autres, le déracinement est péniblement vécu. La première année d'expatriation en particulier peut souvent s'avérer difficile. Les enfants peuvent rencontrer des difficultés pour se faire de nouveaux amis et pour s'intégrer dans la nouvelle école. Au contact de cette deuxième culture mexicaine tellement différente, ils peuvent aussi rencontrer des conflits identitaires.
Parfois le simple fait d'emmener ses meubles ou de leur offrir un animal (un chien, une jolie chatte) suffit à les remettre d'aplomb. Il n'est pas rare alors de voir les situations se renverser complètement.
Finalement, la famille, qu'elle soit nucléaire, monoparentale ou recomposée, tente d'être unie autour de valeurs (celle de la famille et de la langue maternelle par exemple) et d'être à l'écoute.
Penser au retour dès le départ
Après deux, trois ou quatre ans passés au Mexique (ce qui peut représenter jusqu'à la moitié de leur vie), les enfants peuvent vivre comme une seconde rupture le retour en France. Il est donc très important d'envisager dès le début l'expatriation comme un processus, avec un début et une fin.
* rétrospectivement, des enfants expatriés devenus grands se plaignent d'avoir du reconstruire un cercle social. Ils peuvent même en tenir rigueur à leurs parents.
Pour cet article, nous remercions l'ensemble des enfants, des ados, des parents et de Xavier Haudiquet, psychologue qui ont accepté de répondre à nos questions.
Marion DU BRON