Juan José de los Reyes Martínez Amaro (1782-1863), plus connu sous le nom de el Pípila est un personnage important de la lutte pour l'indépendance du Mexique. Son histoire, connue de tous les mexicains, repose sur la prise de la forteresse de Guanajuato. Toutefois, cet acte héroïque a-t-il vraiment existé ?
Originaire de l'Etat de Guanajuato, el Pípila fut décrit par ses contemporains comme un homme métisse d'origine Otomi ou Chichimeca, fort, courageux, sachant lire et écrire et ayant la silicose (maladie pulmonaire due à l'inhalation de particules de poussières dans les mines). Il travailla durant sa jeunesse dans les mines de Mellado. Plusieurs versions existent sur l'origine de ce nom, les mineurs l'auraient surnommés el Pípila, nom donné à la dinde (guajalote) pour les taches de rousseurs de son visage lui donnant l'aspect du plumage de cet animal.
Sa participation à la prise de la forteresse de Guanajuato
Il participa à la lutte pour l'indépendance lors de l'insurrection contre le roi d'Espagne Carlos III à Guanajuato. La ville était tenue par l'intendant Juan Antonio Riaño et toute opposition ou rébellion contre le pouvoir étaient très fortement punies. La forteresse de Guanajuato abritait, à la fois, un dépôt de grain, ressource utile en période de pénurie et les autorités de la ville.
Une fois enrôlé dans la cause insurrectionnelle, il connut le prêtre Miguel Hidalgo y Costilla, autre héros du mouvement indépendantiste, qui lui signifia que la prise de la forteresse était primordiale pour la conquête de la ville. Ce bâtiment, fortement gardé avait déjà été la cible de nombreux assauts mais aucune de ces tentatives ne furent couronnées de succès, Miguel Hidalgo arriva à la conclusion que la seule solution pour prendre le bâtiment était de détruire de la porte d'entrée.
Le 28 septembre 1810, el Pípila entra dans la légende en se chargeant de cette tâche. En effet, afin d'éviter les balles des gardes postés devant et dans l'édifice, il portât sur son dos une énorme plaque de pierre et courra armer d'une torche enflammée en direction de la porte d'entrée de la forteresse. La légende raconte qu'il réussit à mettre le feu et à abattre la porte en 7 minutes. Grâce à cet acte courageux, les gardes furent pris à défaut et envahirent la forteresse et marquèrent des points précieux dans la lutte contre la royauté espagnole.
Apres la prise de la forteresse, el Pípila continua la lutte pour l'indépendance du Mexique. Il mourra en 1863 des effets de l'inhalation de poudre et de gaz miniers. Une statue, le représentant en position de marche portant une torche à la main droite, a été édifiée en 1939. A la base du monument se trouve l'inscription suivante "il y a d'autre forteresse à incendier" (aún hay otras alhóndigas por incendiar).
El Pípila a-t-il vraiment existé?
Bien qu'Ursula Camba (spécialiste historique de la série Gritos de muerte y libertad, ?uvre racontant l'histoire du Mexique) émet des doutes sur l'existence d'el Pípila en affirmant que ce personnage est un mythe, la figure de ce personnage n'en est pas moins constitutif de l'histoire du pays. En effet, dans l'imaginaire collectif d'une nation naissance, il représente le courage et la lutte contre la puissance coloniale.
Des documents historiques expliquent qu'il n'existe pas de preuve formelle de l'existence de Juan Martinez. A cette époque, les mineurs étaient nombreux dans la région et beaucoup d'entre eux ont été envoyés pour se battre en première ligne. Peu en sont revenus et el Pípila représenterait non pas une personne mais l'ensemble des combattants anonymes qui se sont battus pour l'indépendance.
Cédric Chauvin (www.lepetitjournal.com/mexico) lundi 21 janvier 2013