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MERCEDES 240 D - Immortelle


C'est du costaud ! Elle est robuste, increvable et elle se voit partout dans le pays, sillonnant les routes les plus reculées du Royaume

 

Photos Courtoisie

C'est un taxi, moutarde à Marrakech, blanc à Casablanca, chaque ville sa couleur, chaque taxi sa Mercedes, des Mercedes 240 D dont le dernier modèle est sorti des chaines en 1984. 27 ans qu'elle roule, qu'elle transporte au gré des routes et des pistes jusqu'à six personnes plus le conducteur. Elle s'arrête n'importe où, pour descendre ou faire monter des passagers, incontournable dans le paysage marocain, souvent qualifiée de "vache folle" ou de "requin blanc" à cause du non respect du code de la route.


8.000 Mercedes à Casablanca, 3.000 à Marrakech
La plupart de ces Mercedes assurent le transport de milliers de personnes habitant les quartiers périphériques des grandes villes ou des campagnes. Sur la seule ville de Marrakech quelque 35.000 personnes sont acheminées de cette façon quotidiennement et font vivre 12.000 familles. Car cette fameuse Mercedes 240D procure un revenu à deux ou trois chauffeurs, à un intermédiaire et au propriétaire de l'agrément. C'est quand même pas mal pour une vieille machine qui n'a plus ou presque plus de pièces d'origine.

Car c'est là qu'intervient le garagiste, qui diagnostique, évalue et répare l'antiquité. Le moteur étant en fonte et pas en aluminium, il est plus résistant et ne subit pas ou peu de déformations. La courroie de distribution, quant à elle, est une chaine beaucoup plus solide que celle en caoutchouc de nos véhicules actuels. Les pièces détachées se font et se refont au gré des pannes et même si certaines pièces sont introuvables aujourd'hui, certains marchés émergents comme la Chine copient et revendent les pistons, bielles, carters et autres.

Quand vous posez la question du nombre de kilomètres qu'a une 240 D, la réponse est à peine croyable : 1 million, voire 2 ou 3 millions de kilomètres. Même vieille et défraichie, elle vous emmène partout et aucun taxi n'acceptera de changer son "tank" contre une voiture plus récente d'une autre marque. Les mécanos marocains sont devenus des génies de la mécanique des 240 D. Les carrosseries et les moteurs des 200, 220, 240 et 250 sont les mêmes donc interchangeables et facilement réparables. Et puis si les pièces ne sont plus là, on les remplace par des pièces de BMW ! La Chine avec ses pare-brises à 400 DH, une aile à 250 DH ou des filtres à 30 DH se fait la part belle du marché des pièces détachées. La 240 D c'est du solide et elle le prouve depuis des décennies sur toutes les routes du Maroc, et nous ne sommes pas prêts de la voir disparaitre.

Pierre Verger (www.lepetitjournal.com/marrakech.html) mercredi 20 avril 2011

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