Depuis maintenant une dizaine de jours, les rues de Melbourne sont envahies par les manifestations anti-confinement.
Chaque jour, des centaines – parfois milliers – de personnes se regroupent dans les rues de la ville, ou de ses quartiers alentours, pour affirmer leur mécontentement quant aux restrictions sanitaires de l’Etat du Victoria. Melbourne a rarement connu des affrontements aussi violents entre ses forces de police et les manifestants. Nous vous expliquons la situation.
De nouvelles restrictions qui engendrent la colère des ouvriers
Jeudi 16 septembre, les responsables de la santé de l'État du Victoria ont annoncé de nouvelles restrictions pour les employés du secteur de la construction, dont la fermeture des salles de pause (ou tearooms) dans le but de limiter la propagation du COVID-19 sur les chantiers.
Avant le jeudi 23 septembre, tous les travailleurs en construction devront aussi fournir à leur employeur l'un des documents suivants :
- la preuve d’administration de leur première dose de vaccin COVID-19 ;
- une preuve de rendez-vous pour recevoir une première dose de vaccin avant le 2 octobre ; ou
- une exemption médicale d'un médecin agréé.
Lundi 20, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant le Syndicat de la construction, de la sylviculture, de la marine, des mines et de l'énergie (CFMEU) pour exprimer leur mécontentement face à ces mesures. Ils reprochent au Syndicat de n'avoir rien fait pour opposer ces futurs mandats de vaccination.
La police anti-émeute a été appelée pour disperser les groupes, qui ont jeté des bouteilles sur le secrétaire de la construction de la CFMEU de Victoria, John Setka, et ont défoncé la porte d’entrée du Syndicat.
Attention, video violente et langage cru.
‼️⬇️??Protests in #Australia ‼️
— LandoFree⏳✊ ?FreeJulian?? ??????☮️ (@LandoFree) September 21, 2021
Angry construction workers attack the headquarters of their union (CFMEU) in #Melbourne , Australia, during a demonstration against mandatory vaccinations that come into effect this week if they want to continue working. pic.twitter.com/0ZTabL2kQp
Monsieur Setka a déclaré que, d’après lui, seulement une minorité de manifestants étaient membres de la CFMEU et a accusé des "extrémistes de droite" d'avoir détourné l'événement et engendré la violence.
Le soir-même, à 22h, le gouvernement du Victoria a annoncé que le secteur de la construction fermerait pendant deux semaines dans la région métropolitaine de Melbourne, la ville de Ballarat, la ville de Geelong, le comté de Surf Coast et le comté de Mitchell. Le ministre de la santé, Martin Foley, a déclaré qu'il y avait 337 cas directement liés à 154 chantiers de construction, et que l’administration avait prévenu pendant des semaines que le secteur pourrait être fermé.
Des manifestations violentes
En réponse à l’annonce du gouvernement, des milliers de manifestants ont pris les rues du CDB d’assaut le mardi 21. Le comportement des marcheurs (utilisation de fumigènes, jets de bouteilles d’urine et autres projectiles, vitres cassées, insultes) a été vivement condamné par les autorités.
Les policiers anti-émeute ont fini par tirer des gaz lacrymogènes, des flashballs et des balles en caoutchouc pour disperser la foule. Plus de 60 personnes ont été arrêtées ce jour-là pour non-respect des restrictions.
Gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc sont utilisés chaque jour pour tenter de disperser les foules. De nombreux Melbourniens se disent choqués par de telles mesures.
Il est important de noter que bien que les émeutes aient commencé à cause des nouvelles restrictions sur les sites de construction, les manifestants ne sont pas uniquement constitués d’ouvriers de chantier, mais aussi de personnes anti-confinement, antivaccins ou encore avec des vues d’extrême droite.
Des arrestations quotidiennes
Mercredi 22, les manifestants ont occupé le Shrine of Remembrance pendant quelques heures. Un comportement vivement critiqué par les Melbourniens et ses vétérans qui ont dénoncé un « immense manque de respect ». Plus de 200 ont été emmenées au poste de police en fin d’après-midi. Plusieurs vétérans se sont rendus plus tard sur les lieux pour aider les autorités à nettoyer les débris et traces d’urine.
A man wearing rows of war medals has spent the morning cleaning up mess left behind by rioters at the Shrine of Remembrance.
— 10 News First Melbourne (@10NewsFirstMelb) September 23, 2021
Some of them had urinated on the walls of the hallowed war memorial, while broken glass and other bits of rubbish were also left behind. #MelbourneProtest pic.twitter.com/zK68zF6mMG
Vendredi, cinquième jour de démonstration, plus de 200 personnes ont été arrêtées. Certains recevront un procès-verbal pour avoir enfreint les directives sanitaires, tandis que d’autres seront accusés d'infractions pénales, notamment de fraude, de vol et d'infractions liées aux drogues.
La police a distribué 16 amendes mardi 28 après avoir intercepté huit camions, chacun contenant un passager, bloquant la circulation sur la Tullamarine Freeway. Les camionneurs roulaient délibérément à faible vitesse, afin de montrer leur mécontentement face aux mesures anti-COVID du gouvernement.
Aux dernières nouvelles
La CFMEU accuse les manifestations d'être à l'origine d'une nouvelle augmentation des cas de COVID-19 à Melbourne. Aujourd'hui, mercredi 29 septembre, le siège de la CFMEU - au centre de multiples manifestations à Melbourne la semaine dernière - a été déclaré site d'exposition COVID-19; John Setka et autres employés présents lors des manifestations vont devoir s'isoler pendant les deux prochaines semaines.
Un officier de police vient aussi d'être suspendu pour avoir violemment plaqué un individu au sol à la gare de Flinders Street mercredi dernier. La vidéo de l'altercation a été largement partagée sur les réseaux sociaux.
Bien que le nombre de manifestants semble diminuer chaque jour, il est impossible de prédire quand les rues de Melbourne retrouveront leur calme habituel.