

Le buzz commence un matin de février. Quelques minutes avant l'interview de Dominique Strauss Kahn, sur France Inter, Stéphane Guillon, dans un billet d'humeur au vitriol, appelle le personnel féminin de la radio à évacuer dans le calme, pour échapper aux assauts du patron du FMI.
Celui-ci, blessé, réagit à l'antenne : "J'ai assez peu apprécié les commentaires de votre humoriste. Les hommes politiques ou les responsables d'action publique comme moi ont le droit, et même le devoir sans doute, d'être critiqués par les humoristes. Mais l'humour, ce n'est pas drôle quand c'est principalement de la méchanceté."
Stéphane guillon à l'antenne de France Inter (AFP)
Impertinence ou méchanceté ?
Méchant, le mot est lâché, et revient sans cesse quand on parle de Guillon. Né en 1963, Stéphane Guillon a une formation de comédien. Il décroche de petits rôles au cinéma, tourne dans une dizaine de téléfilms, monte seul en scène au Point Virgule. Il devient connu du grand public grâce à ses chroniques à la radio, dans le Fou du Roi, et sur Canal +, dans 20h10 pétantes. Déjà certains invités croqués se rebiffent. Vincent Delerm ou Agnès Soral n'apprécient guère ses piques, pas toujours de bon goût. "Guillon quittait le plateau après ses portraits, alors que les invités demandaient à répondre. Il fuit la vraie confrontation, car il n'a aucun sens de la repartie ", raconte Stéphane Bern. L'humoriste se justifie : "Je ne veux pas les croiser et créer un quelconque lien avec eux. Sinon, c'est le début la fin".
Attaques médiatiques en règle
Le "Dark Vanneur", qui se dit "laborieux", ne fait donc pas rire tout le monde. Il a même pas mal d'ennemis. Les attaques en règle se succèdent. Jean-Michel Apathie écrit dans son blog : "Ses textes ne sont pas spirituels. Il ne joue pas avec les mots, ne les mélange pas, ne les triture pas. Il n'est pas non plus dans le non sens, ou l'ironie. Non, il est tout simplement méchant. Chez lui, les mots sont des balles, il est direct et carré, il veut faire mal, il fait mal, c'est son boulot, c'est son emploi, il le remplit". Dans Voici, Frédéric Beigbeder décrit l'humoriste comme "totalitaire". "Avec lui, non seulement on doit accepter de se faire massacrer mais en plus on doit bien le prendre, sinon on manque de fair-play. Guillon était drôle, jusqu'au jour où il est devenu susceptible, comme tous les dictateurs."
Stéphane Guillon relativise. "Ce qu'on passe à Gerra ou à Canteloup, on ne me le pardonne pas", dit-il. Il préfère faire le rapprochement avec Coluche, qui avait été durement critiqué lors des présidentielles de 1981. Ou avec Desproges, son maître : "Desproges, tout le monde l'encense aujourd'hui, mais il faut voir les horreurs qu'on a écrites sur lui à l'époque de La Minute de M. Cyclopède!". Qui sait si dans 20 ans Stéphane Guillon fera l'unanimité ?
Marie-Pierre Parlange (www.lepetitjournal.com) lundi 6 avril 2009
En savoir plus :
Site officiel de Stéphane Guillon
Le Point.fr : Interview Stéphane Guillon
Chronique de Raphaël Enthoven dans l'Express : Stéphane Guillon, le clown censeur
Jean-Luc Hees prend la présidence de Radio France :
Nicolas Sarkozy a nommé Jean-Luc Hees, 57 ans, à la tête de Radio France, en remplacement de Jean-Paul Cluzel. Jean-Paul Cluzel était candidat à sa propre succession. Il avait à son actif des taux d'audience en hausse sur France Inter, notamment sur la très stratégique tranche matinale. Mais Cluzel est tombé en disgrâce. Il est apparu dans un calendrier d'ActUp, "une erreur d'appréciation"selon lui, et les propos de Stéphane Guilon sur DSK ont déplu à l'Elysée. "L'information est l'affaire des journalistes, l'impertinence, celle des humoristes. Elle est aussi une vieille tradition à Radio France", avait défendu Cluzel.
Jean-Luc Hees a été pendant 30 ans l'une des voix de France Inter. Journaliste brillant, "ni de droite, ni de gauche", sa nomination doit être approuvée par le CSA et les commissions compétentes de l'Assemblée et du Sénat, avant de devenir effective, le 12 mai prochain. De nombreux chantiers l'attendent : Radio France a besoin d'une stratégie dans le numérique, et Hees doit se pencher sur le dossier de la radio Mouv' et sur la gestion des 4 formations musicales de la maison. L'avenir dira si ce changement à la tête de Radio France aura aussi des conséquences sur la liberté de ton de Stéphane Guillon. MPM. (www.lepetitjournal.com) lundi 6 avril 2009


































