Depuis plusieurs jours, des nuées de papillons de nuit géants intriguent et inquiètent les habitants de nombreuses villes espagnoles. Leur taille impressionne, leur nombre déroute. Mais derrière le vacarme des réseaux sociaux, les experts appellent au calme : cette arrivée massive a tout d’un rendez-vous saisonnier.


Ils tournoient sous les lampadaires comme des feuilles soulevées par le vent chaud. On les surprend sur les rideaux, les plafonds, parfois même lovées dans un repli de veste... À Valencia, Barcelone, Madrid, Murcie ou Castellón, les papillons de nuit jouent les intrus saisonniers dans les foyers espagnols.
Leur nom : Autographa gamma. Leur crime : aucun. Ces grands lépidoptères migrateurs venus d’Afrique du Nord ne piquent pas, ne transmettent pas de maladies, et n’ont pour seule mission que de suivre leur cycle naturel, amplifié cette année par un printemps humide et des températures en hausse.
Papillons géants en Espagne : une migration naturelle accentuée par la chaleur
Chaque année, au retour des beaux jours, elles prennent la route du nord. Un voyage migratoire entre deux continents, poussé par l’instinct et les courants d’air chaud. L’Autographa gamma quitte l’Afrique du Nord pour gagner l’Europe, en quête de climats plus cléments. Mais en 2025, la météo a mis les bouchées doubles : hiver trop doux, printemps humide, et chaleur saharienne au rendez-vous. Résultat, les noctuelles se sont multipliées en masse.
Imposantes – certaines affichent jusqu’à 4,5 centimètres d’envergure –, elles n’en restent pas moins inoffensives. Aucun dard, aucune maladie en embuscade, même leurs larves, avalées par mégarde, ne nous feraient aucun mal. Rien à voir avec les mites de placard ou les ennemies des penderies.
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Un rendez-vous saisonnier, pas une invasion
Contrairement à elles, Autographa gamma ne déclenche ni allergies, ni dégâts matériels. Et les entomologistes le répètent : ce n’est pas une invasion, mais un rendez-vous migratoire qui, cette année, a juste pris un peu plus d’ampleur.
Il faut dire que la chaleur leur donne des ailes. Littéralement. Leur métamorphose s’accélère, les générations s’enchaînent. Une femelle peut pondre une centaine d’œufs, et en moins de dix jours, de nouvelles recrues volètent déjà. Toutefois, leur cycle de vie court laisse espérer un recul rapide de leur présence ces prochains jours.
Comment limiter leur intrusion dans votre maison ?
Contrairement aux idées reçues, les Autographa gamma ne sont pas attirées par les lampes allumées, mais par des signaux bien plus discrets : vêtements, restes de nourriture, effluves ménagers… Autant dire que nos intérieurs sont pour elles un buffet olfactif. Heureusement, quelques gestes simples permettent de limiter leur intrusion :
— Garder les fenêtres fermées à la nuit tombée ou installer des moustiquaires.
— Conserver farines, céréales et légumineuses dans des bocaux hermétiques.
— Éviter de laisser traîner du linge sale ou humide.
— Passer régulièrement l’aspirateur dans les recoins, rideaux et placards.
Oubliez les aérosols chimiques : en plus d’être peu efficaces, ils peuvent contaminer les aliments et polluer l’air intérieur. À la place, placez quelques feuilles de laurier, un sachet de lavande, des pelures d’orange séchées ou un petit verre de clous de girofle dans les zones sensibles.
En s’invitant dans nos cuisines et nos penderies, ces visiteurs nocturnes nous rappellent une vérité simple : un foyer bien entretenu est le meilleur rempart contre les intrus ailés. Leur présence, aussi spectaculaire soit-elle, n’est qu’un épisode passager, porté par les caprices du climat. Elles repartiront comme elles sont venues — en silence, et en nombre. D’ici là, mieux vaut garder son calme… et ses armoires propres.
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