Terre de traditions et de diversité culturelle, l’Espagne s’exprime aussi à travers ses danses, reflets de son histoire et de ses influences régionales. Bien que le flamenco soit la danse la plus célèbre à l’international, il en existe de nombreuses autres qui témoignent de l’histoire, de la géographie et de la richesse culturelle du pays. Des rythmes joyeux du nord aux mouvements plus élégants du sud, voici les cinq danses espagnoles les plus remarquables à découvrir.


La jota : la danse aragonaise aux mille visages
La jota trouve ses origines dans la région d'Aragon au XIIIᵉ siècle, bien qu’elle ait été influencée par des traditions de danses populaires déjà présentes dans la péninsule ibérique. Ce type de danse, énergique et rythmée, a été développé sous différentes formes dans les diverses régions d'Espagne.
Initialement chantée et dansée lors des fêtes religieuses et des événements communautaires, elle s’est progressivement adaptée et diversifiée. En Aragon, la jota est caractérisée par des mouvements sautillés et des pas de danse accompagnés de castagnettes, tandis qu’en Castille et dans d’autres régions, elle peut être plus douce et exécutée en groupe.
La danse est souvent accompagnée de musique, avec des instruments comme la guitare, le tambour et la flûte. Au fil du temps, la jota est devenue un symbole de la convivialité espagnole et de la joie collective, très présente lors des festivals locaux. De nos jours, elle reste l'une des danses les plus populaires dans toute l'Espagne, avec de nombreuses variations locales qui enrichissent cette tradition.
Le fandango : la danse qui enflamme les nuits andalouses
Le fandango est une danse ancrée dans la culture andalouse, bien que ses racines remontent probablement à l'époque médiévale. Cette danse est un mélange d’influences arabes, juives et chrétiennes, caractéristiques de la diversité culturelle qui a marqué le sud de l’Espagne.
À l’origine, le fandango était une danse de couple, caractérisée par un rythme vif et une grande expressivité, où les danseurs, avec des gestes amples et saccadés, se confrontaient et se complétaient dans un échange dynamique. La musique, souvent jouée à la guitare et accompagnée de castagnettes ou de tambourins, suit un rythme syncopé qui donne au fandango son énergie et son aspect festif.
Né dans l’effervescence des tavernes et des fêtes populaires, le fandango s’est enraciné au fil du temps dans la culture espagnole, devenant un symbole indissociable des réjouissances et de la convivialité. Aujourd’hui encore, cette danse anime les festivités andalouses et perpétue un art où se mêlent tradition et célébration de la joie de vivre.
La sardana : l’art catalan de danser ensemble et en cercle
La sardane (sardana, en catalan), une danse emblématique de la Catalogne, se distingue par son caractère collectif et sa forme en cercle. Contrairement à d'autres danses espagnoles, la sardana n’est pas exécutée par un couple, mais par un groupe de personnes qui se tiennent par les mains, dans un cercle.
La danse est souvent accompagnée de la "cobla", un ensemble musical composé de cuivres et de percussions, qui donne à la sardana son rythme lent et majestueux. Ce type de danse symbolise l'unité et la solidarité, car chaque danseur doit suivre les mêmes mouvements et rythmes pour que la danse se déroule harmonieusement.
La sardana est traditionnellement pratiquée lors des fêtes populaires en Catalogne, telles que les "festes majors" ou les célébrations religieuses. C'est une véritable tradition communautaire qui rassemble les gens de toutes les générations.
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La muñeira : un écho du passé celtique de l’Espagne
La muñeira, originaire de Galice et des Asturies, est une danse qui témoigne de l’héritage celtique profond de cette région du nord-ouest de l'Espagne. En effet, la Galice a longtemps été influencée par les peuples celtes, et cette influence est encore très présente dans sa musique et ses danses traditionnelles.
La muñeira est souvent dansée en couple ou en groupe, avec des pas rapides et un rythme dynamique, le tout accompagné de la cornemuse, du tambour et parfois du xylophone. La danse a des similitudes avec la gigue irlandaise, dans la mesure où elle repose sur des mouvements de pieds vifs et une musique entraînante.
Bien qu’elle ait des origines anciennes, la muñeira a connu une popularité croissante au XIXᵉ siècle, notamment avec l'émergence du nationalisme galicien et la volonté de revendiquer l’identité culturelle régionale. Aujourd'hui, elle est dansée lors de festivals comme la fête de la Saint-Jean, et elle fait partie intégrante des célébrations galiciennes. La muñeira représente pour beaucoup non seulement la joie de vivre des habitants de la région, mais aussi un lien profond avec leurs racines celtiques.
Le paso doble : quand la corrida s’invite sur la piste de danse
Le paso doble est une danse fascinante qui s’inspire directement de la tauromachie, la célèbre corrida espagnole. Cette danse se distingue par sa rapidité, son intensité et sa dramatisation.
Le danseur, souvent vêtu comme un torero, représente la figure du matador, tandis que la danseuse, vêtue d'une robe longue, incarne la cape du taureau. Le pas de base de cette danse, énergique et rapide, mime les mouvements du torero dans l'arène, avec des gestes larges et puissants qui symbolisent la confrontation entre l’homme et l’animal. Le paso doble est souvent dansé lors de compétitions de danse de salon, où il est apprécié pour sa théâtralité et son énergie. À l'origine une danse militaire en France, le paso doble a pris une dimension totalement différente en Espagne, où il est devenu un hommage à l'héroïsme du torero et à la passion de la corrida.