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"Nous vivrons de plus en plus avec de nouvelles maladies infectieuses"

conference institut françaisconference institut français
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 29 septembre 2020, mis à jour le 18 février 2021

C’est ce que prédisent les chercheurs invités à la conférence "France et Espagne face au Covid-19 : le double défi de la recherche et de la santé". Et pour cette raison, la science est fondamentale pour limiter l’impact des vagues postérieures ou des pandémies qui inévitablement suivront.

 

A l'occasion de la Nuit des chercheurs européens, l'Institut français d’Espagne a organisé, en collaboration avec l'Ambassade de France, une conférence enregistrée intitulée "La France et l'Espagne face au Covid-19 : le double défi de la recherche et de la santé", que l’on peut retrouver sur la chaîne YouTube de l'Institut français. 

Les chercheurs français et espagnols ont fait le point sur les recherches actuelles sur le Covid-19 (diagnostic, traitements et vaccins) et discuté des soins de santé en France et en Espagne.

 


On n’est plus en mars

Arnaud Fontanet, directeur de l'unité d'épidémiologie des maladies émergentes de l'Institut Pasteur à Paris et membre du conseil scientifique du président Macron créé dans le cadre de la pandémie, a affirmé que fort heureusement, "on n’est plus en mars. Maintenant nous sommes mieux armés", avec notamment  les gestes barrières, l’emploi massif des tests et une meilleure connaissance du virus. Fontanet a également fait référence aux nouvelles armes biomédicales qui travaillent sur des outils de dépistage plus rapides, de nouveaux traitements, et enfin le vaccin tant attendu. Le directeur de l'unité d'épidémiologie des maladies émergentes de l'Institut Pasteur à Paris a par ailleurs déclaré que l’on compte actuellement six vaccins qui sont en phase 3 et qui devraient sortir en 2021.
 
En ce qui concerne le diagnostic, les laboratoires travaillent à marche forcée pour trouver des outils de depistage non seulement plus rapides mais nettement moins onéreux. Patrick Tabeling, directeur de recherche au CNRS et professeur à l'École de physique et de chimie industrielles de Paris, et Laura Lechuga Gómez, chef de groupe à l'Institut catalan des nanosciences et des nanotechnologies, ont tous deux expliqué où en sont leurs recherches.


Des tests aussi simples qu’un test de grossesse

Habitué à faire des tests depuis des années, Patrick Tabeling a raconté comment son équipe les a adaptés à ce nouveau virus. Les tests actuels sont lents et coûteux, alors que COVIDisc, qui ressemble à un test de grossesse, est un système simple et pas cher. Paris a déjà acheté un millier de tests pour les essayer. Tout porte à croire, selon Tabeling, que le Covid ne sera pas éradiqué avant longtemps et il faut donc des tests faciles et rapides. "C’est un peu comme passer du 33 tours au CD" ajoute-t-il. L’idéal, selon le chercheur français, serait de pouvoir tester facilement et chaque semaine, s’il le faut, tous les employés d’une usine, ce qui serait le meilleur moyen pour isoler au plus vite les cas détectés afin d’enrayer la transmission. On parle donc de millions de tests nécessaires.

De son côté, Laura Lechuga Gómez a expliqué les avantages du test sur lequel elle travaille depuis le 10 mars avec d’autres chercheurs européens. Le projet CoNVaT, financé par des fonds européens, permettra non seulement de détecter le virus très rapidement mais aussi et surtout de connaitre le niveau de charge virale, ce qui est important pour définir la future évolution de la maladie chez un patient.


10 vaccins en phase pré-clinique

En ce qui concerne tant les traitements que les vaccins, dès le début de la pandémie, n’y avait pas de temps à perdre et les chercheurs se sont mis à utiliser des solutions qui marchent déjà et à analyser le potentiel de milliers de médicaments existant. Avec cette crise sanitaire, il a fallu réorienter les activités dans les différents laboratoires européens. Il existe actuellement plus de 10 vaccins en phase pré-clinique.

Camille Locht, directeur de recherche INSERM à l'Institut Pasteur de Lille et Carlos Martín Montañés, professeur au département de microbiologie, médecine préventive et santé publique de l'université de Saragosse, travaillent ainsi sur des vaccins qui existent déjà ou qui sont à un stade avancé de recherche, comme le vaccin contre la coqueluche, la rougeole ou celui contre la tuberculose. Une autre étude emploie le BCG, qui est utilisé depuis plus de 100 ans et que l’on connaît donc bien. Dans ce cas-là les délais seront raccourcis et le futur vaccin pourra passer directement en phase 3.


Un challenge professionnel

Jean-François Timsit, chef du service de réanimation médicale et maladies infectieuses à l'hôpital Bichat de Paris, et Francisco López Medrano, médecin assistant à l'unité des maladies infectieuses de l'hôpital universitaire 12 de Octubre (Madrid), ont signalé que d’un point de vue professionnel, ce virus est très novateur et constitue un "challenge professionnel". Cependant, d’un point de vue humain, cela a été "tragique". 

Le confinement était-il une bonne chose ? Même pendant la grippe espagnole, il n’y avait pas eu de confinement total mais seulement localisé. Lopez Medrano considère néanmoins que le confinement a été d’une importance vitale, comme l’a démontré la prestigieuse revue scientifique "Nature" qui a calculé que le confinement a permis d’éviter 450.000 décès en Espagne et 690.000 en France. En revanche, il aurait fallu, selon lui, plus de coordination et que les alarmes sonnent avant, un peu comme le système "surveillance grippe", qui marche très bien. 


Sans science il n’y a pas de futur 

Alfonso Valencia, directeur du département des sciences de la vie au Centre national de Supercomputing de Barcelone, a insisté sur un point : "sans la science, il n’y a de futur pour personne". Certes, la science n’a pas pu éviter la catastrophe mais elle va limiter l’impact des vagues postérieures ou des pandémies qui surgiront inévitablement. Jean-François Timsit, de l’Hôpital Bichat, affirme à ce sujet que l’on va devoir apprendre à vivre avec de nouvelles maladies infectieuses dans le futur.

Ce qui est clair, c’est que l’une des leçons de cette crise est qu’il faut miser sur la recherche "car elle est rentable pas seulement d’un point de vue humain mais économique". Nous avons tous notre part de responsabilité, mais la clé pour limiter l’impact du virus se trouve dans la connaissance de ce virus et seule la science peut le faire.
 

Armelle Pape van dyck
Publié le 29 septembre 2020, mis à jour le 18 février 2021

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