La célèbre pâtisserie lilloise, qui est déjà présente dans 11 pays, sur 3 continents, ouvre un 1er établissement en Espagne. Frédéric Vaucamps, qui a débuté à 14 ans, nous raconte sa formidable success-story internationale.


L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Il est clair que ce vieux dicton reflète parfaitement le parcours professionnel de ce Ch´ti qui a démarré à 14 ans avec un CAP de boulanger-pâtissier. "Tout a commencé par passion et… la destinée -se souvient Frédéric Vaucamps. Mes parents étaient dans la boucherie, le salé, alors j’ai choisi le sucré! C’est aussi mon frère qui m’a donné l’envie de travailler là-dedans". Et cela ne l’a plus jamais quitté.
Le 'merveilleux', un incontournable
A 19 ans, les deux frères s’associent pour acheter une boulangerie-pâtisserie. C’est là qu’il revisite le "merveilleux", un gâteau meringué originaire de Belgique, avec une recette qui lui donne plus de légèreté. C'est un succès et les gens s'arrachent ces... petites merveilles! Il ouvre une 2e boutique puis une 3e en plein centre du Vieux-Lille, toujours avec cette pâtisserie comme spécialité.

C'est d'ailleurs l'époque où il décide d'appeler sa boutique "Aux Merveilleux de Fred", en hommage à sa pâtisserie phare, devenue un incontournable. On est en 1997. "En faisant ce choix, je ne savais pas que ça allait vraiment changer le cours de ma vie -reconnait Frédéric". Son succès est tel qu'il commence une première aventure internationale en Belgique, "mais c'était tout près de chez moi" -précise-t-il non sans modestie.

Redémarrer à zéro dans chaque pays!
Après la Belgique, dont la réussite peut se concevoir, puisqu'il s'agit d'une pâtisserie du "terroir", le véritable baptême du feu débute avec l'ouverture d'une boutique à Londres. Le succès est fulgurant. Viennent ensuite New-York, Toronto ou Tokyo, pour ne citer que quelques villes. Mais il ne s'agit pas d'enchainer les ouvertures. "On n’est pas des financiers, notre développement est basé sur la réussite -tient à souligner Fréderic. A chaque fois, c’est comme redémarrer à zéro. Ce n’est pas facile, mais j’aime bien les défis". On dénombre actuellement une soixantaine de boutiques, dont la moitié en France.

Mais pourquoi un tel succès, quel que soit la ville ou le pays où il décide d'installer une nouvelle enseigne? Il faut d'abord signaler que quel que soit le lieu, ses produits ont exactement la même saveur. "La clé c’est le savoir-faire français -raconte Frédéric-, une maîtrise technique qui leur confère une saveur reconnaissable entre mille, que l'on soit à Lille, Dubaï ou Madrid. Et quand les gens goûtent nos produits, et bien ils reviennent !"
Un atelier ouvert sur tous
Sa 2e idée de génie est qu'il a créé une boutique atelier. "Quand vous rentrez dans la pâtisserie, c’est un atelier ouvert où vous voyez comment sont fabriqués en direct tous les produits. La seule chose qui est un peu plus cachée, c’est la plonge! Je pense que cela a beaucoup joué dans la réussite. A l’époque c’était quelque chose de très original, aujourd’hui c’est devenu plus courant, on voit même ça à Carrefour!".

Et comme souvent avec les inventions, c'est arrivé un peu par hasard. "Au départ, j'étais souvent seul et j'ouvrais à 5h00 du matin. Alors quand les clients arrivaient à la boutique, j'étais dans l'atelier et ne les voyais pas. Il y avait une sonnette mais ça gênait les voisins; je l'ai donc enlevée mais les clients devaient quand même m'appeler pour prévenir qu'ils étaient là. Du coup, à la fin, j’ai fait une grande baie vitrée et quand j’ai eu mon deuxième magasin j’ai carrément enlevé le mur! Et en fait c’est très important, car cela donne vraiment une image de transparence".

Une boutique où il fait bon prendre son temps
Le dernier facteur qui explique selon lui son succès est le décorum. Toutes les boutiques 'Aux Merveilleux de Fred' s'inspirent de la fin du XVIIIe siècle. Elles sont parées de marbre, de miroirs, de boiseries et d'un grand lustre en cristal qui confèrent au lieu un style baroque et raffiné, incarnant l'élégance et l’art de vivre à la française. Fred transmet ainsi dans ses pâtisseries sa passion, celle de prendre le temps, d’apprécier les belles et les bonnes choses. "J’ai une passion pour le XVIIIe siècle, et j’aime beaucoup tout ce qui a à voir avec le travail du bois, de l’or, des lustres. Je n'imaginais pas que tous ces éléments allaient en faire l'identité du lieu".

Incroyables et Merveilleuses du XVIIIe siècle
D'ailleurs, le nom du merveilleux fait référence à ces "Merveilleuses", de l'époque du Directoire, après la Terreur, entre 1795 et 1799, qui étaient des femmes libres qui avaient décidé de profiter de la vie et faire ce que bon leur semblait. "Le merveilleux, au départ, c’est une lithographie qu’un client m’a offert qui s’appelait 'Merveilleuses et Incroyables': Il m’avait dit: ça n’a aucun rapport avec ton gâteau, à toi d’en trouver un!".

La boutique de Madrid, située en plein centre dans le quartier Justicia, suit ce même modèle. "Je cherche à chaque fois un lieu qui ait de l’ensoleillement, qui soit à l'angle de deux rues, comme ça on est vu deux fois! et que ce soit un quartier avec des commerces artisanaux, où vivent les gens". Raphaël et Valérie, responsables de la boutique, ont dû travailler pas moins de six mois avec lui pour maîtriser toutes les techniques, "un véritable parcours du combattant".
Cramique et gaufres flamandes

En plus de sa prédilection pour le "Merveilleux", notre ch'ti globe-trotter a une autre passion: le cramique, cette brioche bien connue dans le nord de la France, en Belgique et en Hollande, qu'il a également revisitée, encore une fois un peu par hasard, mais un heureux hasard puisque sa recette plait énormément. "En fait, à l’étranger, on vend quatre produits phare qui sont les 'merveilleux', le cramique, les gaufres flamandes et les croissants. Même les croissants sont une particularité chez nous, puisqu'on les fait devant tout le monde. C'est bien là l'essence de notre boutique: Vendu et fabriqué ici devant vous."

Ouverture: 1er février 2024
Adresse: calle Lequerica Mejía, 3 Madrid






