La communauté de Madrid a signé un accord de 1,5 million d’euros avec le réalisateur Woody Allen pour que son prochain film, Wasp 2026, soit tourné dans la région et mentionne Madrid dans son titre. Un partenariat culturel assumé comme un outil de promotion internationale.
Faire de Madrid une star de cinéma : voilà l’ambition du gouvernement régional, prêt à investir 1,5 million d’euros pour attirer Woody Allen et ses caméras. Le réalisateur new-yorkais y tournera sa prochaine œuvre, provisoirement intitulée Wasp 2026, un film qui devrait, selon les termes du contrat, mentionner Madrid dans son titre final. Une clause symbolique, mais essentielle, pour une région décidée à inscrire son nom sur la carte mondiale du cinéma.
La communauté de Madrid finance le prochain film de Woody Allen
D’après le contrat publié sur le portail de la commande publique, l’opération s’inscrit dans une campagne visant à renforcer la visibilité internationale de Madrid à travers le cinéma. L’idée : faire du grand écran un levier touristique. « Les lieux que l’on voit au cinéma ou dans les séries peuvent éveiller la curiosité et donner envie de voyager », justifie la communauté dans le document officiel.
Le versement, étalé sur trois ans — 150.000 euros en 2025, 600.000 en 2026 et 750.000 en 2027 — sera conditionné à plusieurs étapes : l’annonce du tournage, la visite institutionnelle sur le plateau, la présentation du film dans un grand festival (Berlin est cité en exemple) et, enfin, une avant-première madrilène en présence de l’équipe du film.
Un tournage 100 % madrilène
Le gouvernement régional pose ses conditions : le film devra être intégralement tourné dans la communauté de Madrid, avec au moins 15 % de scènes en extérieur, dans des lieux emblématiques de la capitale, ainsi qu’une autre localité identifiable en dehors de la ville. L’exécutif d’Ayuso participera également aux moments clés de la production, des conférences de presse au lancement officiel.
Pour la région, l’enjeu dépasse le simple soutien à un tournage. Il s’agit de faire de Madrid une vitrine du tourisme cinématographique, à l’image de Barcelone ou Saint-Sébastien, où Woody Allen avait déjà posé sa caméra. Vicky Cristina Barcelona (2008) avait reçu une aide comparable de la Generalitat et de la mairie catalane, tandis que Rifkin’s Festival (2020) avait bénéficié du soutien logistique de la capitale basque.
Woody Allen, l’ombre et la lumière
À 89 ans, Woody Allen est une figure incontournable du cinéma d’auteur, avec plus d’une cinquantaine de films au compteur, de New York à Paris en passant par Rome, Londres ou Barcelone. Son dernier long-métrage, Coup de chance, présenté à la Mostra de Venise en 2023, confirmait encore son goût pour les histoires faussement légères et les dialogues acérés.
Mais la trajectoire du réalisateur new-yorkais n’est pas exempte d’une part d’ombre. Depuis les années 1990, son nom reste associé à des accusations d’abus sexuels, relancées avec le mouvement Me Too. Bien qu’aucune charge n’ait été retenue contre lui, ces controverses ont durablement affecté son image publique.
Le grand écran, nouveau moteur touristique de Madrid
Le projet, attendu avant décembre 2027, s’inscrit dans une période faste pour la capitale espagnole. Madrid a battu cet été son record historique de fréquentation, franchissant pour la première fois la barre des quatre millions de nuitées internationales.
En misant sur le pouvoir évocateur du grand écran, le gouvernement régional espère transformer cet essor touristique en phénomène durable. Si le pari porte ses fruits, Wasp 2026 — ou Madrid “quelque chose” — pourrait bien offrir à la capitale un rôle à sa mesure : celui d’une ville qui ne se contente plus d’être un décor, mais qui entend jouer les premiers rôles sur la scène mondiale du cinéma.
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