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UN PEU D’HISTOIRE - Pourquoi le 2 mai est-il férié à Madrid?

 

C'est une date que vous avez forcement coché dans votre agenda si vous vivez dans la capitale espagnole. Mais connaissez-vous pour autant sa réelle signification ? Lepetitjournal.com vous dit tout sur cette journée historique de 1808 si particulière, commémorée chaque année au titre du "Jour de la Communauté de Madrid". Un premier indice : Les Français occupent le rôle de l'envahisseur?

(Détail du dyptique Dos de mayo / Tres de mayo)

A la fin d'un 18e siècle marqué par la Révolution Française de l'autre côté des Pyrénées, l'Espagne s'industrialise peu à peu mais reste fortement ancrée dans la tradition rurale et religieuse qui la caractérise depuis plusieurs siècles. La dynastie à sa tête, menée successivement par les Rois Charles III et Charles IV, est en train de vaciller. De quoi attiser la convoitise du nouvel Empereur de France, Napoléon Bonaparte. Ce dernier veut étendre son emprise jusqu'à l'ensemble de la péninsule Ibérique dont la façade maritime s'avère très avantageuse pour le commerce. Rapidement, il parvient à occuper Madrid par l'intermédiaire du Général Murat. Au même moment, Ferdinand VII, qui a pris le pouvoir aux dépends de son père Charles IV lors du Soulèvement d'Aranjuez le 17 mars 1808, subit des pressions de la part de l'Empire français pour renoncer au trône au profit de Joseph Bonaparte, frère ainé de Napoléon. C'est dans ce climat d'instabilité politique et de menace pour la monarchie espagnole que le peuple de Madrid se révolte le 2 mai 1808.

Une journée d'insurrection
La révolte populaire madrilène du "Dos de Mayo" contre les forces d'occupation françaises aurait été provoquée par la sortie du palais royal de la Reine d'Etrurie, fille de Charles IV, escortée par les troupes françaises. A sa vue, la foule se serait écriée : "¡Que nos la llevan!" (Ils nous l'enlèvent !). Plusieurs milliers de Madrilènes pauvrement armés décidèrent alors d'attaquer les soldats du général Murat. Très vite, ce dernier convoqua l'artillerie et les bataillons de grenadiers présents sur place et leur intima de tirer sur la foule sans sommation. Au total, 3.000 soldats encerclèrent la ville et firent tomber les principaux foyers d'insurrections dès le lendemain : à la Porte de Tolède, la Puerta del Sol et dans le Parc d'Artillerie de Monteleón ou une partie de l'armée espagnole s'était soulevée. Parmi les résistants tués, on retient le nom de Manuela Malasaña, fille du boulanger français Jean Malesange (Malasaña en espagnol), qui donnera son nom au quartier du centre-ville de Madrid. Le diptyque Dos de Mayo et Tres de Mayo, peint par Francisco Goya, actuellement exposé au Musée du Prado, illustre parfaitement ces deux journées de révolte sanglante.

Le "détonateur" de la Guerre d'Indépendance espagnole
Une fois le peuple madrilène écrasé par l'armée française en moins de deux jours et plus de 4.000 morts, Napoléon et ses lieutenants étaient loin de se douter que cette révolte spontanée allait être le "détonateur" de la guerre d'Indépendance qui dura six ans en Espagne (1808-1814). Suivant l'exemple de leurs concitoyens de la capitale, plusieurs régions espagnoles se soulevèrent dans la foulée en Aragon, en Catalogne, en Galice et dans les Asturies. Le conflit s'acheva en 1814 par la défaite de Napoléon et le retour du roi Ferdinand VII, retenu prisonnier en France pendant six ans. Les conséquences furent multiples : l'écrivain espagnol Arturo Perez-Reverte auteur de l'ouvrage de référence sur la révolte du 2 mai, "Un jour de colère", la considère comme une "guerre impitoyable qui a changé l'histoire de l'Europe", précipitant par la même occasion la chute de Napoléon et la libération des peuples d'Amérique Latine colonisés par l'Espagne (Bolivie, Colombie, Équateur, Panama, Pérou et Venezuela).

Le "Jour de la Communauté de Madrid"
Malgré la période difficile qu'a connu l'Espagne à la suite de ce soulèvement. Le souvenir de ce 2 mai reste encore perçu comme une victoire face à l'envahisseur. A cette occasion, de nombreuses manifestations ont lieu chaque année aux quatre coins de la Péninsule et plus particulièrement à Madrid, épicentre des affrontements, ou ce jour férié célèbre désormais la Communauté. Autour du quartier de Malasaña et de sa Place du 2 mai : concerts, expositions, performances et projections entièrement gratuites sont proposées depuis jeudi dernier (http://www.somosmalasana.com/fiestas-2-de-mayo/). Et même les Français ont le droit d'y assister...

Simon MARACHIAN (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 2 mai 2016
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Un jour de colère écrit par Arturo Perez-Reverte, publié en français aux éditions du Seuil.

 

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Publié le 1 mai 2016, mis à jour le 17 mai 2024
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