Eruptions cutanées, écoulement nasal, toux sèche, picotement des yeux, éternuements... Après plus de 50 jours de sécheresse, Madrid a reçu ses premières gouttes de pluie mercredi dernier. Depuis 1893, année des premiers enregistrements par l'observatoire météorologique Retiro, jamais la capitale ibérique n'avait connu un hiver aussi sec
(Photo Creative Commons Niels_Olson)
Pour le reste de la région, le constat est identique. Cet année, l'hiver a été l'un des plus secs depuis plusieurs décennies. Cette situation a provoqué une accumulation plus importante de polluants atmosphériques, issus principalement des gaz d'échappement. Habituellement, pluies et vents nettoient l'air des impuretés. Leur quasi-absence cette année a multiplié les pics de pollution. Pollution et sécheresse qui ont eu de nombreuses conséquences sur la santé. Après la crise économique, les Madrilènes ont souffert de crises d'allergies.
La sécheresse a entrainé une pollution atmosphérique plus importante
En cas d'allergies, l'organisme réagit en présence d'éléments extérieurs, considérés comme agressifs, par "écoulement nasal; toux sèche; picotement des yeux; éternuements; éruptions cutanées..." Les allergies au pollen, que ce soit sous forme de rhinite allergique ou d'asthme allergique, touchent environ 6 millions de personnes dans la Péninsule, soit 13% de la population du pays.
Les personnes souffrant d'allergies au pollen redoutent les pluies hivernales. Il existe une forte corrélation entre ces pluies et la quantité de pollen. Si les pluies sont fortes, le pollen sera abondant. En Espagne, la sécheresse aurait pu être une bénédiction pour les allergiques mais le constat est tout autre. Dans la région madrilène, elle a entraîné une pollution atmosphérique plus importante cette année. Pollution qui contribue fortement à la sensibilisation de la population aux allergènes. S'il y a eu moins de pollen, celui-ci est plus agressif.
Alors que la plupart des médias espagnols annonçaient un printemps difficile pour les allergiques, Dominique Grauvogel Fayet, médecin ORL à Madrid, explique que "les symptômes ne sont pas plus importants que d'autres années, mais ils se sont présentés plus tôt que d'habitude. Par ailleurs l'on constate une recrudescence de problèmes dermatologiques du type des dermatites atopiques (eczéma NDLR)".
Conseils du docteur Dominique Grauvogel Fayet, ORL à Madrid "Mettre un humidificateur dans les pièces afin de pallier à la sécheresse et éviter le dessèchement des muqueuses. Consulter son médecin afin de faire un traitement pour limiter les effets des allergies. Enfin, penser à surveiller l'hydratation et éviter de sortir au moment les plus chauds de la journée. Sortir toujours munis d'un chapeau et d'une bouteille d'eau". |
En plus des allergies, la chaleur favorise les intoxications alimentaires
Des allergies plus agressives mais pas seulement, comme nous l'explique Dominique Grauvogel Fayet. La sécheresse actuelle a une réelle influence sur la santé des Espagnols. "Il y a une augmentation prématurée dans le temps des phénomènes allergiques. Par ailleurs, la sécheresse et la chaleur favorisent l'apparition des intoxications alimentaires, et en ce qui concerne les jeunes enfants, des déshydrations et des diarrhées sont à craindre. Mais si ce n'est les problèmes dermatologiques, respiratoires et allergiques, la sécheresse n'a pas de conséquences trop graves sur la santé des Espagnols".
Avec des symptômes plus importants cette année, les cabinets médicaux se sont remplis. "Epidémie de grippe A il y a à peu près 1 ou 2 mois, allergies au pollen avec manifestations respiratoires, processus respiratoire aigus, diarrhées..." et bien que "le nombre de visites soit semblable à celui des autres années à la même époque, les raisons médicales sont différentes. Beaucoup sont liées aux allergies, rhumes, angines". Les Espagnols font les frais de ce climat sec et doux du début d'année.
Priscyllia CANABATE (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 27 mars 2012