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RAPPORT EUROPEEN - L’Espagne parmi les pays les plus corrompus

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 5 février 2014, mis à jour le 6 février 2014

Le premier rapport anticorruption de la Commission européenne publié lundi révèle ?un niveau de corruption à en couper le souffler? à en croire celle à l'origine de l'initiative, la commissaire européenne en charge des affaires intérieures, Cecilia Malmström. L'Espagne, en matière de corruption, n'est pas en reste. Elle ferait même partie des pays les plus corrompus de l'Union européenne.

(CC Eugene Pivovarov)

Le rapport, long de 16 pages, se veut critique envers la plupart des pays européens mais n'intervient qu'à titre informatif et non contraignant pour les Etats membres. Son objectif : ouvrir le débat sur une réalité qui coûte chaque année près de 120 milliards d'euros à l'Union Européenne, la corruption. Dans le cas de l'Espagne, trois grands traits résument cette enquête : un contrôle insuffisant des mécanismes de financement des partis, le manque de responsabilisation des élus locaux, non tenus de rendre compte de leurs actions, et enfin le silence du rapport même concernant les enquêtes affectant la monarchie.

Bilan amer : l'Espagne peut mieux faire
Dans ce bilan, la Commission européenne fait état de toutes les affaires de corruption qui touchent ou ont touché l'Espagne tant au niveau local que central, rappelle le quotidien espagnol El Mundo. Il chiffre à 5.144 le nombre de cas de corruption ayant affectés les municipalités espagnoles entre 1996 et 2009. La majorité de ces affaires ont lieu tout particulièrement dans les domaines du développement urbain, du financement des partis et des emplois publics. Seules les affaires relatives à la famille royale semblent manquer sur l'échiquier.
L'étude, étendue à l'ensemble des pays européens, montre que la corruption a un impact non négligeable sur les affaires économiques, rapporte le site belge Express. Si toutes ou partie des entreprises espagnoles sondées déplorent l'existence généralisée de corruption dans leur pays, les secteurs de la construction et des télécommunications semblent davantage touchés par le problème.
Le rapport incite l'Espagne à multiplier les mesures anti-corruption et considère que malgré les efforts entrepris davantage de progrès sont nécessaires en matière de vigilance et de contrôle. Il invite explicitement le pays à ?poursuivre les réformes en cours et à assurer la mise en ?uvre effective des nouvelles règles sur le financement des partis politiques? et à ?renforcer les mécanismes de contrôle".

Les Espagnols de plus en plus sensibilisés au thème de la corruption
Le récent scandale qui a touché au début de l'année la fille du roi Juan Carlos, l'infante Cristina, pour fraude fiscale et blanchiment de capitaux remet à l'ordre du jour les problèmes de corruption qui déferlent sur le pays. C'est également la première fois qu'un membre direct de la famille royale est touché par une enquête pour corruption. Cette dernière vise plus précisément son époux, Iñaki Urdangarin, mais n'a pas empêché qu'un dur coup ne soit porté à l'image de la monarchie.

Pour Miguel Angel Ferris, journaliste et coordinateur des balades touristiques ?Gaspillage et corruption? à Valence, cet épisode en plus d'avoir éveillé chez les espagnols un sentiment d'impunité a également contribué à accroitre leur intérêt pour les problèmes de corruption. ?L'opinion publique a découvert que la majorité des politiques corrompus n'avaient pas été condamnés, n'avaient pas rendu l'argent public qu'ils avaient détourné, et n'avaient toujours pas démissionné de leurs fonctions officielles? a-t-il déclaré en interview au site JOL Press. Ajoutant que depuis, ?la corruption est devenue le deuxième sujet de préoccupation pour les Espagnols, alors qu'il n'occupait que la douzième place il n'y a pas si longtemps?.

L'Espagne est passée de la trentième à la quarantième place du classement sur la perception de la corruption établi en 2013 par l'Organisation non-gouvernementale Transparency International. Selon le rapport, les Espagnols, loin devant les autres nations européennes, sont 87 % à penser que le financement des partis politiques n'est pas suffisamment contrôlé et transparent. Ils sont également 95% à penser que la corruption est très répandue dans leur pays. Un rapport qui constitue donc pour eux, tout, sauf une surprise.

Laura Lavenne (http://lepetitjournal.com/madrid) jeudi 6 février 2014
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Publié le 5 février 2014, mis à jour le 6 février 2014