Édition internationale

PROSTITUTION – Les autorités madrilènes ont commencé à sanctionner les clients

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 29 juillet 2015

La déléguée du Gouvernement à la Communauté de Madrid, Concepción Dancausa, a annoncé que la police allait renforcer la surveillance de la prostitution dans les lieux publics. La décision, annoncée vendredi dernier en conférence de presse à la sortie du Conseil local de sécurité, s'appuie sur la mise en place de la nouvelle loi de "sécurité citoyenne", qui considère que le commerce de services sexuels sur la voie publique est interdit et doit être sanctionné.

(AFP)
La justice espagnole possède un cadre légal pour la prostitution qui a le mérite d'exister et de réguler le secteur, en déclarant et protégeant les travailleuses. Néanmoins, le gouvernement madrilène a décidé de durcir la répression de la prostitution dans la rue. La polémique loi de "sécurité citoyenne", surnommée loi mordaza (loi-bâillon) vient sanctionner les clients des prostituées de rue. Selon cette loi, "l'offre, la sollicitude, la négociation et l'acceptation de services sexuels rémunérés" dans les lieux publics constituent une infraction grave à la législation espagnole. Bien que la nouvelle réglementation se concentre essentiellement sur la répression des clients, les prostituées devront également être vigilantes à l'heure de proposer leurs services sur la voie publique : en effet, l'objectif est d'éviter les spectacles dérangeants, et d'éloigner la prostitution des zones fréquentées par des enfants notamment. Concepción Dancausa a expliqué s'appuyer sur la nouvelle loi de sécurité citoyenne afin de renforcer la surveillance policière, et de sanctionner les fautes graves par les amendes correspondantes, allant de 601 à 30.000 euros.

PROSTITUTION ? Développement en Catalogne : merci les Français !
La prostitution à la frontière catalane s'est énormément développée ces dernières années, avec notamment l'émergence des "puticlubs", supermarchés de la prostitution organisée. La clientèle française n'a cessé de croître depuis que le racolage passif a été interdit en France. L'ouverture du Paradise à la Jonquera a ravivé la polémique

ECONOMIE - Prostitution et trafics drogue désormais inclus dans le PIB espagnol
L'institut national des statistiques (INE) a publié jeudi les chiffres du PIB d'Espagne, en suivant le nouveau système de l'Union Européenne qui tient compte depuis 2010 des activités illégales. L'INE constate que le montant atteint 9,127 milliards d'euros, soit 0,87 % du PIB nationa

La situation dans les zones sensibles
La répression de la prostitution est un problème de m?urs et de sécurité publique, puisque la prostitution est autorisée dans les lieux privés en Espagne. La pression policière contre la prostitution sera exercée avant tout dans les zones où circulent des mineurs, puisque c'est dans "les zones de transit public près des lieux destinés aux mineurs (écoles, parcs,?) ou les zones qui peuvent générer un risque pour la sécurité routière" que la Communauté de Madrid souhaite éradiquer le commerce du sexe à la vue de tous. Concrètement, les efforts se concentreront sur trois zones bien identifiées de la capitale. Tout d'abord la colonia Marconi, dans le district de Villaverde : ce polygone industriel s'est transformé en une véritable maison close à ciel ouvert ces dernières années, où les riverains et leurs enfants croisent tous les jours des prostituées en tenues très légères pour rentrer chez eux. Comme l'explique El Pais, Concepción Dancausa s'est réunie avec les associations du Villaverde qui lui ont exposé certains aspects de leur quotidien, rappelant que les enfants voient tous les jours des dizaines de femmes se prostituer en bas de chez eux. Ce sont ensuite deux lieux du centre ville qui préoccupent les autorités : la Casa de Campo ainsi que la rue Montera. La déléguée a confirmé les efforts policiers sur ces zones prioritaires : "comme il y a des centres culturels fréquentés par les enfants ainsi que des parcs et des écoles, nous allons agir sur ces zones maintenant que nous avons un instrument juridique pour éloigner la prostitution".

La prostitution, le revers des rues madrilènes

A travers cette initiative, les autorités ne cherchent pas à entrer en guerre avec le secteur mais bien à éradiquer la prostitution interdite, comme l'est le racolage dans les lieux publics. Ainsi, dans la rue Montera, les clients alignés au terrasses ne peuvent que constater le spectacle qui se joue sous leurs yeux. Les nombreuses filles qui sont postées tout au long de la rue procurent une image peu compatible avec l'affluence touristique, l'un des secteurs les plus importants du pays. Dans un reportage diffusé il y a un an sur TeleMadrid, les commerçants de ces zones expliquaient déjà leur désarroi au journaliste. Un ras-le-bol qui vient d'une part de la perte de clientèle qui ne rentrent pas dans des magasins devant lesquels se postent les prostituées, et d'autre part de la violence dont peuvent faire preuve certains prostitués hommes (sur la Puerta del sol) lorsqu'ils sont réprimandés.

La drogue également dans la ligne de mire
La Communauté de Madrid ne s'arrêtera pas là dans la gestion de l'insécurité locale. Autre problème à éradiquer : les "cundas". C'est le mot utilisé pour désigner ces "taxis" pour toxicomanes. Créé par les acteurs du commerce de la drogue, ce système permet d'éviter les contrôles de police. Ces chauffeurs peu communs viennent récupérer les toxicomanes en plein centre ville pour les emmener vers les supermarchés de la drogue, des quartiers ou agglomérations bien connus en périphérie de Madrid dans lesquels ils peuvent se fournir en drogue. Pour environ 5 euros, les toxicomanes sont acheminés en toute tranquillité vers leurs points de ravitaillement. De nombreux toxicomanes viennent attendre les "taxis" en plein centre ville, plus précisément dans la zone de la place Embajadores, où les commerçants désespèrent de les voir faire fuir leurs clients. Là aussi, les autorités attendaient de pied ferme un outil judiciaire pour faire face à cette situation. La loi de sécurité citoyenne considère comme faute grave (donc également passible d'une amende de 601 à 30.000 euros) "le transport de personnes, quel que soit le type de véhicule, afin de leur permettre d'accéder à la drogue". Selon Europapress, le conseiller de Santé, Sécurité et Urgences Javier Barbero a déjà annoncé à la presse qu'il ne s'agit "que d'une question de temps pour que les véhicules concernés soient arrêtés".

Perrine LAFFON (lepetitjournal.com ? Espagne) Mercredi 29 juillet 2015

logo lepetitjournal madrid espagne
Publié le 28 juillet 2015, mis à jour le 29 juillet 2015
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.