

Généreuse, drôle, décalée mais aussi sauvage et mystérieuse. Difficile de trouver l'adjectif juste pour décrire Jane Birkin, icône intemporelle et nostalgique. Ce week-end, la grande Anglaise impertinente était de passage à Madrid, au c?ur du théâtre de l'Institut français dans le cadre d'une tournée mondiale débutée en 2011. L'occasion de nous livrer un spectacle à mi-chemin entre hommage à son ex-mari défunt et amour inconditionnel pour le Japon. Rencontre
Lepetitjournal.com : Ce soir, comme depuis le début votre tournée, vous avez revisité les chansons de Serge Gainsbourg. Vous considérez-vous comme son ambassadrice ?
Jane Birkin : C'est vrai que je lui fais faire le tour du monde et l'embarque un peu partout avec moi, notamment depuis le début de cette tournée. Mais de là à dire que je suis son ambassadrice, je ne sais pas. Je crois que je ne le suis plus, non, je pense qu'aujourd'hui, Serge n'a plus besoin de moi pour faire parler de lui?il est encore plus connu que quand il était vivant ! Ça fait plaisir d'ailleurs de voir que tout le monde le connaît et de voir tout cet engouement autour de sa personne !
Serge Gainsbourg, toujours icône même plus de 20 ans après sa mort ?
Oui, mais je me rappelle d'un temps où on ne l'aimait pas tant que ça dans mon pays (Angleterre). Il y était très critiqué, je crois que son côté provocateur n'était pas très bien perçu outre-Manche?Mais je me rappellerai toujours les réactions de la France : très peinées à l'annonce de sa mort. Les fax que j'ai pu recevoir de Jacques Chirac ou même François Mitterrand venaient un peu contrebalancer tout ça. Ils le décrivaient comme un poète, un Baudelaire et ça, ça m'a fait chaud au c?ur.
Aujourd'hui, vous chantez ses chansons?au son d'un orchestre 100% japonais, comment cette idée vous a-t-elle traversé l'esprit ?
En fait, ça a été un vrai hasard. L'an dernier, pour les vingt ans de la mort de Serge, je devais entamer une tournée en son honneur. Et puis, il y a eu cette catastrophe au Japon, le drame de Fukushima. J'ai ressenti une impérieuse nécessité de me rendre sur place et d'aider comme je le pouvais. J'ai prêté ma voix à un concert de soutien, concert où j'ai rencontré les musiciens avec qui je tourne depuis près d'un an maintenant.
D'où le spectacle intitulé Jane Birkin chante Gainsbourg via Japan ?
En fait, oui mes concerts se sont construits entre autres grâce à eux. J'ai demandé au pianiste si ça le tentait de m'accompagner sur une tournée reprenant les chansons de Serge. Il a accepté et m'a proposé d'embarquer ses amis avec lui ! Grâce à lui, j'ai la chance de faire cette tournée avec quatre musiciens franchement extraordinaires. Ils sont très doués ! Et puis je sentais qu'on allait pouvoir faire quelque chose de différent avec ça? !
Des projets, des envies ?
Vous savez, c'est drôle, je m'étonne toujours d'être encore là quarante ans après avoir débuté. Surtout qu'à la base, je n'avais pas du tout pour ambition de devenir chanteuse. Et puis je me rappelle aussi de mes débuts au cinéma, quand j'ai rencontré Serge sur un tournage pour des essais, j'avais vraiment l'air de la grande gourde anglaise ! Mais parfois, les histoires d'amour commencent mal?c'est pas toujours love at first sight ! En fait, je me dis que je suis là aussi parce que les gens ont cru en moi. Oui, des projets, j'en ai, notamment un one man show ! Mais de façon générale, je prends les choses comme elles viennent et suis prête à aller là où les gens auront besoin de moi. Un autre projet, et pas des moindres, est de soutenir mes deux filles Lou Doillon et Charlotte Gainsbourg dans leurs carrières. Et ça, pour une maman, je dois dire que c'est pas mal? !
Charlotte Gainsbourg sera d'ailleurs en concert à Madrid, au Teatro Circo Price le 27 juin prochain. En attendant, sa mère continue de sillonner les routes au moins jusqu'en septembre 2012, entourée de ses musiciens japonais. Indémodables les tubes de Gainsbourg ? C'est en tout cas ce que parvient à nous faire croire Jane Birkin le temps d'un concert débordant d'énergie?et d'émotions.
Texte et photo Charlotte LAZAREWICZ (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 22 mai 2012
