Vendredi et samedi au Lycée français de Madrid, l'ensemble de l'établissement était mobilisé pour deux grosses journées dédiées à l'orientation des élèves. Avec le désormais traditionnel "Forum des métiers", les enfants ont pu, au cours de rencontres menées sous forme d'ateliers, échanger avec des professionnels venus présenter leur activité. Le lendemain, le salon des études supérieures a réuni plus de 50 écoles et universités, françaises et espagnoles, venues présenter leur formation aux futurs étudiants. Objectif du dispositif : assurer, dans la continuité du niveau scolaire des établissements français de l'étranger, l'excellence des parcours post-Bac, mais aussi les bons choix d'études.
(Photos Campus France) Pour la 15e édition du Forum des métiers, une grosse cinquantaine de professionnels se sont prêtés au jeu vendredi matin. Regroupés par corps de métiers, ils ont répondu aux questions d'élèves de Troisième, Seconde et Première, concernant leur activité. Un exercice qui a le mérite d'apporter une petite dose de concret dans la projection souvent encore floue qu'ont les adolescents de l'univers professionnel. Horaires, rémunération, rythmes de travail, vacances... Face aux inquiétudes un peu candides des lycéens, les adultes ont décrypté le quotidien de leur métier, évoquant les compétences requises et les exigences propres à leurs univers professionnel, tandis que les plus enthousiastes n'auront pas manqué de faire rêver leurs jeunes interlocuteurs, avec les côtés les plus passionnants de leur métier. "La continuité entre le lycée et les études supérieures est un sujet sur lequel nous travaillons énormément", a déclaré Nicolas Kassianides, le Conseiller culturel de l'Ambassade de France, devant les intervenants de la journée. "Faire venir des entreprises dans l'établissement pour travailler avec les élèves, pour les aider à définir leur projet professionnel est primordial", estime pour sa part Annick Bouvier, Proviseure du LFM. "C'est aussi un bon moyen de les mettre en contact avec une réalité professionnelle différente de celle véhiculée à la maison, par les parents".
| A l'occasion du Forum des métiers, Le Lycée Français de Madrid a signé une convention avec l'association "Elles Bougent", qui initie ainsi sa première collaboration en dehors de l'Hexagone. "Elles bougent" est une association dont l'objet est de susciter des vocations féminines pour les secteurs industriels. Le constat est alarmant : seulement 27% des effectifs des écoles d'ingénieurs sont constitués par des femmes. Une jeune fille sur 10 seulement exprime le souhait de travailler dans l'informatique. Le LFM se lance donc dans le challenge de faire changer les choses, profitant notamment de l'ouverture cette année de sa nouvelle filière SSI. "Il est important de favoriser l'émergence d'ingénieures avec un 'e'" estime Annick Bouvier. |
Un salon itinérant
Samedi, c'est le salon des études supérieures qui a eu un beau succès, avec près de 1200 visiteurs pointés par Campus France, co-organisateur de la manifestation avec le LFM. Cette année, 54 écoles et universités ont fait le déplacement, dont 28 françaises, une vingtaine d'espagnoles, ainsi que des formations québecoises et suisses. Le salon de Madrid s'inscrit en outre dans un parcours itinérant qu'a organisé Campus France tout au long de la semaine dernière, à Saragosse, Barcelone et Séville, où les élèves ont eu l'occasion, au sein des lycées français, de profiter de la même formule. "En plus des formations françaises, nous essayons aussi de faire venir les institutions espagnoles qui proposent des double-diplômes avec la France", explique Floriane Civadier, responsable de Campus France Espagne, "car les parents ne sont pas toujours prêts à envoyer tout de suite leurs enfants étudier dans l'Hexagone". La formule permet de passer une partie du cursus en Espagne, et le reste en France. Surtout elle assure une reconnaissance de la part de la France et de l'Espagne du diplôme en fin d'étude.
Des nouveautés dans les doubles diplômes
Un projet de création d'une Université franco-espagnole, pilotée par les universités de Pau et de Saragosse et sur lequel travaillent actuellement les autorités des deux pays, devrait prochainement permettre "de soutenir les relations et échanges entre des établissements d'enseignement français et espagnols, et de mettre en place des projets binationaux dans le domaine de l'enseignement" communique à ce propos l'Institut français d'Espagne. Autre information importante, qui n'est pas passée inaperçue sur le salon : l'école Paris Dauphine ouvre l'an prochain à Madrid, son programme Global Bachelor, au sein de l'Université Carlos III (U3CM). Rémi Duloquin, Proviseur-adjoint du lycée, explique l'intérêt de ces formules : "si la continuité naturelle des études au sein du LFM est constituée par un cursus en France, on sait que 55% de nos élèves restent en Espagne".
"Les élèves des lycées français ont un niveau d'étude très élevé"
Le Lycée prospecte donc des écoles et des universités susceptibles d'apporter des solutions aux attentes de ses élèves, souvent à cheval entre deux pays, la France et l'Espagne, et régulièrement en demande de cursus axés vers l'international. "Nos élèves, nous le savons, ont les capacités d'intégrer les meilleures filières", précise par ailleurs Rémi Duloquin. Les instituts d'études supérieures, français comme espagnols, en sont conscients et se bousculent au portillon pour séduire les élèves de l'établissement. Sur le stand de la prestigieuse université CEU Cardenal Herrera, Fernando, ex-élève du LFM venu promouvoir sa formation, le confirme : "Il y a de nombreuses matières où je suis en avance par rapport aux autres élèves, car j'ai déjà étudié une partie des sujets au Lycée l'an dernier. En laboratoire, je connais déjà de nombreuses machines que nous avons utilisé au LFM". "Les élèves des lycées français ont un niveau d'étude très élevé ; ils ont une bonne capacité pour faire des travaux de recherche et pour parler en public", estime pour sa part Marta Pintado, responsable des admissions à l'université Camilo Jose Cela.
Les débouchés professionnels
Quant à Jérôme Viguier, directeur des études à Sciences Po Toulouse, il explique : "Cette année, nous avons décidé de nous concentrer sur l'Espagne, notre but étant notamment de travailler encore plus sur le transfrontalier". Et d'ajouter : "Les élèves nous demandent les avantages de la formation, mais la question de l'insertion professionnelle est aussi de plus en plus fréquente". Une préoccupation que rejoignent les responsables du LFM. "Nous demandons à nos élèves de développer une stratégie pas uniquement relative au cursus des premières années, mais aussi pour la suite", commente Rémi Duloquin.
Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) mardi 1er décembre 2015
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