Édition internationale

Quel que soit le vainqueur du 23J, voici les défis de la présidence espagnole de l'UE

La présidence de l'Espagne sera marquée par les élections du 23-J, qui auraient de toutes façons dû se tenir en décembre. L'Espagne est fin prête et Pedro Sanchez a dévoilé les grands axes de cette présidence tournante, d'autant plus importante que ce sera la dernière avant les élections du Parlement européen.

Pedro Sánchez lors de la présentationPedro Sánchez lors de la présentation
Pedro Sánchez présente les quatre axes principaux de la présidence espagnole de l'UE / Pool Moncloa
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 29 juin 2023, mis à jour le 30 juin 2023

L'Espagne présidera à partir du 1er juillet le Conseil de l'UE, une fonction rotatoire de six mois qui renforce ou affaiblit le prestige du pays. Or, cette présidence sera marquée par les élections législatives du 23 juillet, ce qui conduit beaucoup à prédire qu'il n'y aura pas de progrès sur des questions essentielles. Toutefois, il faut rappeler qu'il était déjà prévu qu'il y aurait des élections générales en Espagne, puisqu'elles devaient avoir lieu en décembre. Et ce n'est pas non plus la première fois qu'un gouvernement est confronté à des élections générales pendant les six mois de sa présidence européenne.

 

L'Union européenne traverse une crise sans précédent dont elle ne s'est pas remise depuis le Brexit puis la pandémie. Toutefois, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a agi comme un catalyseur pour que les 27 décident de réagir afin de retrouver leur place dans l'échiquier géopolitique. Ce moment historique, qui a également permis à une moribonde OTAN de reprendre du poil de la bête, a été qualifié par Emmanuel Macron de "fin de l'innocence", par Olaf Schol, le chancelier allemand, de "changement d'ère" et par Josep Borrell, le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, de "réveil géopolitique". C'est en somme ce qu'avait prédit le fondateur de l'UE, Jean Monnet, qui affirmait que "l'Europe se forgera dans les crises et sera la somme des solutions adoptées pour faire face à ces crises". 

Défi nº1: maintenir l'unité de l'UE

Face à une telle situation, quel sera le rôle de l'Espagne en assumant dans quelques jours la présidence du Conseil de l'UE pour six mois? Quelle que soit la couleur du parti qui réside à Moncloa pendant la présidence, le plus grand défi sera de maintenir cette unité européenne qui s'est formée autour de la guerre en Ukraine. "Rien n'unit plus qu'un ennemi commun. En l'occurrence, Vladimir Poutine" a expliqué un expert de Real Instituto Elcano. En d'autres termes, l'Espagne doit contenir les fissures dans l'unité.

À cet égard, l'Espagne plaidera en faveur d'un plus grand approfondissement du marché intérieur, de l'achèvement de l'union bancaire et de l'union des marchés de capitaux.

Et précisément, lors de la présentation à la presse des priorités de cette présidence de l'UE, Pedro Sanchez a souligné l'esprit pro-européen de l'Espagne: "L'Europe a été notre porte d'entrée dans la modernité et sera le chemin qui nous mènera vers le meilleur avenir", rappelant que "l'Europe a surmonté les crises et en est sortie plus forte". C'est pourquoi, dans un contexte marqué par l'incertitude et les tensions géopolitiques croissantes, le renforcement de l'unité européenne sera l'une des priorités de la Présidence espagnole. À cet égard, elle plaidera en faveur d'un plus grand approfondissement du marché intérieur, de l'achèvement de l'union bancaire et de l'union des marchés de capitaux.

 

pedro sanchez devant les journalistes
Le renforcement de l'unité européenne sera l'une des priorités de la Présidence espagnole/Pool Moncloa

La réindustrialisation de l'Union européenne

Une autre priorité sera la réindustrialisation de l'Union européenne et la garantie de son autonomie stratégique. Pedro Sanchez a réitéré la nécessité de trouver de nouvelles voies pour éloigner l'Europe des situations de dépendance excessive à l'égard des pays tiers dans des domaines cruciaux tels que l'énergie, la santé, les technologies numériques et l'alimentation. Au cours des prochains mois, la présidence espagnole travaillera sur deux fronts pour progresser vers une autonomie stratégique ouverte. D'une part, elle encouragera les dossiers qui favorisent le développement d'industries et de technologies stratégiques en Europe et qui diversifient les relations commerciales. À cet égard, le président Sánchez a réaffirmé que l'Amérique latine serait une priorité. Un sujet de discorde avec la France qui vient de bloquer l'accord avec le Mercosur que l'Espagne veut faire passer pendant sa présidence de l'UE. Deuxièmement, l'Espagne proposera une stratégie commune visant à garantir la sécurité économique et le leadership mondial de l'UE jusqu'en 2030.

L'Espagne plaidera en faveur de l'établissement de normes minimales communes pour l'impôt sur les sociétés dans tous les États membres

Progresser dans la transition écologique

Le troisième axe prioritaire est de progresser dans la transition écologique et l'adaptation environnementale. Au cours de la présidence espagnole, une réforme du marché de l'électricité sera promue afin d'accélérer le déploiement des énergies renouvelables, de réduire les prix de l'électricité et d'améliorer la stabilité du système. "Nous accélérerons le traitement des dossiers législatifs liés à l'initiative 'Fit for 55', comme le paquet sur le gaz et l'hydrogène, et la réglementation sur l'efficacité énergétique", a déclaré Pedro Sánchez.

Pour la première fois, toutes les communautés autonomes accueilleront au moins une réunion ministérielle,  montrant ainsi aux Européens la richesse de leur territoire et la diversité qui caractérise l'Espagne.

Une plus grande justice sociale et économique

La consolidation du pilier social, c'est-à-dire l'obtention d'une plus grande justice sociale et économique, est une autre priorité essentielle de la Présidence espagnole. Ainsi, au cours des six prochains mois, l'Espagne plaidera en faveur de l'établissement de normes minimales communes pour l'impôt sur les sociétés dans tous les États membres et luttera contre l'évasion fiscale des grandes multinationales. "L'évasion fiscale coûte chaque année à l'Europe 1,5 point de PIB, soit autant que ce qu'elle investit dans la construction de logements sociaux et la protection de l'environnement", a souligné le président Sánchez.

pedro sanchez
Toutes les communautés autonomes accueilleront au moins une réunion ministérielle/Pool Moncloa

Gros coup de projecteur sur les régions espagnoles

Outre la promotion de ces quatre priorités, l'Espagne accueillera et coordonnera, au cours des six prochains mois, des négociations au plus haut niveau sur une multitude de questions vitales, garantissant l'approbation de dizaines de dossiers qui finiront par devenir des lois et des mesures concrètes. Pour la première fois, toutes les communautés autonomes accueilleront au moins une réunion ministérielle et auront ainsi l'occasion de montrer à l'opinion publique européenne la richesse de leur territoire et la diversité qui caractérise l'Espagne. Un coup de pub fantastique pour la promotion d'un tourisme autre que soleil et plage.

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