Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

CONFERENCE DIALOGO - Startups : une vision franco-espagnole des clés du succès

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 30 janvier 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

La semaine dernière l'association d'amitié franco-espagnole Diálogo organisait une conférence autour de 4 entreprises, françaises et espagnoles, fraichement créées et faisant déjà preuve d'une belle réussite. Dans des secteurs d'activité aussi variés que le transport ou la cosmétique, en BtoB comme en BtoC, sur le Web, en 1.0, en 2.0, ou à travers les points de vente traditionnels, ces entreprises ont su développer des stratégies gagnantes pour faire parvenir leurs produits et leurs services à un marché souvent saturé. Au cours de leurs interventions, ces entrepreneurs sont revenus sur leur courte expérience, avec lucidité, humour et humilité, délivrant au passage quelques considérations bien utiles, de part et d'autre des Pyrénées.

(Photo Diálogo) On porte tous un entrepreneur au fond de nous-mêmes : cette petite voix qui nous souffle régulièrement l'idée du siècle, celle qui devrait bouleverser les habitudes de consommation de nos contemporains et faire de nous des millionaires. Porter ce fantasme à la pratique, ne serait-ce qu'en définissant mentalement les étapes à franchir pour atteindre le succès qui semble au premier abord si proche, s'avère souvent cruel. En 2015, 9 startups espagnoles sur 10 déposaient le bilan avant les 3 ans d'existence, selon une étude de Spain Startup. La pérénité du projet, mais aussi le passage du statut de startup à celui d'entreprise consolidée, dépendent de nombreux facteurs. Sandrine Naslin, modératrice de la conférence, professeure associée de IE Business School, entrepreneuse (elle est la créatrice des Quesos de l'Amélie), a sollicité un regard dans le retroviseur de la part des intervenants, afin de mettre le doigt sur les aspects les plus marquants de leur expérience.

Les quatre entrepreneurs ont souligné l'importance du facteur humain, dans le succès de leur initiative. A l'image de Jaime Garrastazu, fondateur avec 3 copains de la marque de vente de chaussures en ligne Pompeii, ou de Jaime Colsa, fondateur et CEO de Palibex, le premier distributeur espagnol express de marchandise palétisée. Ce dernier a d'une part mis en avant la cohésion et la constance du groupe fondateur de l'entreprise, encore à la tête de la structure 5 ans après le lancement du projet, mais aussi insisté sur le choix fait de s'entourer des personnes avec des compétences variées, externes au secteur d'activité -et donc porteurs d'un regard neuf. Il a aussi défendu une des caractéristiques de son entreprise, ancrée dans l'ADN du projet : l'engagement avec l'ensemble des employés, en termes de retribution notamment, impliquant l'ensemble des personnels dans le succès de sa marque. Valérie Aucouturier, Directrice de Sentidea, est revenu sur l'importance de définir un cap commun au sein de la Direction : "Il est indispensable d'avoir la même vision de l'entreprise et les mêmes objectifs". Quant à Ana Cervera, responsable marketing de Cheerz España, elle a rebondi sur l'importance de savoir déléguer : "Dès que l'on maîtrise un domaine de son entreprise, il faut savoir le transmettre à quelqu'un de son équipe, pour acquérir de nouvelles comnpétences", a-t-elle estimé.

Or si la croissance d'une startup dépend grandement de l'implication de ses collaborateurs et de ses associés, et donc du choix pertinent de ces derniers, elle est aussi liée à la capacité de générer un chiffre d'affaires et une trésorerie permettant d'une part de recruter et d'autre part de produire. La levée de fonds constitue une étape cruciale dans le développement d'une startup. Autour de la table, les modèles choisis, mais aussi les stades de développement des entreprises représentées, ont permis d'illustrer une palette assez large d'options qui se présentent -ou pas- aux entrepreneurs. A l'image d'Antoine Le Conte et Aurélien de Meaux, fondateurs de Cheerz, qui ont au cours des 5 années d'existence de leur entreprise, été amenés à lever 120.000 ?, puis 300.000 ? et enfin 6 millions d'euros. L'entreprise a facturé 8 millions d'euros en 2015. L'Espagnol Jaime Colsa a pour sa part fait le choix de développer son réseau de distribution sur le territoire espagnol via un système de franchise, lui permettant de contourner les problématiques de la financiation externe. "L'entrepreneur a besoin d'argent pour croître", a admis Valérie Aucouturier, "mais aussi pour faire face aux imprévus et aux revers liés au lancement de l'activité". La créatrice de Sentidea a ainsi défendu la nécessité d'une gestion millimétrique des finances de la startup, et la nécessité de contrôler chaque poste de dépense. C'est encore le fabricant de chaussures Jaime Garrastazu, qui s'est permis de mettre les pieds dans le plat. Après avoir fait l'éloge de la méconnaissance de son marché, le jeune entrepreneur a défendu le choix fait par son équipe d'associés de repousser la croissance de l'entreprise, notamment vers des pays tiers, et celui de ne pas faire appel à une financiation externe. "Tant que nous ne maîtriserons pas l'ensemble des tenants et aboutissants de l'animal que nous avons créé, cela n'a pas de sens de se lancer dans une dimension supérieure de l'activité", a-t-il déclaré. "Êtes vous sûr que le jour où vous ferez appel à elle, la financiation externe répondra présente ?", l'a interpellé la modératrice. "On verra. Il me semble qu'en ce moment il y a plus de capital disponible que d'idées valables à financer", a répondu l'intéressé.

Les quatre orateurs ont évoqué la charge de travail liée à l'entrepreneuriat. "J'ai 45 ans et ai travaillé toute ma vie dans des grandes boîtes", a déclaré Jaime Colsa. "Lorsque je me suis lancé dans Palibex, je pensais que j'allais travailler dur, mais que je savais déjà ce que cela signifiait. En fait la réalité est bien pire encore". Ana Cervera et Jaime Garrastazu ont cité la persévérance des fondateurs comme facteur clé au succès de la startup. La nécessité de profiter de l'aventure a aussi été au centre des discussions. "Il est plus important de se faire plaisir que de rencontrer le succès", a estimé Jaime Colsa. Et d'ajouter : "On se découvre à toujours chercher le prochain objectif, sans profiter des succès engrangés. C'est frustrant". "J'ai tendance à me focaliser sur ce que je fais mal, plutôt que sur ce que je fais bien", a relancé Jaime Garrastazu. "Lorsque je vois quelqu'un dans la rue qui porte nos chaussures, je suis content, mais tout de suite après je pense : 'On devrait en voir plus souvent quand même'". Ce dernier a aussi fait une remarque à laquelle chaque entrepreneur en herbe devrait revenir régulièrement : "L'entrepreneur péche parfois par optimisme et finit par croire sa propre réalité : c'est une grande erreur. En réalité l'entrepreneur ne décide rien, celui qui décide, c'est le marché. C'est une grande leçon d'humilité".

VG (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 31 janvier 2017
Inscrivez-vous à notre newsletter gratuite !
Suivez nous sur Facebook et sur Twitter
Téléchargez notre application pour téléphone mobile via Itunes ou via Google Play

 

logofbespagne
Publié le 30 janvier 2017, mis à jour le 7 janvier 2018