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RAPPENEAU: "1er pays où la version restaurée de Cyrano a été diffusée"

JP RappeneauJP Rappeneau
©C.Dief
Écrit par Charlène Dief
Publié le 16 octobre 2018, mis à jour le 18 octobre 2018

Cette année Jean-Paul Rappeneau est le parrain de la festa do cinema francês 2018 qui a eu lieu du 4 au 14 octobre à Lisbonne et qui continue jusqu´au 11 novembre dans d´autres villes de province. A cette occasion, il a présenté une version de Cyrano de Bergerac remasterisée lors de la soirée d´inauguration le 4 octobre dernier. Nous avons eu l’occasion de le rencontrer afin d’en savoir plus sur le tournage de ce film et de savoir ce qu’il pense de cette nouvelle version qui peut, actuellement, se voir en salle au Portugal.
 

 

Lepetitjournal : Racontez-nous les circonstances de votre nomination en tant que parrain du festival ?

Jean-Paul Rappeneau : L’ensemble de mes films avait déjà été peu à peu restauré et numérisé à part le Hussard sur le toit et Cyrano de Bergerac. Ces deux derniers demandaient, peut-être, plus de budget et de travail. Maintenant qu’ils ont enfin été remasterisés, la cinémathèque française a décidé de faire une rétrospective de mes films, qui vont donc ressortir en salle en France mais aussi au Portugal. C’est dans ce contexte que l’on m’a demandé d’être le parrain de la Festa do cinema francês 2018.  Il se trouve que le premier pays où cette version restaurée de Cyrano de bergerac, a été diffusée est le Portugal lors de la  projection d’inauguration. Je suis très touché d´avoir été choisi pour être le parrain de cette édition.
 

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez vu la version de Cyrano remasterisée ?

Cela fait très longtemps que je ne l’avais pas revu car je n’aime pas revisionner régulièrement mes films. Cela m’a donc permis de le revoir. C’est surtout pour le chef opérateur du film (Pierre Lhomme) que ce fut gratifiant. Car bien qu’il ait reçu plusieurs prix pour ce film, il considérait que ce n’était pas parfait. Grâce à la numérisation il savait qu’il pourrait reprendre certains défauts. Il s’est beaucoup attaché à cette numérisation, pendant très longtemps (rires). On a retravaillé les couleurs mais aussi le son et je trouve que le film est mieux maintenant.
 

Considérez-vous ce film comme l’œuvre phare de votre filmographie ?

Bizarrement c’est le seul de mes films qu’on m’ait proposé et dont l’idée de départ ne venait pas de moi. J’ai beaucoup hésité car je trouvais que cette pièce était vieillotte. Je ne me voyais pas en faire un film. J’ai l’habitude d’écrire les scénarios de mes films, alors que là je devais respecter le texte de la pièce. A l’époque d’ailleurs, mes fils m’avaient déconseillé de faire ce projet. Mais finalement, ce film est lié à mon enfance et à mon premier souvenir de théâtre car c’est la première pièce que j’ai eu l’occasion de voir. J’ai donc fait appel à l’enfant que j’ai été pour faire ce film. D’ailleurs la première scène est une référence à mon enfance. Et j’ai finalement raconté l’histoire du point de vue de cet enfant en quelque sorte.
 

Comment s’est fait le choix de Depardieu comme acteur principal ?

C’était une évidence. Quand on m’a proposé de faire ce film, on m’a en même temps demandé de choisir l’acteur principal. Il fallait que je donne une réponse immédiatement. J’ai reçu le coup de téléphone de mon agent à 10 heures du matin et 2 heures plus tard je devais donner ma réponse avec le nom de l’acteur principal. J’avais en tête tous les acteurs français mais pour moi c’était évident que Gérard était la personne idéale. Cela ne pouvait être que lui. Cela faisait un certain temps que j’avais envie de travailler avec lui.
 

Pouvez-vous nous raconter un souvenir marquant du tournage de ce film ?

Après avoir accepté de faire ce film, je souhaitais vraiment travailler sur l’aspect visuel. J’avais en tête de faire une sorte d’opéra verbal. Je voulais travailler avec un artiste italien, un grand décorateur (Ezio Frigerio), une grande costumière (Franca Squarciapino). L’idée était de créer un monde imaginaire. Seulement quand l’addition a été faite de toutes mes demandes, le prix était tellement élevé que l’on m’a dit que ce n’était pas possible. Les personnes qui m’avaient proposé le film initialement se sont d’ailleurs retirées. Le projet a été suspendu et j’ai continué à travailler sur mes autres projets, dont une publicité tournée à Budapest. C’est comme cela que m’est venu l’idée de tourner le film dans des studios là-bas pour faire des économies sans faire de compromis sur l’esthétique. Et c’est comme cela que le film a continué.
 

Avez-vous des projets de film en cours?

Oui, il n’y a pas que les Portugais qui font des films jusqu’à 100 ans* (rires). Je suis en train de travailler sur un film pour l’année prochaine. Je suis actuellement en phase d’écriture mais par superstition je ne peux rien dire de plus. Si je vous raconte le synopsis et que vous faites une tête déçue, cela me ferait trop douter.

 
Est-ce votre première fois à Lisbonne ?

Non. Il y a quelques années je suis venu tourner un film publicitaire. Nous étions au parc Eduardo VII. C’était au moment où Juliette Binoche avait obtenu un oscar pour son rôle dans le Patient anglais. Je m’en souviens car j’avais même reçu un coup de téléphone pour faire un commentaire à son sujet. Mais je n’avais pas eu le temps de visiter à l’époque.
 
* référence au célèbre cinéaste portugais Manoël de Oliveira mort à 106 ans.

En savoir plus : https://festadocinemafrances.com/19a

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