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Les entrepreneurs francophones et le confinement

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©Yann Arhuis
Écrit par Yann Arhuis
Publié le 12 mai 2020, mis à jour le 13 mai 2020

La crise sanitaire du Covid-19 nous oblige à adapter nos vies tant au niveau personnel que professionnel. Nous avons demandé à des entrepreneurs francophones à Lisbonne comment ils ont adapté leurs activités durant le confinement et comment ils entrevoient le retour à la vie où vient de démarrer le déconfinement.

 

Patricia et Éric pour le Restaurant L’Os à Moelle

Restaurant situé au Pateo Bagatela à Lisbonne proposant une fusion de cuisine française et portugaise autour de viandes sélectionnées et maturées.
« Cette crise nous a contraint à fermer complétement l’établissement. Ayant ouvert il y a moins d´un an et notre trésorerie n’étant pas consolidée, nous avons dû nous résoudre à licencier l’ensemble de notre équipe afin de pouvoir couvrir uniquement les charges fixes. Nous avons aussi réinjecté de l’argent et nous sommes soutenus par notre banquier. Nous avons mis en place de la vente à emporter du mardi au samedi midi et soir et nous cherchons actuellement une personne qui pourrait faire des livraisons sur Lisbonne » nous disent Patricia et Éric les propriétaires de ce beau et bon restaurant.
Ils poursuivent : « A ce jour, la reprise reste une inconnue. Nous restons malgré tout motivés car la solidarité des francophones est forte ici et nous réconforte. Nous comptons sur eux dès la réouverture !
»
 

Jean-Luc pour Envie de Lisbonne

Cabinet de conseil et d’accompagnement pour l’installation, l’investissement et la création d’activité à Lisbonne et sa région.
« Je fais partie de ceux qui pensent que la bulle immobilière doit exploser pour revenir à des prix plus adaptés au vrai niveau de vie local. Aussi, je suis optimiste sur un ajustement des prix de locations et de ventes des biens après cette crise. Certains de mes clients étaient heureux de me savoir à leurs côtés pour finaliser quelques démarches administratives sur place. J'ai également pas mal de contacts de personnes voulant arriver pour la rentrée scolaire de septembre et finalement ouvertes à un accompagnement du fait de la situation aux frontières » nous confie Jean-Luc, responsable de ce cabinet de conseil et installé à Lisbonne depuis 2019 ?  
Il continue : « La plupart des projets sont à l'arrêt depuis le début de cette crise. Cependant, l'image du Portugal est très positive dans sa gestion du Coronavirus et je me dis que les projets d'installation au Portugal vont repartir de plus belles et ceci d'autant que les prix de l'immobilier locatif et les prix de pierre peuvent baisser. Lisbonne gagnerait alors en attractivité. Au bilan, mon activité s'est maintenue et je reste optimiste sur la suite »
Positif !

Le patron de Envie Lisbonne conclue en rappelant qu´il est « membre d'un réseau international de networking (BNI pour le nommer). Ce réseau s'est réuni en virtuel tout le temps de cette crise. J'ai donc profité de cette situation pour faire connaître mes services en participant à des réunions en France de manière très régulière et assidue. J'ai déjà pas mal de retombées.
Le Portugal a connu plein de crises et a une capacité extraordinaire pour se relever ! Je reste donc optimiste et il le faut quand on est à son compte !
»
 

Sidonie pour le Café São

Spécialité de pâtisseries françaises et cuisine de saison avec un espace épicerie fine de produits portugais, français et italien.
Cette chef d´entreprise nous confie : « Le café n'était pas ouvert avant la crise. Les travaux ont pris beaucoup de retard car les ouvriers ne peuvent pas être trop nombreux en même temps sur le chantier. Certains fournisseurs de matériel sont fermés ou ne sont pas en mesure d'assurer les livraisons. Par exemple, ma machine à Café vient d'Italie et le distributeur au Portugal est basé à Barcelone en Espagne. Je n'étais pas sûre de la recevoir, mais elle est finalement partie hier.
Sachant que je n'avais pas démarrer mon activité, je n'ai rien mis en place mais j'ai réfléchi à des solutions si cela devait se reproduire. J'ai commencé à regarder les prestataires de commerce en ligne pour pouvoir vendre les produits de l'épicerie fine. Je pense que si j'avais été en activité à ce moment-là, j'aurais proposé des produits à emporter avec un service de commande et une possibilité de livraison à la maison.
En ce qui concerne l'ouverture, pour l'instant j’attends l'intervention officielle d'Antonio Costa pour voir quelles sont les mesures de réouverture. De plus mes travaux ne sont toujours pas finis donc je préfère ne rien annoncer.
Pour l’après crise, je suis plutôt positive, je pense que les gens ont manqué de sociabilité. Le café est un bon endroit pour se retrouver même s’il va y avoir des règles plutôt strictes, je reste donc confiante. Enfin, la nourriture est un bien essentiel. C'est sûr que la clientèle touristique va manquer mais j'espère bien que le café sera apprécié des gens du quartiers et de tous les Lisboètes. Il est situé dans le quartier de l´Assemblée nationale avec pas mal de passage
»

 

Anastasia et Yohan pour Instant Crunch

Fusion de cuisine franco-portugaise proposant des Brunchs et Petiscos (tapas portugaises) dans une ambiance "comme à la maison".
« Nous avons repris une entreprise depuis le 1er mars et n'avons donc même pas pu ouvrir une seule fois le restaurant. Après un mois de travaux la pandémie s'est amorcée et nous avons donc dû rester fermé. » nous raconte Anastasia et Yohan, propriétaires de cet établissement commercial sur Lisbonne. Ils poursuivent : « ayant repris une activité avec un chiffre d'affaires, nous ne pouvons pas bénéficier d'aides d'après les dernières nouvelles de notre cabinet comptable. Nous avons ouvert en vente à emporter et Ubereats et revisité notre menu afin de vendre des plats plus pratiques à la collecte.
Nous avons un tout petit chiffre d'affaires car la concurrence est rude pour les livraisons. Cela ne permet pas de couvrir toutes nos charges et sommes donc en pertes pour le mois d'avril. Les seuls avantages sont de nous familiariser avec notre restaurant, d’apprendre les pratiques de la clientèle portugaise ainsi que de progresser en langue portugaise
».

Ils rajoutent : « Nous espérons que le tourisme reviendra, notre emplacement est cher car la zone est touristique et proche de l'Avenida da Liberdade (en plein centre, rue la plus chère de Lisbonne). Nous espérons pouvoir avoir des aides, ouvrir à nos clients en respectant les mesures barrière s'il le faut, dans un premier temps et pouvoir survivre tout en faisant face à tous nos frais fixes, peut-être se voir octroyer un crédit bancaire...
Nous sommes impatients d’ouvrir notre superbe patio et que les gens viennent passer un délicieux moment en sirotant un smoothie et savourant un brunch au soleil
».

 

Marion pour Kulile

Kulile est une marque de mobilier personnalisable qui peut se créer en ligne et fabriqué dans la région de Porto.
« Le confinement a eu un impact plutôt positif sur l'activité de l'entreprise. Les gens sont chez eux, avec l'envie et le temps de repenser leur intérieur. Et surtout, avec un vrai besoin, celui de s'organiser un espace de travail bien à eux. Il y a donc eu plus de ventes de bureau sur le site que les mois précédents. »

Marion, gagnante du Challenge Business 2019 de l’association Entreprendre.pt pense que « nous allons souhaiter donner plus de sens à notre consommation. Nous allons demander aux entreprises plus de transparence sur les matières utilisées, sur le lieu et les conditions de fabrication. Avec cette crise, nous redécouvrons aussi toute l'importance de notre lieu de vie, qui est évidemment bien plus qu'un lieu de confinement. De nombreux foyers vont réorganiser leur façon de vivre. »

Elle conclue que « depuis le lancement de Kulile, nous avons fait le choix de la fabrication au Portugal et de reverser 1% de notre chiffre d’affaire à des associations œuvrant pour la reforestation en France. Sans doute, de nombreuses entreprises vont se réinventer et s'engager davantage dans des démarches sociales et environnementales. »

 

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