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La grève du personnel enseignant se poursuit au Portugal

Manifestation Professeurs au PortugalManifestation Professeurs au Portugal
©João Vasco
Écrit par Camille Roux
Publié le 6 février 2023, mis à jour le 6 février 2023

La grève du personnel enseignant se poursuit au Portugal et perturbe le système scolaire. Les négociations entre les syndicats et le ministère de l'éducation restent pour le moment bloquées, ce qui encourage les enseignants à poursuivre les manifestations et la grève avec l'appui des différents syndicats.

 

Le milieu scolaire sous tensions depuis le début de l'année scolaire

En proie à une crise du système scolaire depuis plusieurs années, le Portugal s'enflamme sous le poids de grèves à répétition. Les syndicats ont rencontré le ministère de l'éducation en ce début d'année pour discuter principalement du système de recrutement et de mobilité des enseignants. Cela a abouti à des propositions très contestées qui n'ont pas su calmer la colère du personnel enseignant, mais aussi non-enseignant. Les revendications ont débutées en novembre dernier et se poursuivent depuis. Elles sont multiples, en commençant par de meilleures conditions de travail et une hausse des salaires pour pallier à l'inflation ainsi que la demande de postes sur la durée afin de ne pas avoir à déménager constamment d'une région à l'autre du pays, et ceci même après plusieurs années de service. Selon les syndicats, les enseignants auraient perdu plus de 20% de leur pouvoir d'achat depuis 2009 à cause de l'inflation et de la non-revalorisation des salaires. Mais ce n'est pas tout, les enseignants remettent également en cause le gel des perspectives de carrière et réclament un allégement du travail bureaucratique qui leur incombe.


Des syndicats particulièrement actifs

La grève a débuté au Portugal en novembre et décembre 2022 et se poursuit encore aujourd'hui sur l'ensemble du territoire. Le 27 janvier dernier, le tribunal administratif portugais a instauré un service minimum dans les écoles, une décision fortement contestée par les syndicats qui estiment que cela ne va pas à l'encontre du principe de droit à la grève. En réponse à cette décision, les manifestants ont investi l'Avenida da Liberdade à Lisbonne le lendemain, samedi 28 janvier. Trois syndicats sont particulièrement actifs : le syndicat des travailleurs de l'éducation (STOP), la fédération nationale des enseignants (FENPROF), ainsi que le syndicat indépendant des enseignants et des éducateurs (SIPE). Pour ces trois syndicats, les leviers d'action sont différents. STOP réclame une grève généralisée des enseignants mais aussi du personnel non-enseignant, tandis que FENPROF propose une grève par district en commençant par Lisbonne. Cela doit aboutir à une manifestation nationale le 11 février prochain. le SIPE, quant à lui, met en avant une grève visant seulement la première heure de cours de chaque professeur, ce qui rend la situation particulièrement instable car cela dépend de l'emploi du temps de l'enseignant. Pour le moment, les enseignants font grève, tous les jours, dans différentes régions du pays à tour de rôle, ce qui provoque une très grande instabilité pour les élèves et rend les parents très inquiets.


Vers un renforcement de la grève ?

Après l'échec du troisième tour de négociations qui a eu lieu jeudi 2 février, la grève se poursuit donc et pourrait même s'intensifier dans les jours à venir, et ce jusqu'à la manifestation nationale du 11 février, voire même au-delà. Mais quelles sont les conséquences d'une telle mobilisation ? Cette grève a tout d'abord un impact social, puisque les parents ne peuvent se rendre sur leur lieu de travail sans une possibilité de faire garder leurs enfants, ils subissent donc une pression de la part de leur employeur. Un impact économique également, puisque le règlement de cette situation de crise dépend principalement du ministère des finances, seul capable d'augmenter le budget alloué à l'École publique et de débloquer cette situation, or le ministre Fernando Medina ne s' est pas montré ouvert à cette possibilité. Pour autant, la mobilisation ne faiblit pas. Vendredi 3 février 2022, ce sont plus de 500 enseignants qui se sont réunis sur la Praça da República de la ville de Viana do Castelo, dans le nord du pays. Selon le syndicat des enseignants du nord (SPN), 97% des enseignants ont adhéré à la grève.

Comme dans d'autres pays européens, les prix augmentent mais les salaires ne sont que peu revalorisés, ce qui entraîne une baisse du pouvoir d'achat des ménages et une colère généralisée. Les grèves se multiplient d'ailleurs dans d´autres secteurs. En novembre, ce sont des milliers de médecins et de soignants qui se sont arrêtés pour protester, de plus un préavis de grève du personnel judiciaire a été annoncé à partir du 15 février. Même les forces de l´ordre par la voix des policiers se disent insatisfaits de leur condition de travail et surtout du niveau des salaires, peu élevés.

Un peu partout, en Europe et aux portes de celle-ci des revendications dues notamment aux conséquences de la guerre en Ukraine se font sentir. Une colère certaine semble montée, et tant pour le Portugal comme pour l’Espagne jusqu´à maintenant encore des bastions socialistes, comme pour d'autres pays l'instabilité est de mise. 2023 s'annonce comme une année pleine de défis à relever et sur les divers plans sociaux, économiques et même politique.

 

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