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Accident du funiculaire à Lisbonne : entre choc et enquête

Mercredi 3 septembre, Lisbonne a été frappée par un terrible accident, en effet, le funiculaire da Glória a déraillé, faisant 16 morts et une vingtaine de blessés. La ville a plongé dans l'émotion et le recueillement, tandis que les autorités ont ouvert une enquête sur les causes de déraillement. Symbole historique de Lisbonne, cet accident suscite une émotion profonde chez habitants et visiteurs.

Funiculaire da GloriaFuniculaire da Gloria
©Camille Ponsard
Écrit par Camille Ponsard
Publié le 9 septembre 2025


Le drame du funiculaire da Glória à Lisbonne

Le 3 septembre aux alentours de 18h, "l'elevador da Glória" a déraillé quelques minutes après avoir commencé son trajet vers la station Restauradores, emportant ses passagers dans une descente hors de contrôle. La cabine a dévalé la descente avant de heurter un bâtiment en contrebas. Le choc a été fatal pour 16 personnes et a fait 22 blessés dont un enfant de 3 ans et plusieurs dans un état critique. Une ressortissante française et son mari canadien venus faire du tourisme ont trouvé la mort. On compte parmi les morts cinq Portugais, trois Britanniques, deux Canadiens, deux Sud-Coréens, un Américain, un Suisse, un Ukrainien et une française. Des images du wagon broyé, diffusées en boucle, ont choqué la ville et le pays tout entier, provoquant une journée de deuil national et une enquête judiciaire pour déterminer les causes exactes de cette tragédie humaine.


Enquête en cours : des résultats préliminaires qui n'expliquent pas tout

Depuis samedi, une enquête officielle est en cours pour établir les causes exactes de l'accident. Les résultats préliminaires pointent vers la rupture du câble de traction, laissant la cabine sans contrôle. Cette hypothèse est désormais jugée la plus probable par les enquêteurs du GPIAAF (Bureau de prévention et d'enquête sur les accidents d'aviation et les accidents ferroviaires) 

Les expertises techniques, toujours en cours, devront aussi déterminer si la maintenance réalisée peu avant la tragédie était suffisante. Une question centrale qui place les autorités municipales sous le feu des projecteurs.


Le maire de Lisbonne sous pression mais déterminé à rester en poste

Face aux critiques en particulier de l'opposition, le maire de Lisbonne, Carlos Moedas, a affirmé qu'il ne démissionnerait pas. Il a défendu l'action de la municipalité, rappelant que les contrôles techniques avaient bien été effectués. Pour dissiper les inquiétudes, il a ordonné l'arrêt immédiat des autres funiculaires de la capitale : Bica, Lavra et Graça le temps de vérifications complètes. Mais pour une partie de l'opinion publique, ces mesures tardives peinent à effacer l'impression d'un système fragilisé. Si la polémique politique agite l'Hôtel de Ville, dans les rues de Lisbonne l'émotion l'emporte sur les querelles. Car au-delà des responsabilités à établir, c'est surtout une partie de la mémoire collective qui a été touchée  avec cet accident.


Un symbole brisé en plein cœur de Lisbonne

Inauguré en 1899, "l'elevador da Glória" n'était pas seulement un moyen de transport pratique : il incarnait l'âme de la capitale, reliant chaque jour la place des Restauradores aux ruelles du Bairro Alto. Classé monument national, il faisait partie du décor quotidien des habitants et du parcours obligé des visiteurs. Sa silhouette jaune et ses cliquetis familiers symbolisaient une Lisbonne à la fois populaire et pittoresque. Désormais, son image restera associée à l'une des pages les plus sombres de l'histoire récente de la ville.


Quand Lisbonne fait la Une internationale

Dès les premières heures, l'accident a fait la Une de la presse internationale. Du New York Times à la BBC, en passant par Le Monde ou la presse allemande, l'image du funiculaire accidenté a circulé dans le monde entier. Car parmi les victimes figuraient plusieurs étrangers, ce qui a renforcé l'impact de la catastrophe au-delà du Portugal. À Hambourg, à Londres ou à Séoul, des articles rendent hommage aux disparus et interrogent sur la sécurité de ce genre de transport.  Lisbonne, ville touristique par excellence, se retrouve ainsi au centre d'une attention médiatique particulière.

 

Elevador da Gloria
©Camille Ponsard


Recueillement et émotion sur les rails du funiculaire

Lepetitjournal s'est rendu sur place, là où l'émotion reste vive et où chacun raconte, à sa manière, l'onde de choc provoquée par l'accident. Un parfum de cire chaude et de fleurs flotte encore place des Restauradores. Depuis mercredi dernier habitants et touristes déposent bougies et photos au pied de la colline. Tous viennent se recueillir devant les rails silencieux du funiculaire.

Etrangers et Lisboètes face à la même douleur

"J'ai pris ce funiculaire il y a trois jours à peine, je n'aurais jamais imaginé revenir devant ces wagons détruits", confie Michael, 38 ans, venu de Hambourg pour deux semaines de vacances. Comme de nombreux voyageurs, il s'est rendu sur les lieux de l'accident, où l'escalier improvisé de fleurs et de messages attire Lisboètes et étrangers.
Il raconte son sentiment de proximité avec les victimes, lui qui aurait pu se trouver à bord. "C'est étrange...ce n'est pas mon pays, mais je ressens ce deuil. On venait chercher de la beauté, et on se trouve face à une tragédie."

Parmi les visiteurs, João, 52 ans, employé dans une entreprise du centre-ville, a du mal à contenir son émotion. Les larmes aux yeux, il explique qu'il passe devant "l'elevador" presque chaque jour pour aller travailler. "Ce funiculaire faisait partie de ma vie. Quand je voyais ses cabines jaunes monter et descendre, je me sentais chez moi. Aujourd'hui, je n'arrive pas à accepter qu'il soit devenu le théâtre d'un cauchemar."
Pour lui, l'accident dépasse la seule question technique. "C'est comme si une partie de Lisbonne avait disparu. Nous avons perdu bien plus qu'un moyen de transport, nous avons perdu une part de notre identité."

Le témoignage d'un commerçant témoin de l'horreur

António, gérant d'une petite boutique à quelques mètres de la voie, a assisté directement au drame. Sa voix reste hésitante lorsqu'il décrit la scène "J'ai entendu un bruit énorme, métallique, comme un tonnerre. J'ai couru dehors et j'ai vu la cabine dévaler... Les cris, la panique, c'était insoutenable. Je ne pourrai jamais oublier ce que j'ai vu."
Encore sous le choc, il parle d'un "traumatisme à vie". Mais il insiste aussi sur la réaction immédiate des passants "Après l'accident, il y a eu un silence incroyable. Des gens se sont précipités pour aider, sans réfléchir. C'était une solidarité spontanée".


Pour les habitants comme pour les visiteurs, l'heure reste au recueillement. Le funiculaire da Glória, jadis symbole de charme et de légèreté, est devenu en quelques instants le rappel douloureux que même les icônes les plus familières peuvent être brisées. Lisbonne, endeuillée, tente désormais de conjuguer mémoire, sécurité et attachement à son patrimoine tout en cherchant à vérifier ce qui s'est passé afin qu'un tel accident ne se reproduise plus.

 

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