25 avril : quel sens a la Révolution des Œillets en 2025?

La Révolution des Œillets qui, en 1974, mit fin à presque 50 ans de dictature salazariste sans effusion de sang, que signifie-t-elle pour une génération qui n'a pas vécu sous un régime autoritaire ? Lepetitjournal est allé à la rencontre des habitants de Lisbonne pour recueillir leurs témoignages.

La Révolution des Œillets : retour en 1974

Le 25 avril 1974, un coup d'Etat militaire organisé par le Mouvement des Forces Armées (MFA) renverse pacifiquement le régime dictatorial de António de Oliveira Salazar, alors maintenu par son successeur Marcelo Caetano. Les militaires, progressivement radicalisés par le rejet des guerres coloniales menées en Afrique, lancent l'opération avec un chant emblématique diffusé à la radio : la chanson « Grândola, Vila Morena » de Zeca Afonso, interdite sous la dictature. Moins de 24 heures plus tard, la dictature salazariste tombe et un processus de démocratisation s'enclenche, avec la mise en place d'un gouvernement civil, d'élections libres et la fin de la colonisation.

Cette révolution se distingue notamment par son absence de violence. De plus, le nom donné à cette révolution provient des œillets distribués par Celeste Caeiro, une habitante de Lisbonne. Alors qu'elle transportait des œillets, un soldat lui aurait demandé une cigarette. N'ayant que les fleurs sur elle, elle en fit la distribution à tous les soldats. Ceux-ci arborèrent des œillets rouges dans leurs fusils ou leur boutonnière, donnant ainsi le nom à cette révolution.

Le 25 avril dans la culture portugaise : une célébration toujours d'actualité

Depuis 1974, le 25 avril est un jour férié, célébré comme Dia da Liberdade (Journée de la Liberté).
On trouve dans la culture portugaise de nombreuses références et célébrations à cette date. De nombreux chants y font référence, comme la chanson Grândola, Vila Morena de Zeca Alfonso, qui incarne dans les esprits la chanson emblématique de la révolution. À Lisbonne, un grand défilé a lieu sur l'Avenida da Liberdade, où des milliers de personnes rendent hommage aux valeurs de démocratie et de justice. Mais avec le temps, le regard sur cet événement évolue et certains se demandent si la jeunesse perçoit encore son importance.

Que pensent les Lisboètes du 25 avril ?

Étant donné que la révolution s'est déroulée à Lisbonne, cette date revêt une importance particulière pour les Lisboètes et a marqué durablement la ville. En tant que capitale, elle a joué un rôle central dans la libération du pays. De nombreux lieux emblématiques lui rendent hommage, comme l'Avenida da Liberdade, l'Avenida das Forças Armadas en mémoire des soldats, la Praça das Novas Nações, qui a remplacé l'ancienne Praça do Ultramar, autrefois liée à la colonisation ou encore le pont du 25 Avril, autrefois nommé Pont Salazar.

Lepetitjournal est allé interroger plusieurs habitants de Lisbonne pour recueillir leur perception de cette journée emblématique.

Lepetitjournal.com/Lisbonne : En tant que Portugais(se), que pensez-vous du 25 avril ? Faut-il le célébrer, et si oui est-ce que vous le célébrerez cette année ?

Ana, 23 ans, étudiante en art : Oui, je pense qu'il est important pour les Portugais de célébrer cette date, surtout à Lisbonne. Il y a des défilés dans la rue, les gens rappellent l'importance de la liberté. Personnellement j'irai le célébrer dans la rue le 25 avril prochain.

Miguel, 44 ans, professeur : Ce que j'en pense, c'est que c'est le jour le plus important de notre histoire récente donc c'est très important de le célébrer. L'année dernière, lors du 50ème anniversaire, j'étais dans la rue et c'était vraiment grandiose. J'y serai sûrement encore cette année.

Luisa, 49 ans, dentiste : Je n'étais pas encore née à l'époque, mais mes parents m'ont toujours rappelé l'importance de ce jour. Il nous rappelle que la liberté ne doit jamais être prise pour acquise.

Camila, 57 ans, avocate : J'étais petite en 1974 mais je sais que cette révolution a tout changé. Nous devons honorer ceux qui ont permis cette transition de régime et il faut se rappeler de ce qu'il s'est passé le 25 avril 1974.

Filipe, 77 ans, retraité : C'est essentiel de célébrer cette date. J'ai déjà rencontré des jeunes qui ne connaissaient pas la signification du 25 avril, ce qui me paraît impensable. Se souvenir de l'Histoire est un devoir. Même si je ne suis plus autant en forme qu'avant, je vais quand même sortir dans la rue et célébrer la liberté.

La plupart des Portugais considèrent donc le 25 avril comme un événement marquant qui renvoie à un devoir de mémoire important et nécessaire à célébrer. Une question demeure : comment transmettre cette mémoire au fil des générations ? Les témoignages des Lisboètes démontrent que cette révolution reste dans les esprits une fierté nationale, dont le souvenir doit être entretenu.