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PARC MONTEIRO-MOR - Cueillir des livres aux arbres

Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 juillet 2013

Après avoir présenté le parc de Monteiro-Mor de Lisbonne dans le quartier du Lumiar sous un angle historique et botanique nous vous invitons à le découvrir d´une façon plus poétique?

Cueillir des livres aux arbres
Sur le chemin lavé du matin, un tonnerre de fleurs opalines ; seraient-ce les moissons de la nuit? Des cristaux de lune ou d´azur polaire ? S´avancent des amants insatiables en train d´écrire leur fable, ivres de baisers, lui au soleil caché. Elle le regard d´albâtre ; voilà le genre de rencontre que l´on peut faire dans le Parque de Monteiro-Mor de Lisbonne, à Paço do Lumiar.
(Photos : M.J. Sobral)
Une passante exubérante, d´ailleurs, me dit : "Ici, c´est le meilleur du Portugal", en me montrant le Parque ainsi que la note du déjeuner qu´elle vient de prendre dans le restaurant au dessus de nous ; elle, radieuse toute en couleur après ce repas bien arrosé. Sur la terrasse la quiétude règne, on dirait un jardin tombé du ciel, du genre irréel avec des convives au ralenti voire

poussiéreux, oubliés par le temps avant de se figer pour l´éternité. Serait-ce le jardin de la nostalgie désuète ou des amours enfin apaisés ? Tout autour des immeubles peuvent s´agiter, les grandes routes siffler le golf swinguer, les avions hurler, quelques vaches s´affoler, rien ne semble pouvoir changer la vie hors du temps du Parque de Monteiro-Mor !

Voilà le lieu pour lire, pour écrire, pour flâner entre parenthèses ; un îlot perdu au bout de l´Europe sans savoir s´il s´agit de l´Europe, de l´Afrique, d´un pays de l´est ou des Indes ; quelque chose de non identifiable pour passants ayant volontairement pris des chemins de traverses ; quand un tel parque vous tombe dessus par hasard,  le choc peut être brutal, à ne pas s´en remettre lorsqu´à 18 heures, à sa fermeture vous vous retrouvez sur un bout de route désaffectée avec d´un coté la pampa et de l´autre des immeubles bien fatigués.

Il n´y a qu´à Lisbonne qu´existent encore ces lieux intemporels, au-delà de l´esthétique, du charme, sur la route du temps arrêté, du temps d´avant le temps ; ces lieux étranges pour prendre conscience à la fois de "l´inexorable gravité de l´existence" mais aussi de sa légèreté, tels des souffles égarés qui tenteraient d´adoucir le monde !

Nous avons marché main dans la main, dans tous les recoins du Parque, conscients de vivre un moment rare, sublime devant tant de simplicité, avec le sentiment de nous démunir comme si l´heure était enfin venue. Une chanson, juste une chanson qui passerait par là, Monteiro-Mor la mérite en l´honneur de ses passantes prêtes à s´envoler comme des anges devant toutes ces béatitudes, avec enfin dans le regard une sorte d´indépendance distante.

Se promener dans les allées du Parque de Monteiro-Mor me fait penser à une sorte de purification, au hasard des pensées qui viennent puis s´installent ; je m´y verrais bien cueillir des livres aux arbres car les arbres ici me paraissent à la fois géants et bizarres ; pourquoi ne donneraient-ils pas des livres en guise de fruits ?

Mais la chanson dirait aussi qu´il faut revenir à Monteiro-Mor, pour sûr, pour une deuxième couche afin de s´enduire d´une belle carapace intemporelle qui protégera des affres des années à venir ; une manière de lâcher prise. Et si c´était le message de cette forêt, avec toujours le filet de lumière, tout au bout de la terrasse, là haut, devant le restaurant ancien? Oublié.

Extrait du livre "Carnets de l´instant" (Lisbonne) de Philippe Despeysses aux éditions Persée (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) Reprise du jeudi 24 janvier 2013

Lire aussi notre article : JARDIN - Le parc-jardin de Monteiro-Mor, au Lumiar


logofblisbonne
Publié le 9 juillet 2013, mis à jour le 9 juillet 2013

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