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Valérie Lemercier se confie sur son dernier film Aline, hommage à Céline Dion

Valérie Lemercier Aline interviewValérie Lemercier Aline interview
Écrit par Jonas Weil
Publié le 2 décembre 2021, mis à jour le 3 décembre 2021

L'actrice et réalisatrice française Valérie Lemercier, lauréate de trois Molières pour ses one-woman show, et deux Césars de meilleure actrice dans un second rôle, présente son tout dernier fim « Aline » (A voz do Amor). Ce biopic doucement décalé est sorti en salle au Portugal le 1er décembre.

Pour sa sixième réalisation (elle a également été actrice dans chacun de ses films) Valérie Lemercier a décidé d'incarner la chanteuse Céline Dion, de tout faire comme elle, pourtant elle se refuse à l'être complètement. Cette distance entre la réalité et la fiction a permis à Valérie Lemercier de garder une certaine liberté dans sa réalisation.


Un hommage au parcours de la chanteuse Céline Dion

Elle raconte certes l'histoire de Céline Dion, en passant par chacune des étapes de sa vie, mais elle n'a pas cherché à tout reproduire tel quel. Fidèle à elle-même, avec une touche d'humour qu'on lui connaît si bien, Valérie Lemercier propose quelque chose de nouveau, pourvu d'une certaine légèreté et sans jamais flirter avec la moquerie ou la provocation. Au contraire, elle l'affirme elle-même, elle est une grande fan, voire une admiratrice de Céline Dion, et le film apparaît alors plutôt comme un hommage. Un hommage au parcours de la chanteuse puis également une apologie à la magnifique histoire d'amour qu'elle partagea avec René Angélil. Le respect, la bienveillance, la gaieté et l'humour forment ici un parfait mélange.


L´interprétation de Valérie Lemercier : une performance étonnante

Si le film est consacré à la vie de Céline Dion et à ses chansons, la force de celui-ci réside dans sa propension à captiver tous les spectateurs, les plus grands fans de la star québécoise ou ceux qui n'en ont jamais entendu parler. Les émotions qu'il procure et le jeu d'acteur y sont pour beaucoup. La prestation des comédiens québécois est remarquable, parfois même touchante, tout comme celle de Valérie Lemercier. Celle-ci a décidé d'interpréter la chanteuse à tous les moments de sa vie, de 7 à 50 ans, de l'enfance à l'âge adulte, une performance étonnante.

La réalisatrice s'est également servie de son personnage et de son histoire pour transmettre quelques messages, celui notamment des moments de solitude que peuvent traverser les artistes. L'incarnation, librement inspirée, de la vie de Céline Dion permet à Valérie Lemercier de s'exprimer, de créer des parallèles avec sa propre vie, une vie d'artiste qu'elle connaît aussi très bien. La femme derrière la superstar.

 

Aline sur scène


A l'occasion de la cérémonie de clôture de la Festa do Cinema Francês à Lisbonne le 17 octobre 2021 et de la présentation de son film, Valérie Lemercier a accordé un entretien exclusif au Lepetitjournal/Lisbonne. Elle revient sur la genèse de l'idée du film « Aline »  duquel elle est la réalisatrice et actrice. Elle raconte  les coulisses de la réalisation mais aussi plus largement son parcours, la façon dont elle appréhende son métier et les années à venir.


Lepetitjournal : Quel a été le point de départ de la réalisation d'Aline ? Comment l'idée est-elle née ?

Valérie Lemercier : Je crois que quand j'ai vu les premiers pas de Céline, toute seule, cela m'a touché et j'ai eu envie d'en savoir un peu plus. J'étais déjà fan, peut-être pas au point d'aujourd'hui, mais j'aimais déjà ses chansons françaises écrites par Jean Jacques Goldman. J'ai voulu en savoir plus sur elle, sur cet amour avec son mari, et ensuite j'ai appris beaucoup de choses sur sa famille.


Vous interprétez Céline Dion à tous les âges avec brio, quelle a été la préparation pour l'incarner ?

C'était assez amusant à faire. J'avais toujours hâte de la jouer, surtout dans ses plus jeunes âges. J'ai même coupé une scène merveilleuse. On m'a supplié de l'enlever (rires), j'espère pouvoir la montrer un jour. J'ai toujours joué les enfants dans mes spectacles, il y a quelque chose en commun à tous les enfants et les adolescents. J'ai tellement regardé Céline que ça a dû rentrer, malgré moi, dans ma tête et ressortir tout seul, instinctivement.


Vous retracez, de manière libre, la vie de Céline Dion, comment vous êtes-vous servi de cette distance entre la fiction et la réalité dans votre écriture et dans votre rôle ?

C'était capital, surtout à l'écriture, car on a pu faire des raccourcis, inventer certaines choses, faire des ellipses de temps. Comme le film se passe sur 80 ans, si on commence à aller trop dans la réalité cela devient compliqué, il y a par exemple des erreurs de dates, concernant certaines chansons. J'ai pris certaines libertés, comme la petite pièce de monnaie qui lie Céline et son père. Le fait d'avoir changé tous les noms cela permet également d'être plus libre, de s'éloigner de son sujet. Sinon, on va sur Wikipédia et on peut tout savoir.


Vous êtes rentrés en contact avec l'entourage de Céline Dion, avez-vous craint qu'on l'on pense que votre réalisation était une satire ?

Plein de gens le pense, oui. Une fois qu'ils auront vu le film, j'espère qu'ils comprendront que ce n'est pas le cas. J'espère tout de même que l'on rit devant mon film. Hier soir j'étais contente d'entendre tous ces rires à Lisbonne, et je trouvais même que ça riait plus que lors des projections que j'ai pu faire en France. Peut être aussi que c'est à cause de certaines traductions. J'ai tout fait, à chaque stade pour que ça ne soit jamais de la moquerie. Cette moquerie, c'est peut-être ce que l'on attendait, mais je préfère justement ne pas faire ce que les gens attendent.


Derrière l'histoire d'amour, qui est le thème principal, vous mettez aussi en avant la femme derrière la superstar, la solitude que l'on peut ressentir quand on est une artiste de renommée, pouvez-vous nous en parler ?

Oui, la solitude est un sentiment qui revient souvent, surtout quand c'est tellement fort avec le public. Pour Céline encore plus, je n'imagine même pas ce que ça fait de sortir d'une salle avec 80 000 personnes. En même temps, le spectacle, que l'on soit 100 ou 10.000, on ressent à peu près les mêmes choses et je pense que tous les gens qui ont fait de la scène connaissent cette petite solitude en sortant. Elle n'est pas toujours désagréable mais l'on se retrouve tout de même seul, sans pouvoir trop partager tout cela. J'ai donc essayé de faire passer ce message dans ce film.


C'était aussi un message personnel donc ?

Oui, je voulais parler de la vie d'artiste aussi, de ce que c'est de faire attention tout le temps, à ne pas être malade, à tout. Les sacrifices faits de ne pas parler pour préserver les cordes vocales, on les connaît aussi quand on est comédiens, il faut être en forme tout le temps. Imaginez-vous, mon premier spectacle je l'ai joué 400 fois, c'est beaucoup plus que les artistes de chansons. Je sais ce que c'est donc, cette vie. Le fait de n'être concentré que sur la performance, du matin au soir, de ne pas avoir de place pour le reste.


Vous êtes une adepte des one-woman-show, avec une interaction directe avec le public, quel est votre ressenti en étant dans une salle de cinéma pleine qui rie devant chacune des scènes ?

J'ai encore peu vu ce film en public mais c'est la première fois que je le voyais avec un public non-francophone. Cela m'a plu de voir qu'il y avait des choses qui étaient comprises partout. Tous les détails ont été remarqués, les petites choses, il y avait beaucoup de rires, plus que d'habitude. Il y avait beaucoup d'émotions dans toute la salle et cette universalité m'a beaucoup plu.

 

Valerie Lemercier

 

Vous incarnez Céline Dion, en quoi ce personnage vous ressemble, quelles similitudes voyez-vous avec votre parcours, votre vie ?

Oui, il y en a des similitudes. Dans le sens où je n'étais pas une petite fille très jolie, je viens aussi d'une famille nombreuse dans laquelle on jouait tous de la musique. A chaque réunion de famille il fallait monter sur une chaise et chanter, jouer d'un instrument. On était 150 à table le 1er janvier, je suis également très lié à ma famille. C'est un soutien capital pour moi, ce sont des vies difficiles, avec beaucoup de hauts et de bas et la présence de ma petite sœur lors de mes plus gros échecs m'a permis de relativiser. On se faisait des blagues sur les navets, sur les légumes, car on disait de mon film que c'était un navet. Cela permet de relativiser les choses, d'avoir une famille unie, cela permet de ne pas trop sombrer.


Dans chacune de vos six réalisations vous êtes également actrice, est-ce inconcevable pour vous de ne pas vous exprimer sur la scène, de rester derrière la caméra ?

Cela fait partie de moi. Je pense que pour le prochain film, je ne serai peut-être pas dedans. Par exemple, ce rôle de Céline, je n'ai jamais pensé pouvoir le confier à quelqu'un. Je me pose quelquefois les questions : si j'ai un accident, à qui je le donnerai ? Mais sur ce film je n'avais pas d'idées, il était pour moi (rires).


Vous avez commencé votre carrière de cinéaste et de comédienne il y a maintenant plus de 30 ans, comment voyez-vous la suite ?

Je ne pense pas souvent à avant, je suis très étonnée de mon âge, je n'arrive même pas à y croire. Le mot carrière ne me plaît pas, je n'ai jamais eu de plans, je ne sais jamais ce que je vais faire un an à l'avance. Cela m'angoisse plus qu'autre chose. J'espère pouvoir trouver un peu de temps pour m'arrêter parfois. J'aurais aimé après ce film prendre un peu de repos mais je vais jouer au théâtre et jouer dans un autre film. Bizarrement, pendant ce long week-end d'un an et demi je ne sais pas ce que j'ai fait. Je n'ai rien fait, je n'ai même pas lu un livre, je n'ai pas compris (rires).


Qu'est-ce que ça représente pour vous d'être à Lisbonne, à la Festa, pour présenter votre double-travail dans Aline ?

Je suis venue de nombreuses fois à Lisbonne, j'ai même envisagé d'y avoir un appartement. Je me sens bien ici, je me suis sentie un peu chez moi, avec le beau temps en plus. Je rêve depuis longtemps d'avoir du carrelage sous les pieds et je crois qu'ici il y a ce qu'il faut (rires). J'étais très fière d'être en clôture de la Festa, j'ai tout de suite dit oui alors que l'emploi du temps était très serré. Ce sont de petites parenthèses qui font beaucoup de bien.

 

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