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Les Français du Pérou face à la crise politique

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© congreso.gop.pe
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 18 novembre 2020, mis à jour le 19 novembre 2020

Le fait de ne pas être péruvien n’empêche pas les Français du Pérou de vivre l’actualité de leur pays de résidence et d’avoir un avis sur cette semaine de chaos politique avec 3 présidents en 8 jours.

Voici quelques-unes de leurs réactions :

Albane, à Lima depuis près de trois ans, a suivi de près la crise politique dans laquelle s'est enfoncé le Pérou, déjà fortement touché par la crise sanitaire et économique liée au Covid-19.

« J'ai été stupéfaite de voir la rapidité avec laquelle le Président Vizcarra a été destitué par des députés ayant pour la plupart des enquêtes judiciaires en cours, cette situation semblait tellement irréelle ! »

« D'ailleurs la réaction de la population ne s'est pas fait attendre et les journées de manifestations qui se sont enchaînées ont permis aux péruviens de faire entendre leur colère. La bonne nouvelle, c'est que le peuple a été entendu car le président par intérim Merino a démissionné, suite à la mort de 2 personnes et de nombreux blessés. Mais quel prix à payer pour réclamer le respect de la démocratie ! »

« En tant que française et donc un peu étrangère face à cette crise, je comprends les péruviens qui sont préoccupés pour l'avenir de leur pays et pour le futur de leurs enfants. C'est formidable de voir tout le pays qui réagit pour exprimer son ras-le-bol. On ressent une profonde volonté de changer les choses pour faire avancer le pays ».

Guillaume nous donne son point de vue depuis Huancayo :

« D'un point de vue local, la crise ne s'est pas tellement faite remarquer à Huancayo. Il y a eu certes des manifestations mais rien de semblable à Lima. Néanmoins, en tant qu'européen, je porte une grande importance à la démocratie ; une démocratie qui a été bafouée et piétinée le temps d'une semaine. Il faut en effet avouer toute l'hypocrisie de cette destitution présidentielle où, le président Vizcarra était éjecté pour accusation de corruption par les membres d'un congrès dont la majorité fait face à des accusations (fondées) de corruptions et de manipulations politiques ».

« Par ailleurs, issu de l'enseignement supérieur français et me préparant au doctorat, l'idée de mesures de dérégulations du milieu universitaire péruvien créait en moi une vive colère car jusqu'à maintenant je n'ai pu que constater la médiocrité d'un trop grand nombre d'universitaires ayant échappés aux restrictions de la SUNEDU (l'organisme de régulation et de validation des diplômes dans l'enseignement supérieur), créant de concert des professionnels peu ou prou formés académiquement et qui ne font que réitérer les habitus néfastes de leurs enseignants (manque de rigueur, incompétences voire absence d’honnêteté académique). L'approbation d'un tel projet aurait donc entraîné un peu plus vers les abysses intellectuelles et l'élitisme économique de l'enseignement supérieur péruvien ».

« C'est donc avec joie que j'ai appris la démission du désormais ex-président par intérim Merino, personnage ne représentant que les bassesses caricaturales et opportunistes d'une partie de la classe politique péruvienne. En espérant que son remplaçant saura donner toutes ses lettres de noblesses au poste qu'il va désormais occuper ».

Pour Guillaume qui habite à Ica (eh oui, beaucoup de Guillaume au Pérou !), il n’est pas certain que ce soit fini :

« J'ai l'impression que les attentes ne sont pas comblées, notamment celle d’une nouvelle constitution. Les manifestants veulent aussi faire virer les 68 députés, poursuivis par la justice, qui sont les principaux responsables de cette situation. Ils sont totalement déconnectés de la réalité du pays ».

« Faire virer Merino en cinq jours, ce n'est pas rien ! Sans les manifestations, rien ne se serait passé. Si la population souhaite plus pour éliminer la corruption, elle pourra le faire. Les jeunes n'ont plus rien à perdre : pas de travail ou payés une misère, des universités fermées et des mensualités exorbitantes. Je pense qu'ils sont déterminés et que cela ne s'arrêtera pas là, comme si les députés n'étaient pas responsables et qu’ils pouvaient continuer de faire leurs affaires tranquillement. Il a fallu un an de manifestation au Chili pour obtenir une assemblée constituante et pour écrire une nouvelle constitution. Le Pérou peut le faire ! »

Dominique, une Française qui vit à Arequipa :

« Il est vrai que pour beaucoup les attentes ne sont pas comblées, essentiellement par méconnaissance des règles de droit qui régissent le pays. Sauf à procéder à un dépoussiérage de la constitution en vigueur (qui en a bien besoin), la rédaction d'une nouvelle constitution peut prendre un an, voire deux, et certains ne sont pas prêts à entendre ça. Il serait bon que le nouveau président donne un message fort à ce sujet : un référendum ou la convocation d'une assemblée constituante en parallèle des élections d'avril ».

« On ne peut que souhaiter aux Péruviens d'être vigilants sur la durée. Les règles électorales font que le prochain chef d'état sera choisi dans le même sérail que les précédents, ce sera donc difficile. Pour ce qui est du nouveau, il semble avoir un discours différent, politique dans le sens noble du terme. Arrivera-t-il à transformer ce discours en actes ? »

 

Merci à vous tous d’avoir accepté de partager vos témoignages !

 

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