Suite à la démission de Manuel Merino de la présidence de la République sous la pression de la rue, le Parlement péruvien doit désormais nommer, parmi ses membres, son successeur.
Au lendemain de la forte mobilisation des Péruviens dans tout le pays, le président par intérim Manuel Merino a annoncé sa démission dimanche à la mi-journée. La majorité de ses ministres (13 sur 18) ont démissionné dès samedi soir après la répression policière des manifestations qui a fait deux morts et une centaine de blessés.
Sous la pression de la rue et de la classe politique, l’ancien chef du Parlement abandonne donc la présidence de la République, seulement six jours après son accession, très contestée, au pouvoir, après la destitution du populaire président Martín Vizacarra.
La pression de la rue n’est pas retombée ce dimanche
De nouveau, les péruviens se sont mobilisés dans tout le pays : à Lima (Place San Martín, Miraflores…), mais aussi à Trujillo, Arequipa, Cusco, Cajamarca, Piura, Ayacucho… Les manifestants ont rendu hommages aux deux jeunes hommes morts lors des manifestations de la veille, puis ils ont célébré l’annonce de la démission de Manuel Merino par des cris de victoire.
Pendant ce temps, le Parlement s’affaire à nommer un nouveau président, parmi ses membres, dans la soirée.
Un chaos politique absolu au sein du Parlement
À seulement quelques minutes de l’échéance fixée, à 20h dimanche, les parlementaires ne se mettent pas d’accord sur une liste consensuelle qui pourrait remettre de l’ordre dans cette crise politique. Semblant ne pas écouter la voix des protestataires dans la rue, c’est une lutte entre les partis qui se met en place au sein du Parlement où les calculs politiques, les intérêts propres et les ambitions individuelles pour la recherche du pouvoir ne prennent pas compte des revendications populaires.
Finalement, une liste unique et multi-partisane est tout de même présentée à la dernière minute avec à sa tête la parlementaire Rocío Silva Santisteban Manrique, une des 19 parlementaires qui ont voté contre la destitution de Martín Vizcarra.
Après un vote sous tension, le résultat tombe peu avant 22h dimanche : le Parlement rejette la liste (42 pour, 52 contre et 25 abstentions). Silva Santisteban Manrique ne devient donc pas la nouvelle présidente de la République par intérim.
Le Pérou se retrouve de nouveau dans l’impasse et s’enfonce encore un peu plus dans la crise politique.