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« Martin Paz », quand Jules Verne s’est inspiré du Pérou

« Martin Paz », quand Jules Verne s’est inspiré du Pérou« Martin Paz », quand Jules Verne s’est inspiré du Pérou
© Plaza de Armas de Lima au XIXème siècle - Mauricio Rugendas
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 22 juillet 2022, mis à jour le 29 octobre 2023

Ce livre est une rareté dans l'œuvre de l’écrivain français. Rien de futuriste, ni science-fiction ni personnages farfelus... Ce court roman, écrit dans sa jeunesse, se déroule dans le Pérou colonial.

Avant les voyages extraordinaires de Jules Verne, la version originale de ce roman a été publiée, il y a 170 ans, en juillet 1852 sous le titre : « L'Amérique du Sud. Mœurs péruviennes. Martin Paz, nouvelle historique » dans l’un des premiers périodiques illustrés « Musée des familles ».

 

« Martin Paz », quand Jules Verne s’est inspiré du Pérou

 

Situé à Lima, en 1830, au début de la république du Pérou, sous le gouvernement agité d'Agustín Gamarra (Gambarra selon l'orthographe de Verne), ce récit historique lie une intrigue amoureuse à un soulèvement indien qui éclate le jour de la fête populaire de « Amancaes ».

Dans ce Pérou colonial, la société s'est historiquement scindée en trois groupes principaux : les héritiers des colonisateurs espagnols, les indigènes et les métis. Ces derniers étant condamnés à ne jamais faire partie ni des uns ni des autres. Pour les indigènes, les métis sont des Espagnols et pour les colons espagnols, ce sont des « Indiens ».  

 

« Martin Paz », une nouvelle historique très théâtrale

Le roman raconte l'histoire de l'Indien Martin Paz, fils du chef d'un groupe d'insurgés indigènes au Pérou, qui, alors que son peuple prépare une révolte pour s'emparer du pouvoir, tombe amoureux de Sarah, une Espagnole.

Fille adoptive de Samuel, un usurier juif, Sarah est promise, contre la somme de 100 000 piastres, au métis le plus riche du pays, André Certa, qui espère se faire accepter par la société grâce à ce mariage. Mais, la jeune juive qui est en réalité attirée par la religion catholique, est amoureuse de l’Indien.

Martin Paz n'est donc pas prêt à abandonner son amour, et réciproquement. Le Juif n'est pas disposé à renoncer à la fortune et André Certa, à sa future position sociale. Et le père de Martin Paz ne veut pas renoncer à la révolution même si son fils est tombé amoureux d'une Espagnole.

 

« Martin Paz », quand Jules Verne s’est inspiré du Pérou

 

À la suite d’une altercation avec Andres Certa qu’il a blessé, Martin Paz doit s’enfuir : il sème ses poursuivants en plongeant dans la rivière ; tous le croient mort mais il trouve refuge auprès du noble espagnol Don Vegal qui le prend en amitié et sous sa protection. Pendant ce temps, les indigènes qui entament leur révolte contre les blancs, lui en veulent pour avoir porté préjudice à leur projet à cause d’une femme. Martin Paz est désormais considéré comme un renégat, ayant fait passer ses intérêts privés avant ceux de sa communauté.

 

« Martin Paz », quand Jules Verne s’est inspiré du Pérou

 

L’écriture de Verne dans cette histoire romanesque au Pérou

Comme cela a déjà été démontré dans d'autres ouvrages, Verne a manifestement étudié de manière approfondie les sources disponibles avant d'écrire son histoire. L’écrivain étonne par ses descriptions détaillées comme par exemple avec celle qu’il fait de la Plaza Mayor de Lima.

 

« Martin Paz », quand Jules Verne s’est inspiré du Pérou

 

Dans cette nouvelle, Jules Verne fait une critique systématique de la tyrannie avec laquelle les Espagnols ont envahi le Pérou : « L'un des maux les plus odieux commis par les Espagnols en Amérique, où ils se sont souillés de tous les crimes inimaginables ». Mais bien qu'il soit sévère avec les conquérants espagnols, l'auteur français exprime également son mécontentement face à la rapidité avec laquelle l’Inca a été vaincu, expliquant que les européens ont eu la chance de leur côté, profitant des conditions imbattables dans lesquelles ils sont arrivés au Pérou : « N'est-il pas curieux de constater que, tout aussi bien au Pérou qu'au Mexique, les Espagnols ont été favorisés par des circonstances absolument exceptionnelles ? (...) Au Pérou, la lutte acharnée entre deux frères ennemis a empêché les Indiens de retourner toutes leurs forces contre les envahisseurs, qu'ils auraient pu facilement exterminer ».

Par ailleurs, les Indiens, initialement sympathiques et décrits comme caractérisés par le désir de liberté, reçoivent plus tard le cachet de la barbarie dans leur représentation. Dans les étapes finales, ils dégénèrent en indigènes primitifs instinctifs.

 

« Martin Paz », quand Jules Verne s’est inspiré du Pérou

 

Ses compagnons le retinrent, et Millaflores s’écria :

« André ! André ! prends garde !

— Un vil esclave, oser me coudoyer !

— C’est un fou ! c’est le Sambo ! »

Le Sambo continua de fixer des yeux le métis qu’il avait heurté avec intention. Celui-ci, dont la colère débordait, saisit un poignard passé à sa ceinture, et il allait se précipiter sur son agresseur, quand un cri guttural, semblable à celui du linot du Pérou, retentit au milieu du tumulte des promeneurs. Le Sambo disparut.

« Brutal et lâche ! s’écria André Certa.

 

« Martin Paz », quand Jules Verne s’est inspiré du Pérou

 

Retrouvez « Martin Paz » sur la bibliothèque numérique Gallica de la BNF. Bonne lecture !

 

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