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Pedro Castillo, en tête des suffrages au Pérou mais pas encore déclaré président

Pedro Castillo au Pérou, pas encore déclaré présidentPedro Castillo au Pérou, pas encore déclaré président
@ FB ProfesorPedroCastillo
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 18 juin 2021

Les urnes le donnent gagnant et pourtant il n’y a toujours pas de proclamation officielle, puisque de nombreux recours déposés par sa rivale devant la justice électorale sont encore en cours d’examen.

Près de deux semaines après le vote du deuxième tour de l’élection présidentielle, le Pérou n’a toujours pas de président. Bien que le processus électoral se soit déroulé en toute régularité, Keiko Fujimori crie à la fraude et cherche à faire annuler plus de 200.000 votes. Ce qui a pour conséquence de remettre le sort de cette élection dans les mains des autorités électorales (JNE). Il va donc falloir attendre quelques jours et peut-être même plusieurs semaines avant d’avoir un résultat définitif.

 

Les Péruviens avaient à choisir entre deux extrêmes

Pour rappel, le dimanche 6 juin, le second tour de la présidentielle péruvienne a opposé deux candidats pour le moins radicaux. Très à droite, Keiko Fujimori, la fille de l’ancien président actuellement en prison pour crime contre l’Humanité, elle-même inculpée de corruption, représente une ligne très conservatrice et populiste, proche de l'autoritarisme, dans le sillage de son voisin brésilien, Jair Bolsonaro. Très à gauche, Pedro Castillo, professeur et syndicaliste, appartient à une mouvance communiste dérivant du chavisme, dans la lignée du président vénézuélien Nicolás Maduro.

À l’image de l’histoire politique en Amérique latine ces dernières années, les Péruviens se sont tout simplement retrouvés, avec cette élection, dans un duel des extrêmes, écartelés entre d’un côté une gauche idéologique qui peut s’avérer destructrice une fois au pouvoir, comme avec l’exemple vénézuélien, et de l’autre, une élite qui défend ses privilèges, méprisant les classes populaires et les minorités, et pour qui redistribuer les richesses n’est pas une priorité.

 

Castillo arrive en tête de l’élection avec une courte avance sur Fujimori

Après un véritable suspens, puisque le dépouillement a duré plus d’une semaine, c’est finalement Pedro Castillo qui sort vainqueur des urnes et qui devrait donc normalement prendre la tête du pays pour le bicentenaire. Le vote a été très serré et l’écart entre les deux candidats est extrêmement faible :

Pedro Castillo : 50,125 % / Keiko Fujimori : 49,875 %

second tour de la présidentielle péruvienne 2021

 

Au lendemain matin du vote (lundi 7 juin), après 90% du décompte des voix, Keiko était devant Castillo mais en fin de matinée, ce dernier est passé en tête et ne l’a plus quittée.  Le candidat de la gauche radicale finit avec seulement 44.058 votes d’avance, soit 0,25% des suffrages.

 

second tour de la présidentielle péruvienne 2021

 

Un peu plus de 25 millions de Péruviens étaient appelés à voter, dont près d’un million à l’étranger. La participation a été de 74,568%, soit un total de 18.856.616 votants.

 

Le vote des Péruviens en France

second tour de la présidentielle péruvienne 2021 en France
second tour de la présidentielle péruvienne 2021 en France

 

Une société péruvienne plus que jamais coupée en deux

Pas sûr que cette nouvelle élection, toujours incertaine, sorte le pays de son instabilité politique. Cela fait plus de vingt ans que les présidents péruviens finissent soit en prison soit en fuite. L’un d’entre eux, Alan Garcia, s’est même suicidé en 2019, juste avant son arrestation. À la fin de l’année 2020, le Pérou est passé par un véritable chaos à la tête de l’État avec une crise politique de grande ampleur et trois présidents en une semaine !

Parler d’une situation politique délicate au Pérou est donc un euphémisme. Quelque soit le gagnant de cette élection, il ou elle sera le quatrième président en moins d’un an ! Un nouveau président à la tête d’un pays totalement fracturé politiquement. Il est d’ailleurs difficile de savoir si les perdants accepteront leur défaite et si le pire n’est pas à venir. Un nouveau président qui aura la lourde tâche de convaincre et de gouverner avec la moitié du pays qui lui est hostile. L’unité et la stabilité politique du Pérou n’est certainement pas pour demain.

 

 

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