Pendant la dernière Foire Internationale du Livre de Lima, les résidents francophones du Pérou ont voté en ligne pour élire les dix livres péruviens qu’il faut lire absolument.
Les participants à ce vote ont mentionné une cinquantaine de livres différents parmi lesquels (au-delà du Top 10) : « La Fête au Bouc » et « Qui a tué Palomino Molero ? » de Mario Vargas Llosa, « Le Duc » de José Diez-Canseco, « Au bout de la rue » d’Oscar Malca, « Les innoncentes » d’Oswaldo Reynoso, « D’autres après-midi » de Luis Loayza, « Appel perdu »de Gabriela Wiener…
Voici donc le top 10, en ordre décroissant, des livres d’auteurs péruviens recommandés par les francophones du Pérou.
À noter que ce classement commence par une égalité (à la dernière place) avec deux livres du même auteur :
9. « Un monde pour Julius » (1970) d’Alfredo Bryce Echenique (2,9%*)
Julius est un petit garçon avec de grandes oreilles qui fait le douloureux apprentissage du monde que les siens lui destinent. Pour Julius, ce monde, habité par la mort de sa sœur aînée Cinthia, c'est d'abord sa mère, délicieusement futile et adorée de tous ; c'est cette famille de richissimes hommes d'affaires péruviens et de parvenus ridicules, avec, en contrepoint, des domestiques attentifs et dévoués. C'est la ville de Lima, avec ses splendeurs oligarchiques et ses zones de misère, dans l'admirable vision précise et stratifiée de l'auteur. Le naufrage d'une enfance qui découvre et la fêlure initiale de la mort et le scandale de l'injustice sociale, débouche finalement sur la solitude.
9. « Ne m'attendez pas en avril » (1995) d’Alfredo Bryce Echenique (2,9%)
L'adolescence, ses amours et ses amitiés vont déterminer toute la vie de Manongo Sterne, futur requin de la finance, toujours caché derrière ses lunettes noires. Au collège anglais de Lima, en compagnie d'autres jeunes mâles il apprend à tenir son rang social tout en imitant John Wayne, James Dean ou Tyrone Power, au son des boléros de Nat King Cole ou Sinatra.
8. “El Tartamudo” (2002) d’Abelardo Sánchez León (3,8%)
C’est l’histoire de Monty, de son enfance et adolescence à Ancón et Los Cóndores jusqu’à son voyage à Paris et ses quartiers les plus sordides, pleins de proxénètes et de prostituées. C’est aussi l’histoire d’un amour non communiqué, rêvé comme un vieux pont tendu vers l’unique lumière qui illumine le trajet du personnage du soleil de Chaclacayo jusqu’à l’obscurité de la nuit de Pigalle. Le monde de Monty est intérieur, ce qui le rend à la fois vulnérable et fort.
7. « Conversation à la cathédrale » (1969) de Mario Vargas Llosa (3,4%)
A la fourrière où il est allé chercher son chien, dans les faubourgs de Lima, Santiago Zavala rencontre le Noir Ambrosio, ancien chauffeur de son père, Don Fermin, et l'invite à boire un verre à La Cathédrale, taverne locale. Ils restent ensemble quatre heures durant : Santiago veut faire parler Ambrosio sur un passé qui l'obsède. Il repartira, ivre, sans avoir rien appris.
6. « Roulements de tambours pour Rancas » (1972) de Manuel Scorza (4,4%)
Chronique désespérément vraie d’un combat solitaire : celui que livrèrent dans les Andes centrales, entre 1950 et 1962, les hommes de quelques villages visibles seulement sur les cartes d’état-major des troupes qui les rasèrent.
5. « Vaste est le Monde » (1941) de Ciro Alegría (4,7%)
Dans les montagnes du nord du Pérou, au début de notre siècle, vit une petite communauté indienne, dirigée par son vieil alcalde. Vie simple et riche que celle de ces « comuneros », attachés par mille racines profondes à leur terre. Mais partout dans le pays la propriété privée gagne du terrain : les gros « hacendados » dévorent les communautés. Le livre dépeint la lutte, acharnée, tragique, que soutiendront les Indiens pour ne pas être expropriés. Une vaste fresque, une grande page de l'histoire des hommes.
4. “5 metros de poemas” (1927) de Carlos Oquendo de Amat (5,2%)
Son unique œuvre qui s’est convertie en première expression de l’avant-garde péruvienne. Carlos Oquendo de Amat est un poète surréaliste qui se fond entre le moderne et l’attirance pour le changement, un génie des images provocatrices et des intentions.
3. « Poèmes Humains » (1939) de César Vallejo (5,7%)
"Un poème, pour César Vallejo, est comme un creuset où il tente désespérément et avec quelle souffrance avouée ! de rendre au verbe une pureté inaccessible. "Je veux écrire mais il me sort de l'écume/je veux dire beaucoup et seulement m'enlise". Vallejo n'aura pas vécu assez pour voir cette écume et cet enlisement devenir l'une des œuvres les plus novatrices du XXe siècle. Cette œuvre dont il n'a cessé de revendiquer la valeur révolutionnaire, au sens le plus absolu du terme" : François Maspero.
2. “La palabra del mudo” (1972) de Julio Ramón Ribeyro (6,7%)
Les contes de Ribeyro transmettent les souhaits et les angoisses de ses personnages à travers une prose claire et un style loin des artifices, qui offre un des plus grands exemples de la narration brève dans le monde occidental. Cette œuvre donne la parole à ces personnes qui dans la vie quotidienne en sont privées : les marginaux, les oubliés, les condamnés à une existence cachée.
1. « La ville et les chiens » (1963) de Mario Vargas Llosa (7,8%)
Au collège Leoncio Prado de Lima, au Pérou, les cadets ont fondé " le cercle ", groupe secret de quatre garçons décidés à contrer la terrible discipline qui les écrase. Surnommés " les chiens ", ces jeunes gens ont institué leurs propres règles. Brimades, vols, mensonges voilà le monde sur lequel règne le plus fort d'entre eux, le Jaguar. Devenus hommes, les chiens tenteront de situer les frontières entre le bien et le mal, l'honneur et la trahison, le courage et la lâcheté.
Sans véritable surprise, la première place de ce classement est occupée par Mario Vargas Llosa, prix Nobel de Littérature péruvien.
Merci à tous ceux qui ont participé à ce vote et bonne lecture à tous !
* % par rapport au total des points attribués par les votes (Le Top 10 représente 46,8% du total des points. Les 53,2% restants se répartissent sur tous les autres livres cités par les votants).