Édition internationale

LIBAN - Carnage à Cana, Israël ne démord pas

Le bombardement par Tsahal de Cana au sud du Liban a causéla mort d'au moins 57 civils. Alors que la communautéinternationale condamne et s'énerve, Israël entend poursuivre son offensive, tandis que Condoleeza Rice est rentrée àWashington sans passer par Beyrouth. Effarant...

57 morts selon un bilan publiéen fin de journée par la Croix-Rouge ont étéretrouvés dans les décombres de Cana (photo AFP)

Hier matin, un bombardement israélien a causéla mort d'au moins 57 civils, dont une dizaine de femmes et 37 enfants, àCana au sud du Liban. Les victimes s'étaient réfugiées dans un abri souterrain pour éviter les bombes. Alors que les destructions d'Israël au Liban ont déjàprovoquéen 19 jours la mort de plus de 500 personnes, l'Etat hébreu a justifiéson geste par des tirs de roquettes effectués précédemment par le Hezbollah depuis le village. Hier, Ehud Olmert, le Premier ministre israélien, a repoussél'idée d'un cessez-le-feu et entend poursuivre son offensive pendant encore 10 à14 jours.
Pourtant, le drame de Cana semble marquer un tournant dans la guerre menée par Israël au Liban. Hier, la communautéinternationale a durci le ton. Kofi Annan a réuni en urgence le Conseil de Sécuritéaux Nations Unies appelant à"condamner dans les termes les plus fermes"le bombardement de Cana et à"appeler àune cessation immédiate des hostilités". La France a d'ailleurs préparéun texte dans ce sens.
Hier, Jacques Chirac a exprimésa "consternation" et condamné"cette action injustifiable". Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères se rendra aujourd'hui àBeyrouth.
Les Etats-Unis vont-ils sortir de leur splendide isolement ?
La tuerie de Cana a encore enflamméles esprits au Proche-Orient et dans les capitales arabes. Des milliers de manifestants ont défiléhier àBeyrouth s'en prenant àl'ONU et appelant àsoutenir le Hezbollah. Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a parléde "crimes contre l'humanité"et a rejetétoute négociation préalable àun cessez-le-feu. En Palestine, le Hamas a appeléàune résistance totale, et le Jihad islamique a promis des attentats-suicides. Enfin, la Tunisie a décrététrois jours de deuil.
Le bombardement meurtrier est intervenu le jour oùCondoleeza Rice devait se rendre àBeyrouth. Devenue indésirable, la secrétaire d'Etat américaine a préféré, avant de rentrer àWashington lundi, revoir Ehud Olmert, sans doute pour tenter de le convaincre de la nécessitéde stopper cette offensive. En effet, suite àla longueur inattendue du conflit, les Etats-Unis craignent une escalade et un véritable embrasement de la région àun moment oùils sont embourbés en Irak et oùl'Iran souffle sur les braises.
Hier, après le massacre de Cana, Condoleeza Rice a appeléàun cessez-le-feu "le plus tôt possible" alors que l'administration Bush privilégierait l'instauration au Sud-Liban d'une zone tampon contrôlée par une force de la paix internationale.
Le temps est peut-être venu pour que les Etats-Unis sortent de leur splendide isolement.
Thierry CLÉMENT. (
www.lepetitjournal.com) 31 juillet 2006

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Dans Le Figaro - Le Liban se révolte après les bombardements israéliens de Cana, les États-Unis estiment «le temps du cessez-le-feu venu»
Dans Le Monde ? Inflexion américaine
Dans L'Express - Après Cana, Condoleezza Rice s'attelle àun cessez-le-feu

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