Depuis 2013, lepetitjournal.com organise les Trophées des Français de l'Etranger, un concours qui récompense des projets exceptionnels portés par des Français installés à l'international. Il s'agit de sept prix décernés à sept lauréats aux parcours hors du commun. Entrevue avec Magali Malherbe, fondatrice de l'association Children of the Dawn (Les Enfants de l'Aurore) créée en réponse aux conséquences du SIDA sur les enfants et les communautés dans les zones rurales d'Afrique du Sud.
En 2014, la persévérance de Magali est récompensée lorsqu'elle remporte le Trophée des Français de l'Etranger. Ce prix est accueilli comme une reconnaissance de tout le travail réalisé au cours des 13 dernières années et apporte également la visibilité dont a tant besoin l'association pour obtenir de nouveaux financements. En effet, Children of the Dawn vit grâce aux parrainages de 300 adhérents et 36 donateurs institutionnels et entreprises. Présente dans huit zones rurales des provinces du Limpopo, du Mpumalanga, de l'Etat Libre, du Kwazulu-Natal et du Cap Est, l'association prend en charge plus de 850 enfants âgés de 5 à 23 ans avec des résultats considérables.
L'engagement de Magali auprès des communautés sud-africaines remonte à 1998 lorsqu'elle réalise une mission de bénévolat en Afrique du Sud. Elle revient quelques temps plus tard pour faire un stage sur la problématique de l'intégration de l'éducation au SIDA dans les écoles primaires « C'est à ce moment que j'ai pris la mesure du problème de l'épidémie et de l'impact sur les familles, surtout sur les enfants. Je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose ».
En effet, dans les années 2000, l'épidémie du SIDA atteint son paroxysme en Afrique du Sud et dévaste des vies et des familles entières. Aujourd'hui, le pays compte 3,5 millions d'enfants orphelins du SIDA qui voient leur avenir hypothéqué, en particulier dans les zones rurales.
Une prise en charge des enfants dans la communauté par la communauté
C'est en réponse à cette problématique que Children of the Dawn est créée en 2002. A travers différentes activités, l'association apporte un soutien global et continu à des enfants qui ont entre 5 et 12 ans lorsqu'ils entrent dans le programme. « 75% des enfants que nous soutenons sont orphelins de père, de mère ou des deux parents, la plupart décédés du SIDA. Les autres sont des enfants abandonnés dans une situation d'extrême vulnérabilité. Nous les suivons pendant toute leur scolarité », explique Magali.
En partenariat avec des structures locales, l'association gère 24 centres d'accueil de jour où les enfants se rendent plusieurs fois par semaine après l'école pour recevoir un soutien nutritionnel, scolaire, matériel (prise en charge des frais d'uniformes et de scolarité) et psycho-social, et participer à des activités ludiques et éducatives.
La méthode d'intervention repose sur le renforcement des initiatives communautaires et familiales existantes. « Il n'est pas question de se substituer aux structures en place, mais bien de leur donner les moyens techniques et financiers de réaliser leurs projets pour combattre l'épidémie et ses conséquences », précise Magali. Les enfants vivent chez le parent survivant ou sont recueillis par des membres de la communauté.
Une association en constante évolution
Au fil des années et des réussites, Children of the Dawn se développe et se professionnalise. Grâce à trois salariées, des bénévoles et une cinquantaine d'éducateurs sur le terrain, l'association vient aujourd'hui en aide à plus de 850 enfants, dans huit zones rurales.
En grandissant, les enfants ont des besoins qui évoluent et l'association doit s'adapter en continu. « Aujourd'hui, la moitié de nos jeunes a plus de 14 ans. Ce sont donc des dynamiques tout à fait différentes par rapport aux premières années de l'association. On apprend et on ajuste nos programmes au fur et à mesure », soulève Magali.
C'est ainsi qu'a été créé Mon futur, ma responsabilité, un programme qui prépare les adolescents à l'avenir, à travers différents modules : stages en entreprises, formations à la prise de parole en public et au montage de projet, activités sportives comme le foot de rue, la corde à sauter, le frontball ou la randonnée. Un programme qui fonctionne : en 2014 par exemple, trois jeunes se sont qualifiés pour les championnats nationaux de corde à sauter et sont rentrés médaillés !
Depuis peu, l'association qui compte désormais 14 bénéficiaires à l'université ou en institut technique, a également développé un programme qui aide les étudiants sur les plans financier, administratif et moral à suivre des études supérieures.
La persévérance et la confiance en soi comme moteurs du changement
Structure familiale instable ou inexistante, conditions économiques précaires, système éducatif défaillant, problèmes de santé, de violence et de drogues, fatalisme? Le contexte dans lequel évoluent les enfants pris en charge par le programme est très difficile et complexifie la mission de l'association.
« On travaille avec des vies, avec des enfants qui rencontrent des hauts et des bas. Parfois, on pense avoir définitivement perdu l'un de nos jeunes. Et soudain, il se reprend? Il ne faut jamais baisser les bras mais persévérer ». Elle raconte l'exemple de cette lycéenne pour qui le fait de devenir mère a constitué un élément déclencheur dans sa vie. Elle a désormais d'excellents résultats scolaires, alors que tout portait à croire qu'elle n'allait pas s'en sortir.
La persévérance est l'une des valeurs fondamentales que Magali s'efforce de transmettre aux enfants à travers notamment le module Saurais-je gravir cette montagne ?, dans le cadre du programme Mon futur, ma responsabilité. Fin janvier 2016, après avoir suivi un long entrainement et des épreuves de sélection, 4 jeunes de 17 ans graviront le Mont Kenya, avec un groupe d'élèves du lycée Jules Verne de Johannesburg. En 2013, ce sont huit bénéficiaires qui ont fait le tour du Mont Blanc lors d'un trek de huit jours.
Tout comme pour le programme de soutien aux étudiants, « l'objectif est d'ouvrir des portes aux jeunes et de leur montrer qu'ils ont la capacité de continuer sur le chemin qui s'est ouvert à eux. Nous faisons un gros travail de fond sur la confiance en soi et la persévérance. Voir certains jeunes gravir une montagne, rentrer à l'université ou encore obtenir des bourses leur donne encore plus de motivation en prenant conscience que tout est possible », renchérit Magali.
A force de persévérance donc, l'association peut être fière d'avoir réussi à réintégrer des enfants au sein de leur environnement social et communautaire tout en leur offrant des perspectives d'avenir. Mais selon Magali, « la vraie réussite sera quand l'un des jeunes obtiendra un emploi à la hauteur de ses diplômes, un poste à responsabilité ». Il faudra attendre encore un peu avant que Children of the Dawn puisse féliciter ses premiers diplômés.
Soutenez l'association Children of the Dawn
Vous pouvez vous aussi parrainer un enfant. Plus d'information sur le site de Children of the Dawn.
Portez-vous candidat au Trophées de Français de l'Etranger
Entrepreneurs, humanitaires, créatifs, défenseurs de la langue française, militant en faveur de la protection de l'environnement? si vous souhaitez faire parler de vos projets, suivez les pas de Magali Malherbe et portez-vous candidat au Trophées de Français de l'Etranger en remplissant le dossier en ligne. La clôture des candidatures aura lieu le 15 janvier 2016 à minuit (heure de Paris). Pour en savoir plus, lisez cet article.
Amélie Goudon-Sapet (www.lepetitjournal.com/johannesbourg) Mercredi 11 novembre 2015
Crédit photos (de haut en bas) : Magali Malherbe lauréate des trophées 2014, lepetitjournal.com; la bénéficiaire Nonhlanhla et sa famille, Children of the Dawn; les joueurs de frontball de Qwaqwa et les enfants AACF, mars 2015. Children of the Dawn.
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