Les voyages pour Thierry Robinet, c’est l’histoire d’une vie. Très jeune, il part sur les routes en Europe, puis aux pieds de l’Himalaya… Depuis, cela fait quarante-cinq années que Thierry explore l’Asie et tout particulièrement les îles indonésiennes pour des groupes de voyages, mais aussi en tant que logisticien pour les équipes de télévisions et des magazines. Il réédite aujourd’hui son livre « Mémoires de routes - les îles de la Sonde », une occasion pour le petitjournal.com Jakarta de rencontrer l’aventurier désormais installé à Bali.
Racontez-nous comment vous est venue cette passion du voyage ?
Je pense que c’est héréditaire, mon père avait la passion du voyage et me l’a transmise. Les jours de pluie, lorsque j'étais jeune enfant, j'apprenais le nom des villes, des capitales, des pays. Je ne rêvais que d’une chose depuis mon village de l’Isère, aller derrière ces montagnes de la Chartreuse qui me faisaient face. Les livres comme celui de Joseph Kessel « les cavaliers » m’ont très certainement influencé.
Je suis parti très jeune en stop, c’était en vogue à l’époque. C'étaient les années 70, nous avions envie de liberté, de découvrir le monde. Premier voyage, direction Istanbul, la Grèce, la Crète et je suis revenu. Mais je rêvais d’aller plus loin, l’Afghanistan puis Katmandou et l’Himalaya. J’avais 17 ans, je suis allé sur la nationale 6 et je suis parti.
Je suis allé jusqu’à Katmandou, j’ai pris quelques fois le bus, car là-bas dans le désert peu de voitures le traversent.
J’ai fait des rencontres incroyables, vu des paysages fantastiques. Ce voyage a été formateur.
Puis je suis revenu au grand soulagement de ma mère.
Comment êtes-vous arrivé en Indonésie ?
Je devais reprendre mes études, ma mère m’a parlé d’une école de tourisme qui ouvrait à Chambéry. Je m’y suis inscrit, à la fin de ma formation, j'ai trouvé un emploi chez un agent de voyage à Lyon. Je suis contacté par une agence de voyage qui organise des voyages différents ; tournés vers le trek, les nuits dans les villages. Ils ont un poste à Sumatra, je n’ai que quelques jours pour partir. Il ne me faut que 30 minutes pour prendre ma décision et me voilà quatre jours après qui atterris à Jakarta. L’odeur des Kretek, les becak, c’est cela Jakarta à l’époque, il n’y pas encore d’immeubles.
Je pars ensuite à Padang préparer un voyage pour un groupe qui arrive 10 jours plus tard. Je ne connais pas le pays, mais très vite, j'ai fait des rencontres qui vont m’aider à planifier ce voyage en pays Minangkabau. Je pense particulièrement à ce prêtre breton que l’on repérait facilement dans les rues de Padang, il circulait en Citroën Diane, il y avait peu de voitures dans ces régions à la fin des années 70.
Le premier voyage se déroule bien, on m’en confie d’autres à Sumatra, puis Bornéo chez les Punan, en Sulawesi avec les Toraja, la Papouasie… Je suis passionné de volcanologie, j’ai grimpé un grand nombre de volcans en Indonésie et voilà, cela fait 45 ans que je suis dans la région à organiser des voyages et à servir d’appui logistique à des télévisions ou magazine qui font des reportages sur l’archipel.
Quelles sont vos activités durant toutes ces années en Indonésie ?
J’organise des voyages sur mesure en Indonésie, mais aussi en Asie comme en Inde, au Rajasthan ou en Birmanie. J’ai travaillé sur des projets de documentaires télés comme Thalassa ou des émissions telles que Pekin Express. L'envie de faire connaître ces régions, d'aller à la rencontre des populations, respecter les traditions, traverser des paysages fantastiques m'ont guidé toutes ces années.
Je suis installé à Bali depuis de nombreuses années avec mon épouse balinaise. Mon fils et sa famille sont à côté de nous. Je possède aussi deux hôtels, l’un à Canggu au calme et l’autre près de Tanah Lot.
Quels sont les îles qui vous ont le plus marqué ?
La passion de l'Indonésie m'est venue en marchant, au contact de cette nature généreuse et de la rencontre de peuples authentiques. L'attrait de la découverte de ce pays unique, depuis la fin des années soixante-dix, en a toujours été le fil directeur. L'Indonésie est un pays immense, morcelé, entouré d'océans et de mers intérieures, difficile d'accès souvent.
Mais ce sont très certainement, les îles Mentewai, les îles des hommes fleurs qui m’ont le plus touché. Ce fut une découverte incroyable ! Là-bas, les gens vivent avec la nature, avec les esprits, je suis ami avec le Chaman. Les habitants sont très attachés à leur tradition. Je retourne régulièrement à Mentawai et depuis 45 ans que je connais ces villages, très peu de choses ont bougé.
Entre deux voyages avec des groupes, je partais à la découverte d’une île. Je fonctionne aussi par coup de cœur, je pouvais passer des mois dans la forêt de Bornéo à vivre avec les Punans, ces tribus qui vivent à la frontière de la Malaisie. Puis, rester plusieurs mois en Sulawesi à préparer des voyages et des treks. La Papouasie avec les Korowai et les Una sont des peuples qui m’ont beaucoup appris.
Il faut pour faire ce métier, de la rage, de la passion et avoir l’envie de transmettre
Vous avez écrit plusieurs livres, vous rééditez « Mémoires de route : les îles de la sonde » pourquoi ?
Ce livre, c'est mon histoire, chaque chapitre raconte des anecdotes géographiques, historiques ou coutumières. Je propose une rencontre profonde avec les peuples et les paysages du plus grand archipel du monde.
L’Indonésie, c'est ma terre d’adoption, je souhaite emmener le lecteur dans un voyage à travers ce pays fantastique
Dans cette nouvelle version, j’ai ajouté des anecdotes, amélioré des paragraphes.
Mémoires de Routes – les îles de la sonde : voyage d’aventures et de culture
Thierry Robinet
Epuisé pour le moment mais en cours de réédition. Il sera disponible en 2024, Le Petit Journal Jakarta vous tiendra informé.
Du même auteur :
Mémoires de routes : le chemin initiatique – Édition Saint-Honoré
Mémoires de routes : Le chemin des immortels
Thierry Robinet a participé à de nombreux podcasts « sur les routes de l’Asie » où il relate ses aventures et découvertes.