D'expatriations difficiles conduisant à un divorce à la réussite éclatante de Sophie Authentique, il y a le parcours d'une femme énergique et exigeante qui a comme moteur la famille. Mère protectrice et rassembleuse, Sophie Boyer dirige aussi son entreprise vers le succès. Récit d'une aventure au féminin ou comment créer une entreprise à 54 ans, et en vivre parfaitement bien à 60 ans. Mesdames, voici un bel exemple !
Sophie a vécu le parcours classique de l'expatriation. Toute jeune femme, elle suit son mari. Sauf que ces expatriations la mettent sur des chemins particulièrement difficiles « je ne souhaite à aucune femme ce que j'ai vécu ». Loin de la vie rêvée, Sophie vit dans des cages dorées, avec leurs lots de frustrations, de contraintes. « Ce ne sont pas de bonnes expatriations » quand on passe des années en Irak, en Arabie Saoudite, qu'on subit la guerre du golfe, qu'il est question de choix de survie. Six années en France, à Compiègne, la reposent. Et puis il faut repartir. Ce sera Padang, à Sumatra. Avec 3 garçons dont l'ainé alors en 1èreS, Sophie pose ses conditions. D'accord pour l'Indonésie mais à Jakarta. Nous sommes fin 1998. Et si la vie devait être un long fleuve tranquille, ce n'est décidément pas pour Sophie. Son mari subit des pressions professionnelles, la famille doit être mise sous protection : pas moins de 8 personnes pour veiller sur le couple et les trois enfants. Ce n'est pas suffisant et le mari de Sophie est muté aux Philippines. Elle souhaite rentrer en France mais accepte finalement sous la pression de son mari de rester en Indonésie jusqu'à la fin de l'année scolaire. Arriva ce qui devait arriver, le couple explose en vol. Sophie tombe amoureuse, et choisit de rester en Indonésie avec ses trois garçons. Une nouvelle vie commence alors en 2004, une vie dans laquelle il faut assurer les études des enfants, assurer la subsistance quotidienne et trouver des moyens de s'assumer financièrement.
Battante, lionne même quand il s'agit de protéger ses enfants, Sophie l'est très certainement. C'est ce qui lui donne l'énergie, la force de travailler à l'école française d'abord puis de créer sa propre crèche, la Maison Bleue « j'aurais fait n'importe quoi pour aider mes enfants ». Cette aventure-là a duré 12 ans. Sophie adore les enfants, elle pourrait vivre au milieu d'eux en permanence. Pour eux, elle a créé des ateliers, de multiples activités « on s'est éclaté » se rappelle celle qui voulait cinq enfants et qui n'en a eu « que » trois.
Savoir saisir la balle au bond
Et puis un beau jour du mois de mars, en 2012, une amie passe un coup de fil annonçant qu'elle loue sa boutique, merveilleusement bien située à Kemang. Sophie saisit l'occasion, tout de suite, sans réfléchir. En 48H, l'idée d'un kitchen café à la française lui est venue. Reste à vendre la Maison Bleue, ce qui se fait très vite également.
Sa clientèle ? indonésienne à 80%, fortement japonaise également ? rend bien hommage à son esprit créatif : « On a été dépassé par le succès fulgurant de l'entreprise, désormais on en vit bien». Pas besoin de communication ou de publicité, les « instagrameuses » le font pour elle. Le secret de cette réussite réside dans la qualité et la simplicité de ce que propose Sophie mais sans doute aussi dans son style très « déco bord de mer » comme on pourrait trouver sur les côtés atlantiques en France.
A 60 ans, Sophie n'est pas prête à s'arrêter en si bon chemin. Et lorsqu'on lui pose la question du bilan, elle vous regarde avec des yeux ronds, surprise par l'incongruité de la question. Hormis l'entreprise, Il faut dire aussi que Sophie est encore sur la brèche côté éducation : la jeune grand-mère consacre beaucoup de temps à son petit-fils qu'elle élève en grande partie.
Crédit Photos : M. Dassonville, C. Feder, P. Grenouilleau, V. Ouvrard
Amélie Heim (www.lepetitjournal.com/Jakarta) lundi 19 décembre 2016
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