La plupart des belles aventures résultent de la conjonction d’une idée, souvent simple, un talent, une conviction et des rencontres.
C’est le cas de SoliBike, un projet de vélos électriques initié à Jogjakarta fin 2017. De fil en aiguille, un talent en rencontre un autre et apporte sa pierre à l’édifice ; après de nombreux essais et correctifs, c’est une petite entreprise qui vient d’être enregistrée juridiquement, PT Bintang Lukita Jaya, et qui compte aujourd’hui une dizaine de personnes.
Rétropédalage sur l’aventure :
L’idée
C’est au hasard d’un passage dans un aéroport il y a moins de 2 ans, que Dominique Gygax, co-fondatrice de la Fondation Bintang Kidul découvre des kits de construction pour les enfants, liés aux énergies renouvelables. Elle achète 6 boîtes, motivée par l’aspect éducatif du montage, la résilience qu’il enseigne et l’intérêt scientifique du jouet. Elles sont envoyées à Budi, un jeune homme qui travaille comme facilitateur dans l’un des lieux d’éducation Bintang Kidul à Tanjungrejo, Pati, non loin de Semarang. Un premier petit robot est né, l’enthousiasme des enfants est immédiat !
Parallèlement, il y a l’objectif d’aider la communauté autour de Tanjungrejo qui souffre de la baisse de revenus liés au tapioca. Assez vite une idée commence à germer : concevoir et fabriquer des vélos à assistance électrique, un projet écologique, utile, qui permet de rassembler les jeunes des communautés environnantes autour d’apprentissages techniques tout en réinventant l’économie productive du village.
Le talent
C’est celui de Budi Hantono, jeune homme de 28 ans, rencontré en 2012 à Sekola Kami, une école informelle pour enfants défavorisés à Bekasi où il enseigne les sciences et les mathématiques. Budi est un vrai Mac Gyver, diplômé en informatique, il grandit dans la region de Pati et c’est sans doute son père, enseignant lui aussi, qui lui a transmis son ouverture d’esprit . La philosophie de Budi, on la ressent dans toutes ses interactions avec les enfants : apprendre en s’amusant, faire progresser les jeunes en les guidant. Il a su créer une émulation autour de lui et permis de découvrir d’autres jeunes scientifiques enthousiastes.
Une tête bien faite et un grand cœur.
Une conviction
Le projet SoliBike (E-Bikes solidaires) pourrait se résumer à ces quelques mots : « Construire quelque chose en se construisant soi-même . » En cela, il est complétement en phase avec celui de Bintang Kidul qui est d’ouvrir les esprits et élargir les horizons pour donner la confiance nécessaire à l’accomplissement de ses rêves. La Fondation soutient le projet activement dans la stratégie et au quotidien. C’est cette conviction qui a permis de porter, cadrer et mettre sur pied l’organisation qui produit les vélos aujourd’hui.
Des rencontres coups de pouce
Mais le projet n’en serait pas à ce stade sans certaines rencontres capitales qui ont apporté les éléments techniques manquant au puzzle et la crédibilité aux yeux des adultes professionnels ou non.
Ainsi avec Cédric Gygax jeune ingénieur Belge venu deux mois en automne 2017, Budi et son équipe ont démonté et remonté composant sur composant pour en maitriser le fonctionnement. Des fournisseurs de kits moteurs, batteries et autres pièces ont été identifiés.
Grâce au rôle essentiel de l’Ambassade de France à Jakarta, l’équipe SoliBike a pu bénéficier des conseils de l’Institut Technologique de Bandung – ITB - qui l’a ensuite aiguillée vers l’Université de Semarang avec laquelle les discussions sont maintenant régulières.
Quelle fierté pour ces jeunes Indonésiens d’être écoutés et aidés par des professeurs d’université !
Le vélo à assistance électrique de SoliBike
Pouvant atteindre 45 km/h, le vélo électrique présente énormément d’atouts. SoliBike peut produire des E-Bikes complets de très bonne qualité, ou transformer un vélo existant en vélo électrique. Les prix varient en fonction de la batterie :
- 36 volts : vélo complet, 19 millions de roupies ou équipement 14 millions.
- 48 volts : 21 millions ou 16 millions
Pour faire baisser le coût de production, SoliBike s’est depuis peu attaqué à la fabrication de cadres par des ateliers locaux et travaille au développement de ses propres moteurs et batteries.
L’entreprise a eu le privilège de vendre son premier vélo à Caroline Berthonnet, l’épouse de l’Ambassadeur de France à Jakarta !
Le futur de Solibike : rêvons un peu …
Le futur de Solibike passera par l’ouverture d’autres points de fabrication. Les lieux d’éducation créés par Bintang Kidul à Bekasi ou dans la Vallée de Harau (Ouest Sumatra) permettraient d’y faire travailler les communautés et quelques étudiants parrainés par la Fondation. Gageons aussi que les batteries solaires seront bientôt à l’étude pour rendre le vélo encore plus écologique.
L’Inde et la Chine ont vu leur nombre de vélos électriques littéralement exploser ces dernières années. Alors on peut sans trop de risque parier sur le succès de cette initiative solidaire bien dans son époque. Au delà de l’aspect commercial qui n’en n’est qu’à ses débuts, cette initiative est la preuve des possibilités illimitées offertes aux esprits curieux aidés au bon moment par les bonnes personnes.
Alors bonne chance SoliBike !