Nous rencontrons aujourd'hui Dominique Gygax installée en Indonésie depuis sept ans. Dominique possède la double nationalité Belge et Suisse. Économiste et psychothérapeute de formation, Dominique s'est investie en premier lieu comme bénévole dans différents centres d'aide à l'enfance à Jakarta. Puis en 2005, elle décide de s'installer à Yogyakarta où la vie est peut être plus douce mais où les besoins en aide aux jeunes sont tout aussi importants. Elle a fondé il y a deux ans l'association « Bintang Kidul » que l'on pourrait traduire par l'étoile du nord. Le fonctionnement ressemble à nos maisons pour les jeunes. Nous l'avons rencontrée lors de l'un de ses passages à Jakarta, les yeux pétillants, elle a répondu à nos questions.
Lepetitjournal.com/jakarta : Dominique, peux tu nous expliquer le fonctionnement de Bintang Kidul ?
Dominique : Bintang Kidul est une yayasan qui a pour mission de soutenir et d'encourager le développement et l'autonomie des jeunes qui vivent dans des quartiers défavorisés. YBK est une fondation établie en 2016 sous l'autorité du Ministère de la Justice et des Droits de l'Homme.
Elle fonctionne comme une maison des jeunes, où les enfants viennent y trouver des activités. L'activité principale que nous proposons est le badminton, sport national indonésien, mais aussi d'autres jeux et du soutien scolaire. Je tiens à souligner que cette idée de développement des jeunes par le badminton est venue lorsque j'étais à Jakarta et que les professeurs de sport du Lycée Français ont invité les jeunes dont je m'occupais à participer à un tournoi de badminton inter-lycée français de la zone Asie.
Bien que basée à Yogyakarta YBK gèrent quatre centres à Java Centre, deux autres à Jakarta et deux à Sumatra. Tri Sugiharto est le directeur en charge de la fondation. Il a une grande expérience dans ce domaine. Il est assisté de quatre personnes permanentes : un directeur adjoint, un assistant, un directeur opérationnel et une comptable secrétaire, tous basés à Yogyakarta auxquelles se rajoutent les équipes locales.
Nous proposons aux enfants de pratiquer le badminton mais nous avons aussi ouvert des bibliothèques et ludothèques dans leur quartier. La fondation offre des activités à plus de 400 enfants.Certains se joignent à nous pour des activités récréatives et d'autres ont des objectifs bien définis. La plupart de ces enfants, ont des parents éboueurs ou alors viennent de milieux très défavorisés. Ils viennent vers nous pour trouver un peu d'attention et de chaleur.
Après chaque entrainement nous offrons un repas aux enfants que nous partageons avec eux. C'est l'occasion pour nous de mieux les connaître et de les aider si besoin. Nous les encourageons toujours pour qu'ils poursuivent leurs études aussi loin qu'ils le peuvent, dans le domaine qui les intéresse. Nous sommes un support émotionnel, académique et financier. À travers l'association nous proposons des bourses aux élèves afin qu'il continuent ou reprennent leurs études. Nous étudions bien sûr leurs motivations. Un contrat d'engagement moral est signé entre l'association, les parents et le jeune. Par exemple, Ikbal (19 ans) entre en Fac d'Arts Plastiques le mois prochain, il est notre plus âgé. Quatre jeunes viennent de partir en stage intensif d'anglais à Surabaya. Pas facile pour ces jeunes de quitter leur maison, nous sommes là pour les soutenir jusqu'au bout dans leur projet.
Comment fonctionne le budget de YBK ?
Nous recueillons des fonds de donateurs privés. Notre plus gros soutien financier provient de l'association Solibad qui nous apporte environ un tiers de notre budget. Solibadest la contraction entre solidarité et badminton, c'est une association caritative française. L'objectif de cette association créée en 2009 est de mettre en commun des ressources financières et humaines au sein de la communauté du badminton en France et à l'international afin de soutenir des projets humanitaires. Le premier projet de Solibad, soutenait un orphelinat à Bali parrainé par Taufik Hidayat, champion Olympique et champion du Monde en 2005 de la discipline. Une légende en Indonésie. Depuis, Solibad soutient de nombreux projets à travers le monde et depuis 2016 de nouveau en Indonésie avec YBK.
Solibad nous apporte non seulement un soutien financier mais nous envoie des raquettes, vêtements de sport et chaussures de badminton. Très rapidement, une grande amitié ainsi qu'un profond respect se sont développés entres nous. Récemment les élèves du Lycée Français sont venus donner au centre de Sepuluh Bintang à Jakarta des vêtements, chaussures, livres et jeux. Ils ont été accueillis et reçus par les enfants avec bonheur.
Quelles sont les activités récentes pour les enfants de YBK ?
« l'Indonesia Open de Badminton » 2017 vient d'avoir lieu à Jakarta. C'est un tournoi international où tous les grands noms mondiaux de ce sport répondent à l'appel. Une cinquantaine d'enfants de nos centres de Java ont pu suivre ces rencontres et échanger avec les joueurs. Raphaël Sachetat, Président et fondateur de Solibad, était à Jakarta pour l'évènement. Les enfants lui ont fait visiter leur centre et leurs lieux de vie à Bekasi. Raphaël a été très touché par la gentillesse des enfants et bien sûr est resté sans voix en voyant leurs conditions de vie.
Un autre projet a vu le jour cette année, « Sekolah Bintang » film écrit et réalisé par les enfants. Ce film a été projeté à l'Université de Gajah Mada à Yogjakarta ainsi qu'à Monsieur l'Ambassadeur de France et son épouse.
En juillet, une rencontre est prévue avec 13 jeunes joueurs français, qui viennent à Bandung participer à un stage intensif de badminton.
Nous essayons d'aider les enfants à sortir de leur environnement en leur apportant une ouverture sur le monde extérieur au travers de l'éducation dans son sens le plus large.
Dominique, comment vois tu l'avenir pour ces enfants ?
Je le vois un par un. Chacun est unique et différent et chacun a des besoins particuliers. J'ai beaucoup d'espoir en Nia, une jeune fille qui a repris ses études grâce à notre soutien et qui devrait rentrer à l'université. Elle est déjà un modèle de réussite pour les plus jeunes.
Valérie Pivon (www.lepetitjournal.com/jakarta) lundi 7 août 2017
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