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Sidhi, le guide qui veut montrer le vrai visage de Bali et ses défis

Originaire de Sidemen dans l’est de Bali, Sidhi est un guide touristique balinais francophone et francophile de 32 ans. Fier de son île et de sa culture, il s’est emparé des réseaux sociaux pour montrer le vrai visage de son île natale, aider à mieux comprendre ses réalités et la complexité de sa culture dans des vidéos qui atteignent parfois le million de vues. Pour lui, le sur-tourisme, la pollution plastique et la bétonnisation sont des réalités mais pas une fatalité et ne doivent pas occulter la magie de ce paradis béni des dieux. 

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Les vidéos de Sidhi sur Instagram peuvent parfois atteindre le million de vues.
Écrit par Gaspard Mirrot
Publié le 30 septembre 2025, mis à jour le 1 décembre 2025

 

Une enfance entre rizières et ville, tradition et modernité

À Denpasar, il est connu sous le nom de Sidhi, mais son identité complète raconte déjà une histoire : I Gusti Putu Sidi Wikramayana. Un nom qui évoque les dieux, la réussite et l’équilibre spirituel dans la culture balinaise. Né dans une grande famille originaire de Sidemen, un village niché dans les rizières à l’est de l’île, il a grandi entre la ville et la campagne, entre modernité et traditions. « Chez nous, l’éducation était numéro un. Mes grands-parents tenaient absolument à ce que chaque enfant aille à l’école », raconte-t-il. Son grand-père travaillait au gouvernement le matin et cultivait la terre l’après-midi, sa grand-mère vendait des repas devant la maison. Une famille modeste mais déterminée à offrir à la génération suivante une vie meilleure.

Des études à Deauville en Normandie

Il y a 25 ans, ses parents fondent BAM Tours, une agence de voyages qui accueille surtout des visiteurs français. En 2015, après des études de marketing à l’université Udayana de Bali, Sidhi a l’opportunité de poursuivre sa formation en France. Direction la Normandie, à Deauville, où il intègre une école spécialisée dans l’événementiel. « C’était ma première fois dans un avion international. Je ne parlais pas un mot de français, mais nous, les Balinais, on s’adapte toujours », sourit-il. À Deauville, il découvre que la mer et la température de l’air peuvent être froides mais se réchauffe le coeur en se faisant plein d’amis et apprécie sa vie normande.  Trois années plus tard, il rentre à Bali, francophone et diplômé, prêt à moderniser l’entreprise familiale et à développer la clientèle française.

Des vidéos Instagram pour comprendre les réalités de Bali

Bali est alors en plein boom et commence à être victime de son succès. De plus en plus de critiques, de posts ou d’articles parlent d’un paradis perdu. Un crève-coeur pour Sidhi qui sans nier ces enjeux pense qu’ils ne sont pas une fatalité, qu’il y a des solutions pour améliorer les choses et que la magie de Bali existe toujours si l’on se donne la peine de la chercher.

Pendant le Covid, alors que les visiteurs disparaissent, Sidhi s’essaie à YouTube, partageant des vidéos sur la vie quotidienne balinaise et les lieux à découvrir. L’expérience reste confidentielle, mais en janvier 2025, il franchit un cap et se lance sérieusement sur Instagram.

Seul derrière sa caméra et son téléphone, il raconte en français les coutumes, explique les réalités du quotidien, et prend la parole sur les sujets sensibles : le sur-tourisme, les déchets, les constructions illégales. Avec une conviction : « Bali n’est pas qu’une île surchargée de touristes. Mon village de Sidemen, ou encore la région d’Amed, vivent encore à leur rythme, loin des clichés. Je veux que les voyageurs comprennent cette diversité». Un discours de vérité qui fait mouche: Sidhi est suivi par près de 30 000 followers et certaines de ses vidéos atteignent le million de vues.

Un discours de vérité 

Son discours est mesuré mais engagé. Sur la question des déchets, il rappelle que l’Indonésie est un jeune pays encore en phase de transition. « Beaucoup critiquent sans comprendre nos réalités. Dans mon village, il n’y a pas de système de ramassage. Alors parfois, on brûle ou on jette car des ordures qui s’accumulent peuvent entraîner des maladies et l’on n’a pas forcément l’argent pour se soigner. Ce n’est pas idéal, mais l’éducation et les infrastructures prennent du temps. » Concernant les constructions qui grignotent les rizières, il salue les décisions de limiter les projets illégaux tout en plaidant pour un accompagnement des familles concernées : « Je ne suis pas contre l’investissement, mais il doit être respectueux de la nature et des Balinais. »

À travers ses vidéos, Sidhi veut aussi rappeler que la bienveillance, la patience, la curiosité et une certaine  faculté d’adaptation sont indispensables à la réussite d’un voyage à Bali. "Ici, c’est la jungle, il y a des scooters partout, ça klaxonne, ça zigzag… des cérémonies bloquent les routes,  on croise des singes chapardeurs, et le rythme de vie est totalement à part. Mais si on est curieux, humble et respectueux, tu vivras quelque chose de profond », souligne Sidhi avant d’ajouter : « je ne cherche pas à dire que tout est parfait. Je veux simplement partager la réalité de mon île, avec ses beautés, ses défis et son âme. »

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