Cyril, sa femme et sa fille de 2 ans sont rentrés en France en pleine vague Omicron. Négatifs à leur retour à Jakarta, ils ont contracté la Covid pendant les 10 jours de quarantaine obligatoire à l’arrivée. Le test de sortie de quarantaine étant revenu positif pour eux trois, ils sont repartis pour dix jours d’isolement, cette fois dans un hôpital à 20 km de Jakarta… Retour sur une expérience éprouvante.
Testés positifs au 9 ème jour
« Nous sommes arrivés à l’aéroport de Jakarta début janvier 2022. Nous avons suivi la procédure classique : test PCR sur place, prise en charge par une personne de notre hôtel de quarantaine. Nous savions dès notre arrivée que si le résultat des tests de l’aéroport était positif, nous devrions être affectés à un centre dédié. Pas de souci : nos tests étaient négatifs. Après neuf jours à rester dans notre chambre d’hôtel, nous effectuons les tests PCR conditionnant notre sortie. Le soir même, nous apprenons que nos résultats sont positifs. Nous sommes appelés : ‘‘we will evacuate you’’.
Quarantaine - C’est parti pour 10 jours supplémentaires
Au départ, le personnel nous parle d’un autre hôtel où nous pourrions être tous ensemble. Mais il n’y a plus de place. Ils nous proposent alors deux hôpitaux avec des chambres ‘‘VIP’’ : notre premier choix, avec package ‘‘executive’’ à 4 millions de roupies par personne et par nuit ; 5 millions pour une chambre VIP ; et un autre hôpital, 2,25 millions par nuit par personne pour une chambre VIP. Notre premier choix s’avère plein : direction le second. Une ambulance doit venir nous chercher à 19h ce jour-là... À 23h30, quatre personnes en combinaison intégrale sonnent à la porte de notre chambre. Ils sont accompagnés de personnes masquées qui prennent nos bagages. Trois autres filment la procédure. Quelqu’un passe dans la chambre en pulvérisant du désinfectant. Nous nous entassons dans l’ascenseur. Nous montons dans l’ambulance avec tous nos bagages. Nous n’avons pas de place et ne pouvons pas nous attacher. Pendant 45 minutes, escorté par trois scooters, toutes sirènes hurlantes, le chauffeur conduit comme s’il était en pleine urgence en slalomant entre les voitures. Nous étions pétrifiés », se souvient Cyril.
Une fois à l’hôpital, la famille est placée en salle d’attente dans l’unité dédiée. « On nous prend la tension, l’oxygénation du sang, on nous présente des papiers et un devis pour le séjour. C’est environ 1,5 million par personne et par jour. Ce tarif inclut le lit, la nourriture, mais aussi les combinaisons des soignants (400 k rp. par personne et par jour), des visites médicales quotidiennes, des médicaments… Nous avons refusé ces deux dernières options : nous n’avions aucun symptôme. Bien nous en a pris, car nous nous sommes aperçus une fois dans les chambres que les malades était très médicalisés, avec des visites en permanence, des perfusions… Peut-être avaient-ils réellement des formes graves, mais difficile à savoir ».
Déconvenues à l’arrivée
Enfin, un personnel vient les prévenir que les chambres sont prêtes. « C’est là que nous réalisons que nous n’avons pas de chambre ensemble. Ils nous séparent dans des pièces face-à-face. Sauf que ce n’étaient pas des chambres individuelles, mais des dortoirs ». Côté hommes, quatre lits dont trois sont occupés. La salle de bain est commune et basique (pas même de quoi s’essuyer les mains). Côté femmes, même configuration. « Il était 2h30 du matin, on a décidé de dormir et d’aviser le lendemain ». Pour ce qui est de l’alimentation, le constat est franc : « ce n’était pas bon. Personne ne nous a dit qu’une option ‘‘western’’ était possible pour changer du riz, nous l’avons découvert au sixième jour. Et nous n’avons jamais vu les deux snacks par jour facturés en début de séjour. En revanche, gros avantage par rapport à l’hôtel : il est autorisé de se faire livrer des paquets de l’extérieur ! Nous avons pu commander la plupart de nos repas. Ça met du temps à atteindre la chambre, mais heureusement qu’il y avait ça ».
Cyril et sa famille s’enquièrent de la disponibilité des chambres VIP. Elles sont toutes occupées. Ils sont placés sur liste d’attente. « Ma fille dormait avec moi la nuit, et la journée nous allions le plus souvent dans le dortoir de ma femme. Contrairement au mien, son lit n’était pas au milieu, donc elle avait littéralement un coin pour elle ». Le confort est minimal. « Les climatisations étaient très froides et bruyantes. Nous avions peur que notre fille attrape froid, d’autant plus qu’au jour 4 nous avons entendu le médecin diagnostiquer une pneumonie à la voisine de chambre de ma femme. Au-dessus de mon lit, il y avait un luminaire pour tout le dortoir. Les soignants l’allumaient à chaque fois qu’ils entraient. Mais même éteint, la luminosité restait forte – nous étions dans un hôpital, inutile d’espérer du noir. Quant à l’isolation sonore, elle n’existait pas. Ceci dit, de manière générale, les personnes qui étaient là attendaient leur libération en silence ».
Un peu de soleil : « nous relancions tous les jours pour être réunis. Au milieu du séjour, ils nous ont proposé une chambre sans fenêtre. Il nous restait encore cinq jours, nous avons préféré refuser ».
A côté, Cyril avise un dortoir de trois lits vides, avec un frigo et une fenêtre. Deux inconvénients néanmoins : d’abord, les murs ne vont pas jusqu’au plafond, donc aucune intimité avec les bruyants voisins ; ensuite il n’y a aucun sanitaire. Toutefois, la famille de Cyril est autorisée à l’occuper au tarif VIP. « À partir de là, ça s’est mieux passé. Nous étions ensemble, avec plus de place, notre fille pouvait jouer et ma femme avait une mini-table pour travailler ».
Côté pratique :
Pour le lavage des vêtements, penser à prendre des photos de ce qui est envoyé car il y a beaucoup de pertes. « Ils ont presque tout fini par retrouver, sourit Cyril, sauf un t-shirt ». Il y a le wifi, mais insuffisant pour travailler correctement. Enfin, le toit de l’hôpital est accessible pour prendre l’air. Les hôtes peuvent s’y rendre à volonté. « Par contre c’est très sale et il y a des objets contondants pour un enfant », avertit Cyril. « Le personnel était très gentil. Ils nous faisaient de la peine : ils ne portaient parfois qu’un masque chirurgical et une blouse médicale. Leur protocole semblait très faible pour les protéger, par rapport à la concentration de personnes positives dont ils devaient prendre soin. Au final, je suis convaincu que le mieux aurait été que nous restions à l’hôtel. Nous ne croisions personne, contrairement à ce qu’il s’est passé tout au long de cette procédure. Nous aurions pu rester dans notre chambre et le virus se serait évanoui naturellement sans risquer de passer à qui que ce soit d’autre ».
Des p’tits tests, des p’tits tests, encore des p’tits tests
« Un test positif à l’hôtel signifie une évacuation pour dix jours, et le test suivant n’est prévu qu’à la fin de cette période. Nous avons préféré demander des tests régulièrement pour suivre l’évolution de la charge virale. Si nous étions toujours positifs à la fin de la quarantaine, nous aurions dû re-signer pour au moins quatre jours. Or ma femme avait une grosse échéance professionnelle. C’était très stressant ».
Ainsi :
- PCR dès l’arrivée à l’hôpital pour confirmer la positivité.
- Un autre le troisième jour : ouf, Cyril est le seul qui reste positif !
- Un autre le huitième jour : aïe, Cyril est toujours positif.
- Le lendemain, jour du test officiel : tout le monde est négatif.
C’est un soulagement. « Comme c’était déjà le troisième test négatif pour ma femme et ma fille, ils leur ont proposé de sortir dès ce soir-là. Le dernier matin, j’ai fait le second PCR qui est venu confirmer le résultat de la veille. Le temps de clôturer les papiers et de payer, je suis sorti à 16h de l’hôpital ».
Pour conclure
Au total, le séjour aura coûté 50 millions de roupies pour 5 nuits en dortoir et 5 nuits « VIP ». C’est l’un des tarifs les moins chers pour ce type de séjour, habituellement plus proche de 4 millions par personne et par nuit. Il faut savoir que des solutions en appartement ou dans des hôtels agréés existent. Si ces établissements ne sont pas pleins, c’est une option plus confortable que l’hôpital.
Un conseil ?
« Il faut demander vous-mêmes les résultats de tous les examens, sans quoi vous risquez de les obtenir trop tard ».
Le plus dur ?
« Avoir un enfant en bas-âge avec soi. Sans cela, ça se serait somme toute bien passé ».
Le plus sympa ?
« Les copains qui t’envoient des valises pleines de choses pour tenir le coup ! »
A noter : Début janvier, la quarantaine obligatoire était de 10 jours, elle est passée à 7 jours depuis.