Partie seule de Bali, Cam Klein a traversé une vingtaine de pays en autostop pour rejoindre la France. Un périple de plus d’un an, fait de rencontres, de dangers et surtout d’une liberté absolue.


Dans une autre vie, Cam Klein était guide de plein air, saisonnière dans les stations de ski, puis étudiante en gestion de la faune et de la flore au Québec. Elle a vécu en van, traversé le Canada et même déménagé en Colombie-britannique.
En 2023, la vie de la jeune Française bascule. « C’était une année très compliquée pour moi. J’avais prévu de partir en Asie du sud-est avec mon compagnon, mais nous nous sommes séparés, raconte-t-elle, j’avais aussi envie de revoir ma famille en France, mais je me sentais mal à l’idée de prendre autant l’avion, donc j’ai décidé de le faire par la terre. »
Alors elle quitte Bali, traverse Java, puis prend la route vers l’Asie du Sud-Est. S’ensuivent la Malaisie, la Thaïlande, le Cambodge, le Laos et le Vietnam. De là, cap vers la Chine, le Tibet, le Népal, puis l’Inde et le Pakistan. Après les immensités d’Asie centrale, les Balkans et l’Italie, Cam atteint enfin la maison : la France.

L’envers du décor
L’autostop, « c’est comme des montagnes russes tout le temps : des hauts très hauts et des bas très bas », résume Cam Klein.
« J’ai pris mes affaires et je me suis enfuie. »
Il y a les moments d’angoisse, comme cette nuit à Bromo, en Indonésie, où un conducteur menaçant la contraint à fuir avec sa tente : « Il m’a demandé un bisou, de l’argent, et quand il a vu que je refusais sans cesse, il est parti en disant qu’il allait chercher des amis. J’ai pris mes affaires et je me suis enfuie. »
Ou encore cette soirée en Turquie, lorsqu’un homme qui l’avait invitée chez lui multiplie les avances jusqu’à ce qu’elle parte en pleine nuit : « J’ai erré seule dans les rues jusqu’à trouver un restaurant ouvert. Ils ont appelé la police qui m’a déposée à un terminus de bus, puis un homme m’a indiqué d’aller dans une mosquée où j’ai fini par dormir. »
Ces galères, Cam ne les a jamais cachées. Elle les a racontées sans filtre, dans ses vlogs quotidiens publiés sur Instagram. Mais quand elle repense à la route, ce ne sont pas les frayeurs qui lui reviennent en premier. Ce sont les visages, les sourires, l’hospitalité. En Ouzbékistan, par exemple, un conducteur l’invite à passer le week-end avec sa famille : « J’y ai passé deux jours exceptionnels, à cuisiner et visiter les alentours. J’espère sincèrement les revoir un jour », confie-t-elle.

Au début, Cam filme sans trop savoir pourquoi. Mais à Java, en Indonésie, trois vidéastes rencontrés par hasard l’encouragent à publier un vlog par jour : « Ils m’ont convaincue de me lancer. Ça a toujours été une envie au fond de moi, comme pour garder un journal de bord, un souvenir. » Aujourd’hui, l’autostoppeuse cumule plus de 220 000 abonnés sur ses comptes Instagram.
Après un an de route, Cam Klein est rentrée en France, transformée, mais toujours fidèle à elle-même : « J’aime dire : "différente, pas tout à fait autre pour autant". » Désormais, elle rêve de voile, d’alpinisme et d’une Europe à parcourir, mais cette fois-ci, ce ne sera peut-être pas le pouce levé…
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