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Yohann Lessart - Le vélo, un virus familial qui le mène à parcourir le monde

Yohann Lessart indonesieYohann Lessart indonesie
Yohann Lessart devant le Bromo
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 18 décembre 2022, mis à jour le 15 juin 2023

Yohann Lessart est installé en Indonésie depuis 20 ans. Ingénieur art et métier, il arrive en 2002 pour travailler à Cilegon sur un site de Krakatau Steel (le plus gros complexe sidérurgique en Indonésie). Il est aujourd’hui responsable du département cycle et mobilité urbaine de Decathlon Indonésie. À l’occasion de l’ouverture du nouveau magasin Decathlon à Yogjakarta le 2 décembre, Yohann vient de parcourir à vélo, les 555 km qui séparent les deux villes, Jakarta - Yogyakarta, en 24h. Ce n’est pas le premier exploit cycliste de ce sportif hors normes ; Ouest américain, Cap Nord, Cuba, Himalaya, Philippines, Vietnam, tour de Sulawesi, Sumatra… Lepetitjournal.com Jakarta a décidé d’aller à sa rencontre pour essayer de comprendre ce qui pousse Yohann à se surpasser et à trouver de nouveaux challenges en permanence.

 

Le vélo, un virus familial

Le vélo est la passion de Yohann depuis qu’il a 12 ans,

« à cette époque, j'habitais Armentières dans le nord de la France, mon père et mon grand-père participaient à des courses cyclistes dans la région, ils m’ont transmis le virus ».

Yohann, c'est l’homme de tous les défis sportifs. Il vient de parcourir Jakarta Yogyakarta à vélo en 24h, soit 555 km. Mais il a à son palmarès de nombreux autres défis.

palmares yohann Lessart

 

Le Ventoux 4 fois dans la même journée !

Le mythique Mont Ventoux en France, il l’a grimpé 4 fois dans la même journée « il y a trois accès connus pour le mont Ventoux, j’ai découvert que l’on pouvait aussi monter par une route forestière. C’est plutôt un accès pour vélo Gravel. Avec un vélo de course, ce fut tout de même compliqué ».

 

Himalaya Ladakh, 1500 km, col à 5360 m en solitaire

En 2016, Yohann se lance dans un tour en solitaire au Ladakh sur les hauteurs de l’Himalaya. « La première expérience fut un peu difficile, j’ai souffert du mal des montagnes. Je n’ai pas assez respecté les paliers d’adaptation à l’altitude. J’ai perdu connaissance à 4.000 m. C’est l’armée indienne qui m’a récupéré et je suis resté quelques jours à l’hôpital »

 

Yohann Lessart toit du monde Ladhak
Col Chang La 5360 m Ladakh

 

Yohann ne s’avoue jamais vaincu, en 2018 il retourne au Ladakh. Lors de son deuxième séjour, il va parcourir 1500 km sur des hauteurs de 4.000 m et atteindra un des cols les plus hauts d’Inde, le Chang La à 5360m.

« Partir dans ses régions, il faut tout envisager. Sur mon vélo, j’emporte kit de réparation, vêtements, tente, nourriture soit 30 kg. Dans ce genre de voyage, ce n’est pas la rapidité qui rentre en compte, mais c’est pédaler sur la longueur. Il faut ménager ses efforts et s’adapter au climat, aux routes pas toujours en bon état, passer les cols, trouver un endroit où dormir, d’où la tente. Se nourrir et s’hydrater correctement »

Sulawesi, Sumatra, Java, Bali

L’Indonésie, il connait bien aussi. En 2022 il a parcouru le tour de Sulawesi soit 3600 km, en 2020 Java-Bali, soit 2200 km et Sumatra par deux fois côte est et côte ouest, soit 2000 km en moyenne par coté. Tout cela sans assistance, juste le nécessaire pour les réparations et quelques vêtements.

« En Indonésie, c’est plus facile de se déplacer avec un vélo léger. Je parle couramment l’indonésien, lorsque j’arrive dans un village et que je demande un endroit où dormir, les habitants sont toujours accueillants et m’offrent souvent l’hospitalité. Pour la nourriture, c'est pareil, il y a des toko et des warung partout, je peux facilement me restaurer et acheter de l’eau ».

 

Jakarta- Yogjakarta, retour sur ce périple de 24 h

trajet Jakarta Yogjakarta Yohann lessart
parcours entre Jakarta et Yogjakarta

 

Son dernier challenge: relier Jakarta à Yogyakarta, soit 555 km, 3000 m de dénivelé, le tout 24h. Dans le cadre de son travail chez Décathlon, à chaque nouvelle ouverture à Jakarta, Yohann organise une course à pied entre les magasins pour marquer l’évènement et mobiliser les équipes. Alors pour celle du magasin de Yogayakarta, à pied, c'est peut-être un peu long.

Yohann décide de parcourir les 555 km qui séparent les deux villes à vélo. « Je suis parti à 5 heures du sud de Jakarta. La première partie jusqu’à Bandung n’est vraiment pas agréable, beaucoup de circulation. Je suis arrivé à Bandung, mon visage, mes bras étaient noirs de pollution. La deuxième partie à partir de Tasikmalaya fut un vrai plaisir. De magnifiques paysages, des petits villages authentiques. À moitié du parcours, j’ai dormi 1 h 30 dans un poste de garde, en faisant tout de même attention à bloquer mon vélo entre mes jambes ». La circulation est plus fluide, mais les camions sont dangereux, « sur la deuxième partie de ce voyage, la nuit lorsque j’entendais des camions derrière moi, je me garais sur le bas-côté pour les laisser passer ». Le Retour Yojakarta-Jakarta, Yohann l’a fait en bus, « un voyage avec le moins d’empreintes carbones possible ! ». Une valeur importante pour Yohann

 

Les entrainements, la base

On ne parcourt pas autant de kilomètres sans entrainements. Les entrainements sont la base de tels exploits ; deux fois par semaine, Yohann s’entraîne pour faire des fractionnés avec un groupe de cycliste à Jakarta « levé tôt, départ à 4h45 et on pédale pendant 2 heures. C’est superbe de voir le soleil se lever sur la ville. Mais j’avoue que l’on arrive à regretter la période Covid, il y avait peu de circulation. Aujourd’hui les voitures sont de retour. ». Le week-end, il part faire de longues sorties de 200 km minimum du côté du Puncak, montagnes proches de Jakarta.

Il faut également un mental fort pour partir seul sur les routes, dans des pays inconnus. « Je fais du vélo et de la course à pied, des trails. Aujourd’hui, je connais parfaitement mon corps.  L’entrainement physique effectivement, je l’ai. Dans ce genre de périple à vélo, on pédale certes avec ses jambes, mais beaucoup avec sa tête. Je me suis retrouvé dans des endroits où la nuit tombe loin de toutes habitations, des endroits pas toujours très surs, des animaux comme des serpents ou autres. La tente est la bienvenue dans ces moments pour dormir et se protéger.  Je me suis endurci, mais je pense que le mental est aussi un trait de caractère et que je l’ai reçu en héritage »

En parlant d’héritage, nous avons demandé à Yohann s’il a transmis ce virus à sa fille « lorsqu’elle était plus jeune de 9 à 14 ans, je l’ai emmenée grimper plusieurs volcans sur Java. Mais à l’entrée au lycée, les copines ont pris plus d’importance. Mais je ne désespère pas, elle n’a que 18 ans et le virus du vélo s’attrape n’importe quand »

 

Des projets ?

Peut-être le tour du Japon… mais pour l’instant rentrer, passer les fêtes en famille en France.

 

 

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