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École en ligne, comment s'adaptent les mathématiques au LFJ ?

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photo d'illustration avant Covid-19
Écrit par Lepetitjournal Jakarta
Publié le 13 mai 2020, mis à jour le 13 mai 2020

Face à la pandémie de coronavius, chaque secteur d’activité a dû se ré-inventer et s’adapter. Le Lycée Français de Jakarta fermé depuis le 16 mars a lui aussi su trouver les outils pour continuer l’apprentissage en ligne de ses élèves. Depuis huit semaines, les enseignants travaillent avec le logiciel moodle. Lepetitjournal.com de Jakarta les a contactés pour dresser avec eux un premier bilan sur cette nouvelle façon d’enseigner.

 

Interview de Lionel Poujet - Professeur de mathématiques en collège et lycée

 

Face à une situation inédite, l'école a su se re-inventer, les enseignants ont dû apprendre un nouvel outil. Comment s'est faite la mise en route ?

Le LFJ met en place depuis deux ans un plan numérique ambitieux qui ne se résume pas à l’achat de tablettes. La mise en place d’un accès unifié aux ressources via la plateforme Moodle a clairement facilité les choses. Les enseignants comme les élèves du second degré n’ont ainsi pas vraiment découvert de nouveaux outils à cette occasion et la mise en route s’est faite en douceur. 

Si l’utilisation massive de la visioconférence représente un certain défi en milieu scolaire (sécurisation des données personnelles, nombre de participants, faciliter l’accès à la session etc…), elle ne change pas fondamentalement la façon d’apprendre.

La forme de cette école peut sembler avoir changé mais les questions que se posent le prof sont identiques : Quels objectifs dois-je fixer à mes élèves ? Comment puis-je les engager dans les activités que je leur propose ? Comment puis-je m’assurer qu’ils ont atteint l’objectif ?

 

Quelles adaptations pédagogiques avez-vous dû faire ? Par rapport à votre matière et l'âge des enfants ?

L’enjeu était clairement celui-ci : malgré la distance, comment fournir des feedbacks réguliers aux élèves afin de garantir leurs apprentissages ? 

D’une part, les classes virtuelles régulières permettent de proposer aux élèves des temps de formation au cours desquels les interactions sont nombreuses : interactions entre l’élève et son enseignant mais aussi entre élèves. 

D’autre part, différents types d'activités (QCM, exercises, rédaction, productions orales…) accompagnés de vidéos explicatives sont aussi demandés aux élèves. Cela constitue la partie asynchrone de la continuité pédagogique.

Pour le reste, les intentions pédagogiques restent les mêmes et les outils numériques s’adaptent. Prenons l’exemple des nombres décimaux travaillés en cycle 3. La verbalisation est le cœur de la construction de la pensée : ainsi on prononcera « un et sept dixièmes »  pour 1,7 — « un et treize centièmes »  pour 1,13 — cela évitera bien des erreurs quand il faudra comparer ces deux nombres. Il a donc fallu trouver des supports numériques permettant de mettre au cœur des apprentissages un travail basé sur la verbalisation.

Bref, si nous avons adapté le rythme des apprentissages, nous n’avons pas détourné nos objectifs d’apprentissage.

 

Comment les élèves se sont adaptés aux cours en ligne ? Ont-ils rencontré des difficultés ?

Comme en classe, la principale difficulté pour un enseignant est de mettre en activité ses élèves. De la même façon que certains élèves peuvent s’évader de classe en regardant par la fenêtre, certains sont sans doute tentés par de nombreuses distractions à leur domicile. On en revient encore une fois aux questions essentielles que se posent un enseignant… dans sa salle de classe comme dans sa classe virtuelle.

L’enseignement distancié ne crée pas de difficultés mais il peut mettre en exergue des faiblesses : celles d’un élève distrait ou même celle d’un scénario pédagogique imparfait. 

 

Après plus d'un mois et demi de cours en ligne, quel est le premier bilan ?

Je ne me risquerais pas à faire un bilan mais quand je lis dans la presse française que plusieurs semaines d’école ont été perdues, je ne reconnais absolument pas la situation du LFJ. Certes l’organisation habituelle a été bousculée, certes les débats sont plus agréables à mener dans un même espace physique mais je vois aussi les élèves progresser sur leur rigueur et leur capacités organisationnelles. Les espaces "chat" ont aussi libéré la parole de quelques élèves habituellement plus discrets. D’autres élèves, au travers des activités asynchrones ont révélé une motivation nouvelle.