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Comment les différents secteurs d’activités s’adaptent à la crise ?

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Écrit par Lepetitjournal Jakarta
Publié le 25 mars 2020, mis à jour le 8 mai 2020

La capitale Jakarta est en état d’urgence pour 2 semaines, nombreuses entreprises, tout secteur d’activité confondu, doivent s’adapter. Nous avons contacté des entreprises françaises ainsi que des français qui travaillent pour des entreprises locales pour savoir comment leur activité fait face à la crise majeure du coronavirus.

Depuis 10 jours, de très nombreuses entreprises sont passées en télétravail, ont fermé leurs bureaux, mis en place des roulements pour les équipes qui ne doivent pas se croiser. Mais il y a aussi des activités vitales qui ne peuvent fermer.

 

La distribution de produits alimentaires :

Les supermarchés sont sur la ligne de front dans cette crise, les gens stockent, ne sortent plus, entrainant un afflux important de clients dans ces lieux. " Chez Ranch Market, depuis 10 jours nous adaptons tous les jours notre stratégie, horaires d’ouverture, hygiène, port du masque, gel hydro-alcoolique, prise de température des clients et des employés...pas plus de 50 clients dans les magasins, des zones d’attente sont installées en extérieur, les caddies sont désinfectés. Nous travaillons sur le déploiement du service de livraison. Nous portons une attention particulière à nos employés qui se trouvent face aux clients potentiellement malades et qui doivent travailler plus ; nous mettons en place des formations et nous travaillons sur une prime exceptionnelle. Un travail est fait aussi avec les fournisseurs" nous explique un responsable français.

L’usage des applications mobiles pour faire ses achats alimentaires a augmenté de 17% depuis janvier.

Le secteur de la restauration : 

Ce secteur est très touché par la crise, entre 75 et 80% de baisse de chiffre d’affaire. Les restaurants sont encore ouverts, les restaurateurs nous expliquent   "avoir diminué de 60% le choix dans les menus, on adapte notre activité en développant les livraisons à domicile. Pour le personnel, nous essayons de les préserver, il leur est demandé de prendre leurs congés s’ils en ont, ensuite un roulement sera établi entre eux." 

 

Les entreprises :

Chez AXA Indonésie, Julien Steimer responsable  de la société en Indonésie nous explique :" la priorité est de protéger les salariés de l'entreprise, tout en assurant la continuité du service rendu aux clients. Quelle solution ? D'abord la mise en place immédiate de mesures de prévention draconiennes au sein de l'entreprise : prise de température systématique, mise en quarantaine le cas échéant, distribution de masques et de solution hydro-alcooliques, respect de distances de sécurité, communication sur les gestes barrières, désinfection quotidienne des espaces de travail. Ensuite et très rapidement, nous avons tout fait pour permettre aux salariés de travailler depuis leur domicile. En moins de 10 jours, près de 800 ordinateurs portables ont été distribués aux employés avec accès sécurisé aux systèmes de l'entreprise. Ce sont désormais 100 % des équipes critiques et plus de 80 % des collaborateurs qui peuvent travailler chez eux."

"Ce nouveau modèle de travail s'appuie sur un accompagnement managerial quotidien et le partage de bonnes pratiques : comment bien travailler chez soi ? Comment lutter contre l'isolement ? Comment conduire une réunion à distance ? Ces mesures ont permis de garantir la permanence opérationnelle de l'entreprise et d'assurer le meilleur service aux clients."

 

En ce qui concerne le groupe ENGIE, entreprise française leader dans la transition zéro carbone, David Cullerier président-directeur ENGIE Indonésie nous explique "avoir fermé nos bureaux dès le 17 mars pour passer en télétravail. Les recommandations de mesures de prévention ont été diffusées à nos employés tout comme à nos prestataires. Pour ce qui est des Joint-Ventures, des mesures similaires ont été prises avec parfois, pour certaines, la mise en place d’une équipe A et d’une équipe B qui alternent au bureau et ne doivent sous aucun prétexte, se rencontrer. Les activités de développement sont au ralenti car de nombreuses entreprises limitent ou interdisent, comme cette entreprise, les rendez-vous, les déplacements. C’est plus compliqué pour les activités opérationnelles où il faut absolument conserver une continuité de l’activité, ils ont donc séparé strictement les équipes en deux. Sur les chantiers de construction, cela est encore plus difficile et nous sommes en train de mettre en place les mesures pour assurer avant tout la santé des personnes ainsi que l’avancée des chantiers."

 

Un autre français responsable d’une holding nous explique que son activité sécurité est très suscitée, par contre cette holding qui devait ouvrir un hôtel sur Lombok repousse l’ouverture. Tout comme au sein de son activité cinéma, le lancement d’un documentaire est repoussé.

 

Au sein d'une agence de design française, installée à Jakarta depuis 2015. L’agence de 12 salariés a pris des mesures dès le début de l’épidémie en mettant en place les gestes barrières et en proposant du gel hydro-alcoolique sur le lieu de travail à tous les salariés. Le ménage a été accentué avec une désinfection des zones de travail chaque soir. Nos bureaux sont situés au sein du mall Darmawangsa Square, aucune mesure particulière n’était mise en place dans le mall avant le 16 mars. Dès l’annonce de la fermeture de la maison mère à Paris, le 16 mars, des mesures identiques ont été mises en place à Jakarta. Fermeture des bureaux et mise en place du télé travail pour l’ensemble des salariés. Chaque salarié dispose d’un ordinateur portable lui permettant de continuer à travailler même à domicile. Les bureaux ont été entièrement désinfectés, depuis seul un ou deux salariés y passent ponctuellement pour des tâches indispensables. Les réunions de travail avec les clients se déroulent aussi en visio-conférences afin de limiter les déplacements et les contacts.

 

Chez Décathlon, Jérémie Ruppert, directeur général de l’enseigne en Indonésie, nous explique “ Cette crise est un énorme exercice d'agilité et de résilience. Elle est à la fois extrêmement inquiétante économiquement mais aussi une source d'opportunités nouvelles. Concernant la gestion de crise, nous avons créé il y a déjà un mois une cellule de gestion de crise sur chacun de nos magasins. Nous avons écrit avec eux les scénarios que nous voulions suivre aux différentes étapes de la crise (4 niveaux dont le 4 est la fermeture des magasins). Nos bureaux et salles communes sont déjà fermées depuis 10 jours ainsi que tous les environnements clos, propices à une diffusion du virus. Les équipes magasin sont désormais organisées en shift. La prochaine, ultime, étape sera de gérer un chômage technique de nos équipes et comment préserver leurs emplois au maximum. Concernant les opportunités, elles sont multiples car pour nous ce sont les contraintes qui créent les idées les plus innovantes et disruptives. Nous allons questionner la diversité de nos canaux de distribution après cette crise et renforcer encore plus notre agilité administrative et organisationnelle. Une fois que l'orage sera passé, pas de doute que de nouvelles opportunités se présenteront”. Depuis notre interview, l'enseigne a dû fermer un de ses magasins situé dans un centre commercial (fermé pour 2 semaines par décision de l'administration de Jakarta)