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Belitung au temps du Covid-19 : vivement la reprise !

Belitung Indonesie tourismeBelitung Indonesie tourisme
Écrit par Athénaïs Pinard Legry
Publié le 3 juin 2020, mis à jour le 3 juin 2020

« Go Belitung », ce sont les guides incontournables pour découvrir la très prisée île de Belitung, située à une heure de vol de Jakarta et donc à portée de week-end des Betawi. Par cette initiative, le fondateur Stéphane Villière entend défendre son île, valoriser les productions et la culture locales, ainsi qu’un tourisme responsable et authentique. Mais la crise du Covid-19 a mis un coup d’arrêt à ses projets.

 

Stéphane Villière est à la tête d’une entreprise familiale qu’il gère avec sa femme Sisi et une dizaine de personnes en free-lance auxquelles il fait appel en fonction des demandes. « Ici, le tourisme est très différent de Bali », nous explique-t-il. « Il s’agit principalement de tourisme local et de voyages d’entreprises. Ce type de groupe est pris en charge dès son arrivée à l’aéroport, et enchaîne un programme d’activités très convenues. Sur Belitung, on n’a pas vraiment affaire à des baroudeurs. La location de scooters ou de voitures n’est pas développée, par exemple. En outre, les touristes sont là pour une courte durée : 3-4 jours maximum. Il m’arrive parfois d’entendre des guides locaux paniquer à l’idée qu’un groupe reste 5 jours : ils ne savent pas quoi faire le dernier jour ! Ma clientèle habituelle est différente : il s’agit de personnes qui font appel à moi pour découvrir la culture et les trésors locaux. Go Belitung offre tous les jours quelque chose de nouveau, quelle que soit la durée du séjour. On va à la rencontre de la population, des pêcheurs, des associations de protection des villages… Aujourd’hui, nous sommes les seuls à proposer cela. »

 

Comment avez-vous adapté votre activité depuis le début de la pandémie ? 

Tout s’est passé très vite : le point de rupture a été la fermeture des écoles, mi-mars. A partir de là, nous avons vraiment senti le virus de la peur se répandre et toucher toutes les activités.

Pour la famille, nous avons réduit les déplacements au maximum dès lors. Pour l’entreprise, nous sommes notre propre personnel, sinon tout le monde travaille en free-lance dans le secteur touristique de Belitung. Nous nous entraidons comme nous pouvons. Ceux qui sont au chômage technique vont pêcher, s’occupent de leur potager…

Le mois du Ramadan s’est passé ainsi, sans effet particulier. Le point le plus notable a été au moment d’Idul Fitri, normalement une semaine chômée consacrée aux visites familiales. Ça n’a pas du tout été le cas cette année. 

Quelle est la situation à Belitung ? Comment se passent vos relations avec la population locale ?

Il y a 300 000 habitants à Belitung, sur une île un peu plus petite que Bali. Tout est pratiquement à l'arrêt. Cela fait presque deux mois qu’il n'y a plus de liaisons par avion, ni de passagers par bateaux. Les derniers avions à atterrir étaient désinfectés, les passagers obligés de respecter une quatorzaine sous surveillance de bracelet GPS.

En termes de Covid, il y a eu très peu de cas recensés. Mais les mesures sont drastiques. Tout le monde, ou presque, porte un masque. Tous les lieux touristiques et les hôtels sont fermés ainsi que les restaurants. Il reste des points de restauration de rue, mais tous doivent fermer tôt, à 21 heures maximum. La police a patrouillé partout pour faire respecter les distances de sécurité, y compris sur les plages. Avant d’entrer dans un supermarché, on a obligation de se laver les mains. Les caissiers portent visières et masques. Beaucoup d'entreprises tournent au ralenti et les administrations sont fermées au public. On voit des tentes pour se faire tester partout, en ville et jusque dans les campagnes. Le gouvernement de Belitung a été très réactif, très vite.

Pendant un temps, les pêcheurs de Belitung avaient interdiction d’aller en mer marchander avec les îles avoisinantes. Aujourd’hui ça s’est assoupli, mais ils n’ont toujours pas le droit de faire escale dans les ports de Kalimantan. Résultat : le prix du poisson a chuté. Ceux qui étaient vendus à l’extérieur ont vu leurs prix divisés par dix. Ceux vendus en local sont restés à peu près au même prix.

Les pêcheurs ne sont pas les seuls à subir la récession. Les fonctionnaires voient leur salaire chuter. Presque personne n’a touché de bonus de Ramadan. Une blague locale circule : « le virus a rendu les kampung kering » (asséché les villages).

De notre côté, nous avons toujours eu une très bonne relation avec les locaux. Aujourd’hui elle reste aussi intime, dirais-je. 

Y a-t-il des initiatives locales qui se mettent en place pour aider la population ?

Les grands établissements touristiques se sont regroupés pour donner une aide aux guides. Il y a aussi des aides du gouvernement. Les particuliers ne sont pas en reste de solidarité : ce n’est pas rare de voir des voitures de luxe en pleine distribution. Pour le reste, tout le monde a au moins un bout de jardin où faire pousser des légumes. 

Ce temps de confinement vous laisse-t-il du temps pour faire autre chose et si oui, quoi ?

Je travaille sur de nouveaux projets... ça reste confidentiel pour le moment. La miellerie est toujours en travail, il y a plusieurs difficultés à surmonter.

La plantation de poivre traverse une situation compliquée car le cours a chuté lui aussi. On constate une grosse perte de valeur, à moins de 50 000 Rp. le kilo aujourd’hui alors que c’était 150 000 Rp. quand j’ai commencé. »

Un premier bilan depuis ces deux mois et demi de confinement ?

Vivement d’autres perspectives que le confinement ! Moralement, ça va. Je ne peux pas me plaindre. Je me suis mis à la méditation. Mais nous vivons sur un peu d’argent mis de côté, donc vivement que ça se termine ne serait-ce que financièrement.

Comment envisagez-vous la reprise ?

C’est encore difficile de l’entrevoir. J’espère que les gens de Jakarta trouveront Belitung comme première porte pour s’aérer, s’ils en ont encore les moyens car nous anticipons un gros coup pour l’économie indonésienne, comme française d’ailleurs. En ce moment il n’y a qu’un avion par jour, en provenance de Jakarta. Le tourisme international est encore bien loin. »

Plus d'informations ici sur Go Belitung

 

 

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