Une trentaine d’années d’expérience dans l’éducation, des élèves de la toute petite section à l’université, trois pays, trois continents… Voici en bref le parcours de Christian-Yves Michelon, nouveau proviseur du Lycée français de Bali depuis le 1er septembre 2023.
De l’enseignement à la direction
Après une licence en France, un master au Canada, puis une première expérience de professeur d’histoire-géographie dans l’Académie de Nice, il postule à l’université du Ceara, au Brésil, où il donne des cours de civilisation française en master. « Découvrir un pays continent » et enseigner à l’université motivent pour beaucoup cette décision et confirment sa volonté de faire une carrière à l’international.
Mais tout juste trentenaire, « une opportunité comme il en existe peu » se présente à lui : lancer le collège de l’Ecole française internationale de Bratislava, en Slovaquie, alors limitée au premier degré. Toujours « jeune professeur », il enseigne dès lors « presque toutes les matières ». Puis, avec l’augmentation de 5 à 130 collégiens et lycéens, et la nécessité de monter et d’encadrer une équipe pédagogique, son métier glisse peu à peu de l’enseignement vers la direction. Et lorsqu’il quitte son poste, dix-sept ans après son arrivée, la petite école de Bratislava est devenue un centre d’examen homologué, scolarisant 380 élèves jusqu’au baccalauréat.
« Être diplomate dans l’âme »
Christian-Yves Michelon ne cache pas sa satisfaction d’avoir créé « une structure pérenne et des emplois » tout en ayant eu la possibilité d’y défendre ses idéaux : « Une école de la bienveillance, qui donne sa chance à tout le monde, où règne d’abord un climat de bien-être ». C’est pour lui une conviction profonde : « Pas de réussite scolaire sans bonheur à l’école ! »
Selon lui, un proviseur doit avant tout avoir « ancré en lui les valeurs de l’école républicaine » et promouvoir « une école inclusive et tolérante ». Il doit « être diplomate dans l’âme ». « Et plus encore à l’étranger », ajoute-t-il, soulignant la dimension interculturelle et la fonction de représentation du métier au-delà des frontières.
Car à l’international, les particularités sont nombreuses. Avec un public qui va de la maternelle à la Terminale, il faut « savoir embrasser les deux niveaux, le premier comme le second degré », dont les pratiques pédagogiques différent. S’ajoutent également une gouvernance avec un comité de gestion, la responsabilité du recrutement, une plus grande autonomie financière… Il faut enfin compter avec l’éloignement de la métropole : « un certain nombre de supports n’existe pas », qu’il s’agisse du médecin ou du psychologue scolaire. Les relations avec l’ambassade de France à Jakarta et l’Alliance française de Bali permettent toutefois au lycée de disposer d’un appui des autorités nationales.
Pour Christian-Yves Michelon, cette composante « touche-à-tout » rend justement le métier plus intéressant dans son exercice hors de France, au sein du grand réseau de l’Agence française pour l’enseignement à l’étranger (AEFE), qui scolarise près de 400 000 élèves dans 580 établissements. « Nous nous inscrivons dans un espace bien plus vaste. »
Le Lycée français de Bali
C’est donc dans un état d’esprit d’ouverture sur le monde que le nouveau chef d’établissement a pris ses fonctions à Bali, y trouvant un terrain propice à l’expression de ses valeurs. Implanté depuis trente ans sur le même site, le Lycée français de Bali (LFB) a vu ses effectifs augmenter, comptant désormais plus de 400 élèves de 25 nationalités différentes, dont environ 30 % de nouveaux inscrits.
Avec environ 20 % de boursiers, l’établissement témoigne d’une « continuité du service public » au-delà des frontières, ce qui le rapproche du modèle métropolitain.
« Il y a une mixité sociale dans cet établissement et c’est très bien ainsi », résume Christian-Yves Michelon.
Le LFB bénéficie d’une reconnaissance des autorités locales. L’obtention du statut SPK (Satuan Pendidikan Kerjasama) lui permet désormais d’accueillir des élèves de nationalité indonésienne qui gardent la possibilité de réintégrer leur système scolaire de plein droit. Ils représentent aujourd’hui 10 % des effectifs. « Une nouvelle possibilité pour le lycée de s’ouvrir sur l’Indonésie. »
Une promotion de la langue française
Au fil des années, l’établissement s’est internationalisé, accueillant aujourd’hui des néo-francophones de diverses nationalités. Selon Christian-Yves Michelon, une « culture générale, littéraire, scientifique, artistique et dans le domaine de l’éducation physique, très ouverte et très large », un « rapport au texte singulier » et « la formation de citoyens à l’esprit ouvert et critique » distinguent l’enseignement français de ses concurrents. « Une de nos singularités, c’est aussi l'étude de la philosophie, qui interpelle les parents », ajoute-t-il.
« La couleur d’un établissement de l’étranger est naturellement portée sur les langues », rappelle le proviseur, soulignant l’excellence des élèves en anglais comme en indonésien. Son projet d'instaurer le Bac français international (BFI) dans les années à venir témoigne d’une volonté forte et assumée de promouvoir une plus grande maîtrise de la langue française dans un contexte linguistique toujours plus concurrentiel.
En cette fin d’année civile, le lycée français de Bali se rapproche de sa pleine capacité. Un plan stratégique sur cinq ans a été initié afin d’anticiper les besoins à venir et d’ouvrir les portes à de nouvelles générations. Et c’est avec enthousiasme que Christian-Yves Michelon formule un vœu : que l’établissement dont il assume désormais la direction et qui porte un héritage de trente ans continue d’être un lieu éducatif ouvert à des enfants de tous les horizons au cours des trois prochaines décennies.
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