L'art, en tant qu'expression du mouvement humanitaire, nous permet d'adopter une perspective critique sur la société et de rompre avec la monotonie de notre quotidien. L'équipe du Petit Journal a eu la chance d'interviewer Arahmaiani, une artiste indonésienne reconnue pour ses œuvres multidimensionnelles, juste après son exposition à la ISAA Gallery, qui a eu lieu du 3 août au 20 septembre 2024.
Originaire de Bandung, Arahmaiani est une figure marquante sur la scène artistique internationale, ayant exposé dans des pays tels que l'Australie, l'Italie, l'Allemagne, la France, ainsi que dans d'autres nations. Elle utilise son art comme un moyen d'expression sans limite, explorant des formes variées telles que la peinture, l'art en 3D, l'installation, la danse et la poésie. Considérée comme l’une des figures emblématiques du développement de l’art contemporain en Asie du Sud-Est, Arahmaiani utilise souvent son art pour critiquer les problèmes liés à la société, la religion et la culture.
Son engagement artistique reflète des problématiques sociales et culturelles profondes, incitant le public à réfléchir et à se questionner. Arahmaiani nous rappelle que l'art peut être un puissant vecteur de changement et de prise de conscience. Sa peinture intitulée Lingga-Yoni en 1993 et son installation artistique Etalase en 1994 sont des assemblages de plusieurs symboles relatifs à l’Islam, la culture occidentale et la sexualité. Lingga-Yoni représente les attributs sexuels féminins et masculins selon la mythologie hindouiste.
The Wrath of Earth, La Colère de la Terre
Avec son esprit profondément humaniste, Arahmaiani a réussi à transformer ses critiques, son humeur interculturelle et son espoir écologique en un seul langage : l'art. The Wrath of Earth est un travail conceptuel qui symbolise le désespoir universel face à la dégradation de l'humanité, abordant des problématiques telles que la déforestation et l'utilisation de matériaux non recyclables, qui contribuent au changement climatique.
Quelles sont vos sources d'inspiration ?
Je m'intéresse à tous les sujets, que ce soit les droits des femmes, les droits humains en général, la spiritualité, et surtout l'environnement. J'ai beaucoup exploré les thèmes de la pluralité, de la diversité et de l'inclusion.
Comment décririez-vous votre mouvement artistique ?
C'est assurément de l'art contemporain, mais pas uniquement. Pour moi, mon art est une discipline qui englobe tout. J'essaie de créer avec une intention précise. L'art a le pouvoir de réparer et de mobiliser les gens. Jusqu'à présent, j'ai beaucoup collaboré avec des ONG, des chercheurs, des universités et des associations à but non lucratif dans des pays comme l'Australie, les États-Unis, l'Autriche, le Canada, etc. J'ai d'abord travaillé sur la recherche et le concept, puis sur l'exécution.
En tant qu'artiste engagée, quel est votre défi de travailler en Indonésie ?
Tout d'abord, je ne me limite pas à l'Indonésie, car mes travaux s'appuient sur des recherches approfondies. Pour chaque exposition, je mène mes processus créatifs directement dans les pays concernés. Les codes sociaux sont pour moi des éléments à remettre en question : sommes-nous vraiment conscients de notre héritage culturel, de notre identité et de notre valeur avant d'imposer des restrictions à la liberté d'expression ?
Nous vivons dans un univers en mouvement, où le changement est inévitable. Arahmaiani
Que pensez-vous du monde artistique en Indonésie aujourd'hui ?
Le paysage artistique est en plein essor, même si l'expression est parfois restreinte sur des sujets sensibles comme les droits LGBTQIA+ et les droits des femmes, ainsi qu'en ce qui concerne la prise de conscience du changement climatique. Cela dit, de nombreuses organisations engagées voient le jour en Indonésie. Les jeunes artistes sont des acteurs cruciaux du changement et des révolutions, comme cela a toujours été le cas au fil du temps.
Expositions
Arahmaiani expose internationalement dans des lieux emblématiques comme le Centre d’art contemporain de Melbourne, le Musée d’art d’Hokkaido Asahikawa, et le Musée des arts de Singapour. Elle a participé à des événements tels que Der Rest Der Welt (Allemagne), World Social Forum (Utrecht), et Global Feminisms (New York). Elle a également pris part à plusieurs biennales, dont la Biennale de Yogyakarta, la Triennale Asie-Pacifique de Brisbane, et la Biennale de La Havane. Ses performances ont eu lieu dans des pays tels que l'Australie, l'Allemagne, et les États-Unis. Sa première exposition solo, Fertility of the Mind, a eu lieu en 2014 à New York. En 2016, elle a présenté Shadow of the Past, et en 2017, Identity Crisis au Musée d’Art Herbert F. Johnson. Plus récemment, elle a participé à Art Turns. World Turns. au Musée MACAN de Jakarta en 2018, et en 2019, à Masa Lalu Belumlah Berlalu.
Son exposition The Wrath of Earth était proposée par la galerie ISA Art basée à Jakarta. La propriétaire Deborah Iskandar, entretient une passion intense pour l'art contemporain depuis plus de deux décennies. L'espace Galerie du Wisma 46 est dédié à des expositions d'artistes d'Asie du Sud-Est.
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