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Livre-Amok, mon père, un roman touchant sur la quête du père absent et de l’identité

Le premier roman de Gurvan Kristanadjaja, journaliste à Libération. Un livre plein de questionnements sur l’identité bi-culturelle, sur la figure du père, sur la bienveillance des femmes et l’amour fraternel.

Amok mon pèreAmok mon père
Écrit par Cécile Collineau
Publié le 19 juin 2024, mis à jour le 21 juin 2024


 

Brest, 1995. Gurvan est un petit garçon de 4 ans. Sa maman est française, son papa indonésien. Son père lui annonce un jour qu’il part en Indonésie et lui promet de revenir les retrouver, lui et son frère, trois mois plus tard pour les fêtes de noël. Mais l’attente s’éternise et ce père ne revient plus. Jamais. Aucune explication à cette désertion, hormis une carte postale de temps juste griffonnée “Hallo, comment ça va?”. A défaut de le connaître, Gurvan se construit au cours des années une image sublimée de ce père qui l’a abandonné. Quinze ans plus tard, celui-ci ressurgit à Paris dans une chambre d’hôtel aseptisée : pleins d’espérance, Gurvan et son frère ne le voient qu'à peine 24 heures ; ils reçoivent chacun une Rolex en or. En toc, évidemment.

 

Partis pour Jakarta chercher leur père, ils découvrent une famille étendue 

Jeunes adultes, les deux frères en ont assez de ne pas trouver réponse à leurs innombrables questions, à commencer par pourquoi ?. Eux qui n’ont jamais quitté leur Bretagne natale, ils s’envolent pour Jakarta pour confronter leur père et comprendre qui il est vraiment. De manière inattendue, ils rencontrent sur place une flopée innombrable d’oncles, tantes et cousins qui les accueillent à bras ouverts. Cherchant à éclaircir les raisons de l’abandon par leur père, ils découvrent d’autres mystères et zones d’ombres, que ce soit à Jakarta, Yogyakarta ou à Bali.

 

On peut aussi bien aimer le goût du durian que l’odeur des croissants chauds 

Ce voyage en Indonésie permet à Gurvan de s’approprier le côté asiatique de son identité, lui qui se sent “en plein syndrome de l'enfant SNF : sans nationalité fixe. Ces symptômes les métis les connaissent très bien : désorientation, troubles de l’identité, sentiment d’imposture (…) En France, on nous prend pour des étrangers”. Il avait espéré se sentir chez lui en Asie. “Mais non, pour les Indonésiens, j’étais aussi un métèque”.

Toutefois, à défaut de vraiment retrouver la figure du père qu’il avait fantasmée pendant tant d’années, ce voyage lui fournit le recul nécessaire pour comprendre qui il est. Les petits riens imperceptibles du quotidien enrichissent son identité et l’aident à s'ancrer. 
 

 

L'Indonésie-carte postale dont il rêve enfant laisse la place à la réalité     

Après les premiers émerveillements de l’arrivée en Indonésie, Gurvan s’aperçoit que tout n’est pas rose au pays des délicieuses kretek et des couchers de soleil chatoyants : la pression familiale indonésienne et la nécessité de se conformer aux règles du clan est parfois lourde et étouffante pour Gurvan. Les virées nocturnes sur les grands boulevards de la capitale dans la voiture du cousin rebelle l’aident à supporter ces valeurs du bien collectif et de l’honneur familial qu’il a parfois du mal à accepter en tant que Francais.

Et comme souvent en Indonésie, l’histoire avec un grand H n’est jamais très loin.  “J’ai compris à ce moment qu’il existe deux versions de l’histoire en Indonésie : celle que l’on nous raconte pour garder la face et une autre, plus proche de la réalité (…) C’était vrai pour notre petite histoire personnelle et familiale et ça l’était aussi pour celle du pays entier”.


 

Les personnages féminins prépondérants dans le livre 

Est-ce parce qu’il a grandi sans père ? Les femmes prennent une grande place dans ce roman, comme dans la vie de Gurvan : sa grand-mère maternelle, qui a économisé mois par mois pour que ses petits-fils puissent s’acheter leur billet d’avion, la maman qui a élevé seule ses deux fils sans un mot de reproche qui eût pu ternir l’image du père, les tantes indonésiennes pleines de sollicitude qui, en bonnes javanaises, ont cœur à toujours remplir leur assiette à ras-bord à défaut d’aborder les sujets qui fâchent, les maîtresses et épouses qui ont succédé à la mère de Gurvan, elles-aussi victimes du froid détachement de cet homme irresponsable. 

 


 

Amok, mon père de Gurvan Kristanadjaja

  • Version papier : 9782384820771, 18 euros
  • Version numérique : 9782384820788, 11.99 euros

 

 

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