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L’Asie dans les échanges mondiaux : l’ère des grandes mutations

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Marée de conteneurs sur les docks du port en eau profonde de Yangshan à Shanghai, le 11 janvier 2021. (Source : Japan Times)
Écrit par Asialyst
Publié le 19 septembre 2021, mis à jour le 19 septembre 2021

La crise financière de 2008 et la crise sanitaire de 2020 ont provoqué une transformation des rapports commerciaux entre l’Asie et le monde. Au cours de la dernière décennie, le modèle de développement par les exportations s’est essoufflé, les demandes intérieures ont pris le relais, mais la pandémie de Covid-19 a relancé la machine exportatrice asiatique. L’Asie réduit par ailleurs sa dépendance à l’égard des pays occidentaux en développant sa régionalisation, avec des profils nationaux qui restent marqués par d’importantes différences. Elle est la seule région du monde dont l’intégration se poursuit avec le soutien des gouvernements et des opinions publiques.

 

Le traditionnel modèle asiatique du développement par les exportations et l’avantage comparatif des coûts de main-d’œuvre n’a pas résisté à la crise financière de 2008. Mais la pandémie rebat une nouvelle fois les cartes, avec pour point d’ancrage stable la poursuite de l’intégration régionale.

LES LEÇONS DES DEUX CRISES

La crise financière de 2008 marque le début d’une mutation en profondeur des échanges mondiaux. Le commerce international – les importations ajoutées aux exportations – connaît une phase de croissance très rapide entre 1990 et 2008. Il passe de 38,5 % à 60,7 % du PIB mondial sur cette période, avant de connaître un recul brutal en 2009 avec la crise financière – il chute de 8 points de PIB cette année-là. Le retour au seuil des 60 % intervient en 2011, mais la dynamique antérieure est rompue. Un nouvel accès de faiblesse des échanges intervient en 2015 et le commerce international plafonne à 58 % du PIB mondial en 2019 avant la crise sanitaire. Celle-ci provoque un nouveau choc en 2020, brutal mais court. Ce qui ramène les échanges à 52 % du PIB mondial en 2020, avant une reprise vigoureuse en 2021. Cette dernière est beaucoup plus rapide que lors des chocs commerciaux précédents.

Nombre de trimestres pour une reprise des échanges mondiaux avec les chocs de 2009, 2015 et 2020. (Source : Global Trade update, mai 2021, CNUCED)
Nombre de trimestres pour une reprise des échanges mondiaux avec les chocs de 2009, 2015 et 2020. (Source : Global Trade update, mai 2021, CNUCED)

Au total, les échanges de biens se retrouveront fin 2021 à +3 %, soit un peu au-dessus du niveau atteint en 2019. Les échanges de services ont connu une évolution très différente de celle des biens. Leur progression en pourcentage du PIB mondial n’intervient qu’à partir de 2004, et se poursuit durant la décennie 2010 pour devenir la partie la plus dynamique des échanges mondiaux. Ils subissent en 2020 un choc particulièrement violent avec la crise sanitaire, qui les ramène dix-sept ans en arrière en proportion du PIB mondial. Si les transports maritime et ferroviaire ont pu s’adapter rapidement à la crise sanitaire et permettre une relance des échanges mondiaux, plusieurs grands secteurs des services comme le tourisme, les revenus des migrants, le transport aérien, certains services professionnels se sont effondrés et resteront dans le marasme tant que la crise sanitaire fait rage.

Dans ces tendances générales, la situation de l’Asie est contrastée. Elle résiste remarquablement au choc de la pandémie et se trouve à la pointe de la relance des échanges mondiaux en 2021. Mais elle est aussi la région du monde qui a été la plus touchée par les mutations de la mondialisation depuis 2008.

L’ASIE RÉSILIENTE FACE À LA CRISE SANITAIRE

À court terme, l’Asie a bien résisté au choc de la pandémie de Covid-19. Ses échanges en volume sont restés quasi stables en 2020 alors que les échanges mondiaux chutaient de 5,3 % et ceux de l’Europe de près de 8 %. Cette tendance se poursuit en 2021, l’Asie étant à la tête du rebond des échanges mondiaux, avec une progression en volume de 21 % au premier trimestre 2021. Elle est la seule région du monde qui connaît au premier trimestre 2021 un volume d’exportation nettement supérieur (+15 %) à celui du premier trimestre 2019.

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Article écrit par Hubert Testard:

Hubert Testard est un spécialiste de l'Asie et des enjeux économiques internationaux. Il a été conseiller économique et financier pendant 20 ans dans les ambassades de France au Japon, en Chine, en Corée et à Singapour pour l'Asean. Il a également participé à l'élaboration des politiques européennes et en particulier de la politique commerciale, qu'il s'agisse de l'OMC ou des négociations avec les pays d'Asie. Hubert Testard enseigne depuis quatre ans au collège des affaires internationales de Sciences Po sur l'analyse prospective de l'Asie. Il a publié un livre intitulé "Pandémie, le basculement du monde", paru en mars 2021 aux édition de l’Aube.