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ELECTION DU GOUVERNEUR – Epilogue d’une campagne tumultueuse

Écrit par Lepetitjournal Jakarta
Publié le 11 avril 2017, mis à jour le 11 avril 2017

Le 19 avril, deux mois après le premier tour, près de 7 millions d'électeurs sont appelés à désigner le futur gouverneur de la capitale indonésienne. Après une campagne marquée par les tensions ethniques et religieuses, Basuki Tjahaja Purnama dit Ahok, le gouverneur sortant, est au coude à coude avec l'ancien ministre Anies Baswedan. 

Ça ne devait pas faire un pli. Fort d'une très large popularité dans la capitale indonésienne, l'homme aux chemises à carreaux était présenté avant la campagne comme archi-favori à sa propre succession. Sur le papier, celui que tous surnomment Ahok avait ainsi toutes les chances de conserver le poste de gouverneur de Jakarta, dont il avait hérité en 2014 de son allié politique Joko Widodo, entre-temps devenu président du pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde.

« La plupart des gens s'accordent à dire qu'Ahok a plutôt fait du bon travail à la tête de Jakarta, même ses adversaires le reconnaissent. Mais comme il est également chrétien, les attaques politiques se sont focalisées sur la religion », résume Yohanes Suleiman de l'université Yani de Bandung.

Portées par les islamistes radicaux, les offensives à caractère religieux ont culminé dans les accusations de blasphème à l'encontre du gouverneur sortant d'origine chinoise, occasionnant des manifestations géantes fin 2016 au c?ur de la capitale, puis l'ouverture en décembre d'un procès toujours en cours.

Ce climat de confusion autour de l'ex-favori a notamment permis à son principal adversaire, Anies Baswedan, ancien ministre de l'éducation de refaire son retard dans les sondages, jusqu'à talonner Ahok lors du premier tour, avec 40% des suffrages.

Mais malgré le « brouhaha » autour du scrutin, Tobias Basuki du centre des Études internationales et stratégiques (CSIS), n'a pas le sentiment que l'élection d'Anies le musulman ou d'Ahok le chrétien change foncièrement les politiques en cours à Jakarta.

 « Il y a des variations mais pas de différences fondamentales entre les programmes des deux candidats. Tous deux ont des propositions sur l'éducation, la santé, le logement? Ce qui les distingue c'est qu'Ahok, lui, a déjà commencé à les mettre en ?uvre avec un certain succès. »

Reste que si cette élection locale a été si âprement disputée, c'est aussi qu'elle comporte une forte dimension nationale, tant l'exposition médiatique du gouverneur de la mégalopole de plus de 10 millions d'habitants est importante. De quoi attiser la convoitise de ceux qui lorgnent vers le palais présidentiel Merdeka et voient en Jakarta un tremplin pour y accéder.

Joël Bronner (www.lepetitjournal.com/jakarta) mercredi 12 avril 2017

 

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Publié le 11 avril 2017, mis à jour le 11 avril 2017