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Budget restreint de l’AEFE, quels impacts ?

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Lycée Français de Jakarta© Véronique.O
Écrit par Magnolia Blate
Publié le 17 décembre 2017, mis à jour le 18 décembre 2017

Les sages du palais du Luxembourg semblent bien conscients des inquiétudes et difficultés générées par les mesures de restriction budgétaire touchant l’AEFE. Début décembre, le Sénat a examiné les crédits de l’action extérieure de l’état et a adopté à la quasi-unanimité un amendement afin d’augmenter de 30 millions d’euros la dotation de l’AEFE pour 2018.

Le Lycée Français de Jakarta comme près de 500 établissements à travers le monde fait partie du réseau scolaire de l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger), opérateur public sous tutelle du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères. Dans le cadre de l’effort budgétaire national mis en œuvre par le gouvernement d’Edouard Philippe, l’AEFE se trouve directement touchée par une coupe de 33 millions d’euros pour l’année en cours. Quels sont les impacts immédiats à prévoir ? L’avenir de l’AEFE, à plus long terme, est-il compromis ?

Quelques chiffres pour éclairer le débat

Suite au décret paru au Journal Officiel du 21 juillet dernier, les lycées français de l’étranger s’alarment d’une baisse de 10% de leur dotation allouée par l’AEFE pour 2017. De même, la participation sur les droits de scolarité reversés par les établissements à cette dernière devrait augmenter de manière significative de 6 à 9% en 2018, puis revenir à 7,5% en 2019 avant de reprendre son taux actuel de 6% à l’horizon 2020. Ces restrictions doivent également engendrer des suppressions de postes. D’ici 3 ans, 500 postes de titulaires (expatriés et résidents) pourraient être concernés. Pour ce qui est de la contribution des familles, l’écolage devrait augmenter de 3% pour compenser une partie de cette diminution budgétaire.

Ces mesures mettent-elle en danger les établissements  français à l’étranger ?

Marc Piton, ‎Conseiller de coopération et d'action culturelle à l'Ambassade de France en Indonésie, convient que ces mesures vont avoir un impact réel et conséquent pour les Lycées Français, mais  souligne néanmoins l’aspect temporaire de l’effort demandé. Selon lui, l’Etat français reste pleinement engagé dans le rayonnement de la France à l’étranger et l’accompagnement éducatif des français expatriés au travers des missions incontournables de l’AEFE.

Le Lycée français de Jakarta semble par ailleurs moins impacté que d’autres établissements par cette restriction budgétaire. Ceci étant dû d’une part à sa bonne santé financière et une relative stabilisation de son effectif accordé par l’AEFE consciente de la difficulté à faire venir des titulaires à Jakarta. Jean-Pascal Gerber, Proviseur de l’établissement considère la situation comme « un ajustement momentané » qui n’entame en rien le désir du lycée de rester sous l’égide de l’AEFE. Pour lui comme pour Mikaël Hicette, Directeur de l’Ecole primaire, l’AEFE garantit « une homogénéité indispensable du cadre pédagogique à travers le monde », en respectant une qualité d’enseignement et des pratiques pédagogiques édictées et contrôlées par le Ministère de l’éducation nationale. Sans cette affiliation, les établissements n’auraient aucune obligation de se référer aux programmes scolaires français.

Mikaël Hicette met également en valeur « le rôle diplomatique des établissements qui assurent aussi la promotion de la France à travers le monde et la transmission des valeur de notre pays ».

Il convient enfin de préciser que l’AEFE participe pour tout ou partie à la rémunération des professeurs expatriés et résidents,  qu’elle prend en charge le financement des bourses scolaires, octroie des dotations pour la sécurisation des écoles et assure la formation continue du corps enseignant mais aussi du personnel d'éducation et d'administration. En s’excluant de l’AEFE certains établissements pourraient avoir du mal à supporter une telle charge financière, voire envisager de ne plus assurer cette formation professionnelle indispensable.

Les enseignants du LFJ, au travers de l’un de ses représentants syndicaux, Serge Mainguy, évoquent ainsi une certaine inquiétude quant à « l’éventuelle détérioration des conditions d’exercice des professeurs, mais aussi de la potentielle dégradation de leur rémunération et de leurs conditions de vie ». L’attractivité du Lycée serait alors remise en cause.

Certes, le Sénat s’est saisi du problème mais tout n’est pas réglé : l’amendement devra également être approuvé par l’Assemblée Nationale pour être effectif et compenser ainsi -en partie- la restriction budgétaire à laquelle vont devoir faire face l’ensemble des Lycées Français de l’étranger.