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Les Turcs parlent-ils anglais à Istanbul ?

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Publié le 7 août 2022, mis à jour le 8 août 2022

Istanbul a accueilli 9 025 004 de touristes en 2021. Les visiteurs se demandent naturellement s’il est facile de communiquer en anglais avec les locaux. Certains considèrent qu’il y a des lacunes dans le système scolaire turc, car si la plupart des Turcs comprennent l’anglais, ils ont beaucoup plus de mal à le parler.

 

"Ils doivent pratiquer davantage" leur anglais, considère Simay I., professeure d’anglais dans une école primaire privée à Istanbul. Avec plus de 10 millions de touristes par an avant la crise du Covid-19, Istanbul est la ville la plus touristique de Turquie. Du fait de sa situation géographique, les voyageurs s’interrogent sur la pratique de l’anglais dans la ville. De fait, dès l’arrivée dans le pays, et notamment à Istanbul, les touristes se trouvent confrontés à des locaux qui ne parlent pas forcément anglais. Ilaria, touriste italienne, en a fait l’expérience : "Lorsque je suis arrivée à l’aéroport d’Istanbul, personne n’a su me guider en anglais." Une difficulté qu’elle constate également dans la métropole. "Je dois tout le temps utiliser le traducteur pour communiquer." Cela ne concerne cependant pas la totalité des Stambouliotes. Furkan T., professeur d’anglais à l’Université de Marmara, rappelle que dans certains endroits de la ville, très commerçants, "comme à Taksim, au grand bazar, au bazar égyptien, à Sultanahmet etc.", les Turcs parlent un anglais qui suffit "pour marchander et vendre leurs produits, même s’ils font des erreurs !"

Cela surprend d’ailleurs Simay, qui admet qu’il est "étrange d’aller dans des endroits très touristiques de la ville, et de voir des jeunes qui ne sont pas forcément allés à l’école mieux parler anglais que des étudiants turcs."

 

La qualité du système scolaire turc en question

Pour Furkan T. "il y a un problème dans le système éducatif, qui ne permet pas aux jeunes de pratiquer l’anglais." Simay est, elle aussi, du même avis. Elle ajoute : "Les élèves mémorisent simplement des mots ou des phrases, surtout dans les écoles publiques." Si elle est plutôt confrontée à des élèves de primaire issus de familles aisées "qui pratiquent l’anglais depuis leur plus jeune âge", dans les écoles publiques, ce n’est pas la même situation. Elle raconte même avoir déjà vu des professeurs d’anglais parler turc aux étudiants pendant les cours. Furkan T. s’amuse d’ailleurs de ne pas être "parfait" en anglais et d’être lui aussi "stressé de faire des erreurs", comme beaucoup d’enseignants d’anglais. Lors de l’entretien, un élève (bilingue) assis à côté de lui le coupe : "Tu viens de faire cinq fautes." Gêné, le professeur reprend, avouant que "les Turcs comprennent l’anglais pour la plupart, mais ils ont trop peur de faire des erreurs, de ne pas bien s’exprimer et préfèrent ainsi dire qu’ils ne parlent pas la langue." En effet, le système scolaire apprend aux jeunes "la grammaire, à répondre à des questions à l’écrit", mais ne leur apprend pas l’oral. Lorsqu’ils sortent de l’école, pratiquer "leur fait donc peur", d’après l’universitaire. Pour Simay I., "ils ont besoin d’utiliser l’anglais, de voyager pour pratiquer".  "Évidemment, il y a aussi des difficultés économiques qui empêchent les Turcs d’apprendre", reconnaît Simay. Pour elle, si ses concitoyens avaient plus de moyens, ils pourraient payer des cours particuliers à leurs enfants, pour combler les lacunes de l’école publique. Une situation qui rend aussi difficile le développement professionnel de certains étudiants, car "s’ils sont dans une entreprise qui travaille avec des étrangers, ils ne peuvent pas forcément parler avec eux", se désole-t-elle.

Pour autant, Furkan T. tient à rassurer sur l’hospitalité des Turcs : "Cela ne les empêche pas d’aider les touristes à trouver un lieu, de les y emmener, de leur proposer un thé ou quelque chose à manger..."

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